Vaccination : quelles sont les recommandations pour les femmes enceintes ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 29 juillet 2021 à 17h38
Vaccination : quelles sont les recommandations pour les femmes enceintes ?
Source : Istock

GROSSESSE - Au fil des campagnes de vaccination contre le Covid-19, les connaissances sur les effets secondaires potentiels du vaccin se sont affinées. Et avec elles les recommandations officielles, notamment pour les femmes enceintes. Le point sur les dernières évolutions.

L'image est censée parler d'elle-même. Pour inciter les femmes enceintes à se faire vacciner, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a administré, mardi 27 juillet, devant les caméras, une seconde dose de vaccin contre le Covid-19 à la membre du gouvernement Olivia Grégoire, enceinte de 5 mois. Si la vaccination des femmes enceintes demeurait encore floue il y a peu, les recommandations ont récemment évolué. Voici ce qu'il faut savoir.

Depuis le 3 avril 2021, les femmes enceintes sont prioritaires pour se faire administrer les vaccins à ARNm Pfizer ou Moderna, à partir du deuxième trimestre de grossesse. "L’administration des vaccins contre la Covid-19 chez la femme enceinte n’est pas contre-indiquée ; elle doit être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus", écrit la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un avis datant du 1er avril.

En cas de pathologie, les femmes enceintes sont d'autant plus prioritaires pour la vaccination. Ainsi, celles "qui présentent des comorbidités (surpoids, hypertension, diabète, …) semblent présenter un risque accru de développer une forme sévère de la Covid-19, notamment au cours du 3e trimestre de la grossesse", écrit de son côté l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Une grossesse passé 35 ans ou un contact potentiel avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle doivent également représenter une motivation supplémentaire à se faire vacciner.

La vaccination au premier trimestre, officiellement permise depuis le 20 juillet

Les recommandations de vaccination dès le premier trimestre, elles, ont tardé à émerger. Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 20 juillet, Olivier Véran a finalement assuré qu’en dehors de trois situations rares "qui concernent potentiellement quelques centaines de Français", il n’y a "aucune contre-indication au vaccin ARN messager", "y compris la grossesse au premier trimestre". Les femmes enceintes "peuvent se vacciner dès le premier trimestre" et sont ainsi "protégées contre des accidents liés au Covid-19 et ça protège leur bébé", a confirmé, ce mardi sur France Inter, le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer.

Pourquoi, alors, avoir tant attendu pour préconiser la vaccination dès les trois premiers mois de grossesse ? "Jusqu'à présent nous n'avions pas communiqué sur une vaccination lors du premier trimestre par manque de recul scientifique et pour éviter l'amalgame entre fausse couche spontanée et vaccination, ce qui aurait freiné la campagne vaccinale", assure à franceinfo la professeure Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), détaille la gynécologue.

À ce jour, les données ne mettent pas en évidence de risque pour la femme enceinte et le futur enfant.
ANSM

En quoi le recul scientifique est-il aujourd'hui suffisant ? En France, l'ANSM se base notamment sur une étude parue dans The New England Journal of Medicine et réalisée aux États-Unis, où la vaccination des femmes enceintes a été rendue possible dès l'ouverture de la campagne de vaccination, en décembre 2020. Les auteurs se sont appuyés sur les données de santé de plus de 35.000 femmes enceintes ayant reçu une première injection d’un vaccin à ARNm (53,9 % de Pfizer/BioNtech et 46,1 % de Moderna). "La fréquence des effets indésirables locaux et systémiques chez les futures mères est similaire à ce qui est observé dans la population générale", indique l'agence, qui conclut : "À ce jour, les données ne mettent pas en évidence de risque pour la femme enceinte et le futur enfant".

De son côté, le centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) rappelle, dans un article mis à jour le 22 juillet, que dans cette même étude, sur le suivi en cours de 4000 femmes enceintes vaccinées, 25% l'ont été lors de leur premier trimestre et qu'actuellement leurs grossesses sont toujours en cours.

Concernant les femmes allaitantes, "l’absence d’effet attendu chez le nourrisson et l’enfant" à la suite d'un vaccin à ARNm a conduit la HAS à conclure à une vaccination possible.


Charlotte ANGLADE

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