APPEL À L'AIDE - En pleine crise, l'hôpital public est contraint de fermer des lits. Si une première estimation du Conseil scientifique chiffrait ces fermetures à 20%, la Fédération hospitalière de France estime que seuls 6% sont en réalité condamnés. Dans le JDD, elle réclame néanmoins des mesures urgentes.
La tension est réelle, mais moins catastrophique que précédemment estimée. Selon une étude de la Fédération hospitalière de France (FHF) rapportée ce dimanche par le JDD, 6% des lits seraient actuellement fermés. Et non 20% comme estimé par le Conseil scientifique dans un avis daté du 5 octobre.
Cette estimation, basée sur un questionnaire envoyé à tous les hôpitaux, et auquel un tiers ont répondu, traduit néanmoins la détresse dans laquelle sont plongés de nombreux établissements. Alors que beaucoup font face à une pénurie de soignants, la FHF appelle à une action rapide de l'État.
Le manque de personnel, le nerf de la guerre
Pour Frédéric Valletoux, les observations de l'étude n'ont "rien de surprenant" : "les hôpitaux ont abordé la crise sanitaire en étant déjà très fragilisés. 30% des postes médicaux y étaient vacants ! Forcément, ils n'allaient pas en sortir guéris". Selon l'étude, rapportée par le Journal du dimanche, la fermeture de lits est en effet due dans 70% des cas à un manque d'infirmiers et d'aides-soignants et dans 60% des cas à une pénurie de praticiens.
La pression due à la lutte contre le Covid a fait lâcher certains plus facilement que par le passé.
Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France
En plus de cette difficulté à embaucher, les hôpitaux ont, avec la pandémie, plus que jamais souffert d'absentéisme. En 2021, il montait dans les établissements à 10%, contre 8,5% en 2019. "La pression due à la lutte contre le Covid a fait lâcher certains plus facilement que par le passé", analyse le président de la FHF qui dit craindre que cette pression sur le personnel ne s'accentue encore avec la perte, dans les 4 prochaines années, de 4000 médecins généralistes.
Le phénomène des lits vides "affecte surtout l'Ile-de-France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et les Pays de la Loire", Frédéric Valletoux. Les gros établissements semblent par ailleurs plus touchés que les petits, puisque 94% des CHU ayant répondu au questionnaire se disent concernés, contre 64% des centres hospitaliers.
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S'il salue les mesures engagées par le Ségur de la Santé, Frédéric Valletoux estime qu'il faut aller plus loin pour assurer l'avenir de l'hôpital. "Va-t-on continuer à voir la fréquentation de ses urgences augmenter de 10% par an, à être le premier recours avant la médecine de ville et la principale cible des économies en matière de santé ?", questionne-t-il. "Le système inventé il y a 30 ans prend l'eau. Il doit être repensé", assène-t-il en réclamant un "New Deal pour la santé". Le 17 mars, deux ans après le début du premier confinement, la FHF doit recevoir chacun des candidats à l'élection présidentielle pour aborder le sujet.