Covid-19 : quelle proportion de Français devrait se faire vacciner pour atteindre l'immunité collective ?

C.A.
Publié le 25 novembre 2020 à 22h37

Source : TF1 Info

PROTECTION - Les premiers vaccins sont attendus dès la fin de l'année ou début 2021. Or beaucoup de Français sont réticents à cette vaccination qui - de surcroît - ne sera pas obligatoire. Cette méfiance risque-t-elle de compromettre l'immunité collective ?

Le bout du tunnel est proche. Lors de son allocution télévisée mardi soir, Emmanuel Macron a annoncé que la vaccination pourrait débuter "fin décembre, début janvier" sous réserve des résultats des essais cliniques et de la validation des autorités compétentes. Une perspective que le président de la République a qualifiée de "formidable lueur d'espoir", mais qui n'inspire pour autant pas tous les Français. Selon un sondage BVA exclusif pour Europe 1, 60% se disent partants pour se faire vacciner contre le Covid-19, mais seulement 20% envisagent en revanche de le faire dès que possible. Pour atteindre l'immunité collective et espérer, enfin, un retour à la normale d'ici peu, quelle proportion de Français faudrait-il vacciner ?

Une immunité collective atteinte avec 75% de la couverture vaccinale et un vaccin efficace à 80%

En juillet dernier, une étude parue dans l'American Journal of Preventive Medicine montrait que pour atteindre l'immunité collective, l'efficacité du vaccin devrait être d'au moins 60%, dans le cas où 100% de la population se faisait vacciner. Dans le cas où la couverture vaccinale descendait à 75%, lorsque la vaccination n'est pas obligatoire par exemple, l'efficacité du vaccin devrait alors atteindre 80%. Mais même un taux d'efficacité compris entre 40 à 60% pourrait déjà changer la donne en permettant de contrôler la pandémie. Ainsi, les chercheurs ont calculé qu'un vaccin efficace à 40% permettrait d'éviter 89,5 milliers de jours d'hospitalisation et 2,8 millions de personnes mises sous ventilation artificielle. Annonçant des taux d'efficacité supérieurs à 90%, les candidats vaccins sont donc supposés éteindre l'épidémie. Mais un autre critère soulève des incertitudes.

Un vaccin stérilisant ou pas ? La grande incertitude

Dans un rapport sur la stratégie de vaccination rendu début juillet, le Conseil scientifique estimait de son côté, s'appuyant sur les travaux de chercheurs suédois et britanniques, qu'une "immunité de groupe pourrait être obtenue par la protection de 43-49 % de la population". Cela à la seule condition que le vaccin soit stérilisant, c'est-à-dire qu'il empêche la transmission du virus par les personnes vaccinées. Or mardi, le médecin en chef de Moderna, Tal Zaks, a déclaré sur HBO que les résultats ne montraient pour le moment pas que le vaccin empêche la transmission du virus. "Lorsque nous commencerons à déployer ce vaccin, nous n'aurons pas suffisamment de données concrètes pour prouver qu'il réduit la transmission", a-t-il dit. Les laboratoires Pfizer n'ont pour l'heure pas communiqué à ce sujet.

Pour la grippe, 50% des Français devraient être vaccinés pour atteindre l'immunité collective

Sur son site l'Institut Pasteur explique que l'immunité collective dépend avant tout du R0, c'est-à-dire "du nombre moyen d’individus immunologiquement naïfs qu’un sujet va infecter après contact". Plus ce taux de reproduction de base est élevé, plus le pourcentage de sujets immunisés doit être élevé, indique-t-il. Ainsi, alors que le R0 du Covid-19 est désormais inférieur à 1 dans toutes les régions, il suffirait, selon le calcul indiqué, qu'un peu moins d'une personne sur 10 soit immunisée pour atteindre une immunité collective. En Auvergne-Rhône-Alpes, où le R0 était de 0,64 la semaine passée, la vaccination de 0,3% des habitants suffirait donc. Pour la grippe, le R0 est de 2, ce qui signifie que 50% des personnes doivent être vaccinées.


C.A.

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