ÉDUCATION - Face à la poussée des variants, le nombre de classes et d'écoles fermées ne cesse d'augmenter. Alors que le débat se cristallise autour de la réponse à apporter pour stopper cette fuite vers l'avant du virus, les sociétés de pédiatrie alertent sur les conséquences néfastes d'une telle mesure sur les enfants.
Faut-il, comme en mars 2020, fermer les écoles ? C'est le grand débat qui anime la France depusi quelques jours. Confronté à une circulation exponentielle du virus en milieu scolaire (plus de 21.000 élèves contaminés en sept jours), certaines voix s'élèvent chez les professionnels de santé pour dénoncer une situation "hors de contrôle". "Il faut fermer les écoles au plus vite", a indiqué le Pr. Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière, lundi 28 mars sur LCI. "Il n'y a pas d'autres solutions si nous voulons casser les chaînes de transmission." Le lendemain, toujours sur notre antenne, la professeure émérite de virologie Christine Rouzioux a estimé que "continuer à exposer les enfants, au niveau où on est actuellement, c'est de la folie."
Face à ces prises de position tranchées, les sociétés françaises de pédiatrie, souvent citées par le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer pour justifier le fait de garder les écoles ouvertes, ont rendu leur avis. "Fermer les écoles, c'est la dernière mesure à prendre, quand toutes les autres ont échoué", affirment-elles dans un communiqué, daté du mardi 29 mars.
"Les enfants restent moins infectés que les adultes"
"À un moment où la circulation du virus s'accentue dans la population générale, l'augmentation observée également chez les enfants n'en est que le reflet et non la cause. En proportion, les enfants restent moins infectés que les adultes, même avec les variants", argumentent la Société française de pédiatrie (SFP), la Société française de pédiatrie médico-légale (SFPML), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP). Les jeunes sont ainsi moins à même d'être infectés. "Si des transmissions intra-scolaires sont possibles, elles ne constituent qu'une infime minorité des contaminations, et ne sont donc pas le levier principal pour bloquer la chaine de transmission", peut-on lire.
S'appuyant sur l'expérience du premier confinement, en mars 2020, les pédiatres listent les effets néfastes d'une mise sous cloche du milieu scolaire. "C'est accepter que des enfants subissent à nouveau des violences intrafamiliales, c'est creuser les inégalités sociales, c'est aggraver la détresse et la santé mentale d'une population déjà très affectée par cette crise sanitaire", assurent-ils, n'oubliant pas d'évoquer "la charge mentale" des parents "qui sont aussi les acteurs clefs de cette crise sanitaire". D'autant que, sur un plan strictement sanitaire, "fermer les écoles expose aussi à un risque de contamination accrue intra-familiale des adultes non confinés vers les enfants et aussi entre adolescents non scolarisés et non confinés".
Tester plus à l'école, vacciner massivement les profs
Les sociétés françaises de pédiatries jugent qu'une fermeture des écoles "ne peut s'envisager que si les mesures plus efficaces sont déjà en place : isolement strict et test en cas de symptômes, confinement vrai, télétravail systématique, fermeture des commerces non alimentaires...". Pour casser la courbe épidémique, et ainsi éviter d'en arriver au point de non-retour, que représenterait la mise au ralenti du système éducatif, elles mettent sur la table une dizaine de propositions.
Les professionnels de l'enfance préconisent la généralisation à l'école des tests salivaires, afin de pouvoir "tracer et isoler les enfants positifs". En réponse au corps éducatif, qui évolue tel un funambule sur la corde raide, avec la peur constante d'être contaminé, ils appellent à "vacciner massivement tous les enseignants et professionnels de l'enfance". Pour mieux prendre la mesure de l'enjeu, ils proposent aussi d'"élargir les indicateurs quotidiens de la pandémie à ceux portant sur la santé des enfants", comme "les tentatives de suicide avant 18 ans" et "les admissions en urgences pour détresse psychologique".
Conscients que leur voix est une parmi tant d'autres, les pédiatres livrent leur analyse sur une anticipation des vacances scolaires, proposition notamment émise par la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse et qui semble faire son chemin au sommet de l'État. "Si des fermetures sont décidées dans les régions à forte circulation virale", avancer les vacances de Pâques "pourrait être acceptable si les autres mesures majeures y sont assorties (réel confinement du reste de la population)."
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