PROJECTION - Si les données relatives à l'évolution de l'épidémie peuvent sembler encourageantes à court terme, une bascule pourrait s'opérer en France d'ici un mois. Redoutée à plusieurs titres depuis début janvier, l'échéance se confirme à la lumière d'au moins deux facteurs.
Le mois de mars est susceptible de raviver de mauvais souvenirs chez certains alors qu'un an plus tôt le pays entier se confinait à l'instar de près de la moitié de la population mondiale. Et à en croire les projections des plus avisés, le cru 2021 pourrait enfoncer le clou un peu plus loin. Tout du moins pour ce qui concerne la France. Si les derniers chiffres de la situation épidémique peuvent sembler encourageants à court terme, malgré le choix qui divise de ne pas mettre le pays sous cloche, au moins deux paramètres font redouter une bascule dans les prochaines semaines.
D'aucuns la jugent même "inéluctable" comme le Pr Bruno Lina ou l'urgentiste Enrique Casalino qui, interrogé ce jeudi par Le Parisien, évoque de son côté un "phénomène impossible à arrêter". Une analyse partagée par le professeur Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, qui, invité de LCI ce mardi, a de nouveau prédit des mois de mars et avril "difficiles".
Vers une prise de pouvoir d'un ou plusieurs variants ?
Derrière cette échéance ? La prise de pouvoir anticipée du variant anglais, 30% plus létal, selon Arnaud Fontanet. Au moins 50% plus transmissible que le virus de 2020, ce dernier progresse en France de "50% par semaine", rappelle le professeur à l'Institut Pasteur et au Cnam, qui souligne que début janvier, il était responsable de 3,3% des nouvelles contaminations dans l'Hexagone, et de 14% à la fin du mois, selon des enquêtes flash. Désormais, il serait à l'origine de 20 à 25% des infections au coronavirus dans l'Hexagone. Des chiffres qui laissent entrevoir un scénario semblable à celui observé en Angleterre et en Irlande début janvier, ou encore au Portugal, qui sont les trois pays les plus touchés par cette nouvelle souche. Pour l'heure, l'épidémie s’accélère de manière "préoccupante" notamment à Dunkerque et Gravelines (Nord) où le variant anglais est justement très présent, ont alerté mercredi les autorités sanitaires qui lancent la semaine prochaine "une campagne exceptionnelle de dépistage" dans le secteur.
Le taux de contamination par cette variante "devrait arriver vers 30-35% à la mi-février et le variant anglais pourrait devenir majoritaire début mars", a encore estimé l'épidémiologiste mardi, confortant son analyse de la mi-janvier et les premières modélisations. "Le variant anglais est en train de progresser malgré des mesures fortes", ajoute-t-il, précisant que son expansion suit "un modèle de croissance exponentielle" et que les restrictions "n’ont pour l’instant pas permis d’enrayer sa progression". Selon lui, mars et avril correspondent au "moment où il faudra faire la soudure entre un variant qui progresse et le fait que la population fragile ne sera pas encore tout à fait vaccinée".
Invité mercredi de France Inter, le virologue et membre du Conseil scientifique Bruno Lina a estimé que le variant britannique deviendra "inexorablement majoritaire", selon lui "quelque part entre le 1er et le 15 mars". A cette évolution attendue, s'ajoute la présence de deux autres variants, brésilien et sud-africain, qui eux aussi gagnent du terrain en France, pointe le responsable des enquêtes de surveillance. Malgré "des niveaux de pénétration beaucoup moins importants que le variant britannique" puisqu'ils représentent actuellement "2 ou 3% des personnes testées positives", ils cristallisent tout de même les inquiétudes.
Pourquoi ? Car ils "peuvent occasionner des réinfections chez des personnes ayant déjà contracté le coronavirus, le virus muté arrivant parfois à contourner l’immunité", a expliqué ce jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran. Ils sont en outre moins sensibles à certains vaccins, rappelle l'élu, et plus contagieux que le Covid-19 classique, jugeant leur diffusion toutefois "pas encore inéluctable". Ces derniers jours, ces deux souches ont notamment été détectées dans plusieurs établissements scolaires, à Eaubonne (Val d’Oise), Colmar, Mulhouse (Haut-Rhin) ou aux Sables-d’Olonne (Vendée), entraînant des fermetures de classes temporaires. Mais c'est la Moselle qui est au cœur des préoccupations. "Ces derniers jours nous avons identifié près de 300 cas assimilés aux variants brésilien et sud-africain. L’incidence générale est également plus élevée dans ce département que sur le reste du territoire", a noté jeudi le ministre qui n'écarte pas d'éventuelles restrictions supplémentaires.
"Pas beaucoup de marge de manœuvre" dans les hôpitaux
Mais la progression des variants inquiète d'autant plus qu'elle s'inscrit dans un contexte de forte pression dans les hôpitaux.
Interrogé sur la décision du président Emmanuel Macron de ne pas confiner les Français, Arnaud Fontanet estime qu'un confinement, "s'il avait été accepté par la population, aurait permis de soulager les hôpitaux et de reprendre le contrôle de l'épidémie". En France, "ce qui est vraiment embêtant, c'est qu'on part avec un niveau d'occupation des lits qui est très élevé, en cette fin de deuxième vague", alertait-il dès janvier. "Et du coup on n'aurait pas beaucoup de marges de manœuvre si l'épidémie redémarrait".
Redoutant lui aussi une nouvelle montée épidémique "fatale" en mars, le président de Samu-urgences de France, le Dr François Braun, se montre aussi inquiet. "On ne va pas être en capacité d'absorber de la même façon cette troisième vague que la première et a fortiori la deuxième", a-t-il déjà alerté sur LCI. "Diverses mesures ont été prises mais cette vague n'est que peu descendue. Et la troisième, qui est annoncée pour mars, risque de nous noyer", a souligné le médecin, rappelant que contrairement au printemps, les hôpitaux ne sont pas en mode "anti-Covid" et que "les personnels soignants sont à bout de force". Interrogé ce jeudi par Le Parisien, l'urgentiste Enrique Casalino résume : "Si l'épidémie se met à flamber, avec 3300 lits de réa déjà occupés, en sept à dix jours, on est morts."
Pour rappel, dans ses projections communiquées en janvier, l'Inserm prévoyait qu'en l'absence de mesures, "les nouvelles hospitalisations hebdomadaires devraient atteindre le niveau du pic de la première vague (environ 25.000 hospitalisations) entre mi-février et début avril".
Si le mois de mars s'apparente de plus en plus au mois de tous les dangers, quelques paramètres laissent toutefois place à l'optimisme. "La logique permet de croire à un effet positif des vacances même s'il faudra sûrement mettre en place des mesures un peu plus fortes. Le retour des beaux jours pourrait aussi avoir un impact positif", explique Arnaud Fontanet. En attendant d'être confrontés au verdict, des pays voisins s'en remettent à cette même échéance. Mais en des termes plus optimistes qu'en France, puisque dans le cas du Portugal ou de l'Allemagne, mars devrait rimer avec déconfinement.
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