ÉTUDES - Début juin, une étude, publiée dans The Lancet et discréditant l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, avait suscité la polémique, après que trois des quatre auteurs se soient rétractés à la suite de données non vérifiées. Pour éviter un nouveau fiasco, la revue médicale a annoncé un renforcement de son processus de relecture.
Des mesures renforcées pour éviter un nouveau scandale. Même si aucun traitement contre le coronavirus n’a encore fait ses preuves depuis le début de la pandémie, l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour combattre les formes sévères du virus a longtemps suscité l’espoir. Jusqu’au jour où The Lancet, revue médicale majeure dans le monde scientifique, a publié dans ses pages une étude remettant en cause l’efficacité de ce médicament. Pire, elle montrait même une dangerosité accrue. L’Organisation mondiale de la santé avait alors immédiatement interrompu tous les essais autour de ce traitement.
Mais rebondissement quelques jours plus tard, trois des quatre auteurs se sont rétractés, ne pouvant plus se "porter garant" de la véracité de l’étude. En cause, les données, fondées sur près de 100.000 patients hospitalisés à travers le monde. "Manifestement, certaines de ces données sont fausses, puisque, par exemple, les chiffres australiens ne correspondent absolument pas aux données des hôpitaux du pays", indiquait alors à LCI Hervé Chneiweiss, président du comité d’éthique de l’Inserm.
"Au moins un des relecteurs" devra désormais "connaître les détails des données"
Pour éviter un nouveau fiasco, The Lancet a annoncé le renforcement de son processus de validation des études. Avant publication, tous les travaux sont en effet relus par "des experts du domaine", "toujours indépendants" et souvent "anonymes" afin de "protéger la qualité de l’expertise", nous confiait Hervé Chneiwess. Cet événement "nous a poussé à examiner (nos) processus de relecture pour réduire encore les risques de mauvais comportements en matière de recherche et de publications", explique la revue britannique, dans un texte mis en ligne jeudi soir.
Pour les travaux utilisant de grosses bases de données, "au moins un des relecteurs (devra) connaître les détails de ces données" et être en mesure "de comprendre et commenter leur intérêt et leurs limites par rapport au sujet" de l'étude, indique The Lancet. Pour les bases de données les plus vastes, la revue aura désormais recours en plus à un "expert en ‘data science’". Pour toutes les études, The Lancet va aussi demander plus d'engagements écrits aux auteurs et que la totalité des auteurs d'une même étude engagent leur responsabilité. Par exemple, "plus d'un auteur" devra avoir eu "directement" accès aux données brutes de l'étude et les avoir "vérifiées".
"Particulièrement compliqué" de trouver des relecteurs
En outre, au moins l'un de ceux qui ont vérifié l'intégrité des données devra être un chercheur, sans lien avec l'entité commerciale (une entreprise par exemple) qui les aurait fournies le cas échéant. Un document devra préciser quelles données seront publiées, quand et comment elles le seront. Dans un autre texte rendu public vendredi, The Lancet souligne qu'avec la pandémie, il est devenu "particulièrement compliqué" de trouver des relecteurs et que "dans certains cas, nous avons reçu cinq fois plus de manuscrits qu'en temps normal".
À ce jour, l'efficacité de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 n'a pas été démontrée scientifiquement. Ce qui n’empêche pas le Pr Didier Raoult, fervent défenseur de ce traitement, de continuer à se féliciter de son utilisation, assurant même devant la commission d’enquête du Sénat que "les publications sur son usage montrent une diminution de la mortalité de 30 à 50%" et que les études en ce sens "sont en train de s’accumuler".
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info