Nouveaux variants, vaccins... Ont-ils changé le visage de l'épidémie depuis un an et demi ?

Publié le 14 juillet 2021 à 18h55
Le profil des patients touchés évolue au fil des mois.
Le profil des patients touchés évolue au fil des mois. - Source : PHILIPPE LOPEZ / AFP

ANALYSE - L'épidémie telle que nous la connaissons aujourd'hui n'est plus la même qu'au printemps dernier. Des évolutions qui s'observent à travers une série d'indicateurs.

La quatrième vague redoutée par les autorités de santé sera-t-elle aussi virulente ? Les personnes âgées sont-elles mieux armées grâce à la vaccination ? Difficile de répondre à l'heure qu'il est à ces questions, mais une chose est certaine : l'épidémie de juillet 2021 n'a plus grand-chose en commun avec celle qui a touché le monde au printemps 2020. Nouveaux variants, meilleure prise en charge à l'hôpital, arrivée de plusieurs vaccins... Autant d'éléments à prendre en compte pour les épidémiologistes, et que l'on peut tenter d'observer à travers une série d'indicateurs.

Un rajeunissement des cas graves

Souvent présentée comme un virus affectant plus fortement les personnes âgées, le Covid-19 a globalement épargné les moins de 50 ans lors des premières vagues. Peu nombreux parmi les patients décédés, ils présentaient des risques assez réduits lorsqu'ils ne souffraient pas de comorbidités. Avec l'arrivée de nouveaux variants très contagieux, une évolution des symptômes a parfois été constatée. Se traduit-elle également par un changement de profil des personnes atteintes de cas graves ?

Pour le savoir, il faut se pencher sur les données de Santé publique France, qui met à disposition des chiffres relatifs au profil des patients pris en charge en soins intensifs. Lorsque l'on effectue une répartition par classe d'âge, on observe les évolutions suivantes à travers le temps, mise en lumière dans le graphique ci-dessous (cliquez ici s'il ne s'affiche pas).

Un premier constat s'impose : alors qu'en octobre 2020, une personne en soins intensifs sur deux avait plus de 70 ans, on n'en compte désormais environ 30%. Une baisse majeure symbolisée par les plus de 80 ans, dont la part a été divisée par trois. Forcément, il s'agit de vases communicants, ce qui signifie que d'autres classes d'âge sont désormais plus représentées. Quand la part des 60-69 est restée assez stable depuis le début de l'épidémie, ce sont les moins de 60 ans qui deviennent aujourd'hui plus nombreux. Leur part a progressé, passant d'environ 25% à son niveau le plus bas, à environ 40% aujourd'hui. Notons que 8% des patients en soin intensifs ont aujourd'hui moins de 40 ans.

Autre indicateur intéressant, celui du sexe des personnes hospitalisées. A-t-on plus de risque si l'on est un homme de développer une forme grave ? Là encore, ce sont les données de Santé Publique France qui nous fournissent des éléments de réponse (cliquez ici si le graphique ne s'affiche pas).

Durant la première vague, on observe que les hommes étaient assez nettement majoritaires, un écart qui s'est réduit lorsque le nombre de cas a diminué. Les disparités ont été observées également à l'automne avec la seconde vague, avant que les courbe ne s'inversent pour la première fois en début d'année 2020. Peut-être peut-on y voir l'influence du variant anglais qui s'imposait à l'époque sur le territoire. Aujourd'hui, les courbes sont proches, même si les dernières données semblent mettre en avant une augmentation de la part des hommes dans les hospitalisations. Un signal à surveiller puisqu'il s'est jusqu'à présent toujours accompagné de l'émergence d'une nouvelle vague épidémique.

Le dernier indicateur concerne les tests, et plus précisément le pourcentage de cas positifs qu'ils permettent de détecter. Si l'on évoque une reprise de l'épidémie et des craintes pour cet été, cela se traduit-il dans les chiffres ? Le graphique qui suit (cliquez ici s'il ne s'affiche pas), fournit quelques indications.

Divers enseignements peuvent en être tirés. Tout d'abord, le fait que la part des cas positifs détectés pami l'ensemble des tests réalisés demeure faible. À peine plus d'un test sur 100 réalisé aujourd'hui conclut à la positivité du patient. Un tel niveau n'avait jamais été atteint dans l'Hexagone. Si des chiffres similaires s'observaient en 2020, il s'agissait d'une époque où les capacités en matière de tests se révélaient très réduites, faussant l'analyse des données qui en résultaient. La vigilance reste toutefois de mise puisque la courbe amorce une hausse en ce mois de juillet, laissant présager une reprise de l'épidémie. Peu surprenant, sachant que le variant Delta est 50% plus contagieux que celui jusque-là majoritaire. Cette courbe permet enfin de constater l'ampleur de la seconde vague, observée à l'automne dernier. À l'époque, 15% des tests détectaient des cas positifs.

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Thomas DESZPOT

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