D'où viennent les nombreux effets secondaires du vaccin AstraZeneca ?

Publié le 13 février 2021 à 11h09

Source : JT 13h Semaine

CAMPAGNE VACCINALE - Plusieurs hôpitaux de l'ouest de la France ont temporairement suspendu la vaccination AstraZeneca à la suite de nombreux syndromes grippaux recensés chez les soignants. Faut-il s'en inquiéter ?

À peine démarrée, la campagne de vaccination au sérum d'AstraZeneca connaît déjà un premier coup d'arrêt. Ces derniers jours, plusieurs hôpitaux de l'ouest de la France ont annoncé avoir temporairement suspendu les injections à la suite de nombreux effets secondaires enregistrés. "Mercredi, nous avons vacciné une cinquantaine de personnes", explique à l'AFP Mélanie Cotigny, chargée de communication de l'hôpital de Saint-Lô (Manche). Le lendemain, "une petite dizaine n'était pas bien, avec des symptômes du type fièvre et nausée".

Aussitôt, la campagne a été suspendue. En cause, les nombreux arrêts-maladie que cette situation provoque. "Nous avions par exemple vacciné tous nos kinés, donc nous n'avions que la moitié de l'équipe" disponible jeudi, précise-t-elle. "Le laboratoire annonçait 12 à 15% d'effets secondaires sur cette vaccination. Nous le savions, mais nous ne l'avions pas anticipé de cette manière."

Selon l'Agence du médicament (ANSM), 149 déclarations de pharmacovigilance ont été effectuées entre le 6 et le 10 février à propos du vaccin AstraZeneca sur les 10.000 personnes ayant reçu une dose pendant cette période. Parmi les symptômes les plus fréquents, la fièvre, les courbatures et les maux de tête sont arrivés en tête. L'âge moyen des personnes touchées s'élève à 34 ans. L'ANSM précise avoir "partagé cette information à l'Agence européenne des médicaments", qui a délivré son feu vert pour l'utilisation de vaccin en Europe en janvier.

Une contamination antérieure en cause ?

À l'instar des hôpitaux bretons, des effets secondaires indésirables ont également été recensés en Île-de-France. "À l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, il y a effectivement eu ces syndromes grippaux post-vaccination AstraZeneca", confirme à LCI Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne (Bobigny). Aucune suspension de la campagne vaccinale n'y a toutefois été décidée. Ce phénomène semble d'autant plus surprenant qu'il ne s'observe "pratiquement que chez des soignants" et "pas dans d'autres pays", poursuit le spécialiste. Alors comment l'expliquer ?

Selon le médecin, une hypothèse paraît la plus probable : le personnel soignant affaibli par le vaccin AstraZeneca pourrait avoir déjà contracté le virus ces dernières semaines. "Lorsque nous vaccinons des personnes qui ont eu la maladie, il peut y avoir des réactions un peu explosives", indique Frédéric Adnet. "Comme elles ont déjà des anticorps, donc une immunité, l'organisme pense de nouveau être infecté et réagit violemment. L'hypothèse que nous formulons est que nous observons ce type de réaction chez des personnes vaccinées trop tôt après la fin de la maladie." En France, les personnes souhaitant se faire vacciner doivent respecter un délai de trois mois après l'infection.

Un test sérologique avant la vaccination ?

Pour y remédier, et afin d'éviter aux hôpitaux de manquer de personnel, l'ANSM propose depuis jeudi soir de ne pas vacciner tous les soignants au même moment. "Afin de limiter le risque potentiel de perturbation du fonctionnement des services de soin, il est recommandé de vacciner de façon échelonnée le personnel d'un même service", écrit l'agence dans un communiqué. À la suite de l'avis de l'ANSM, l'Agence régionale de santé de Bretagne précise à LCI que les vaccinations ont repris ce vendredi.

Frédéric Adnet estime de son côté qu'un test sérologique devrait être organisé avant la vaccination AstraZeneca. "Ne faudrait-il pas réaliser une sérologie systématique aux soignants que l'on vaccine pour savoir s'ils n'ont pas contracté la maladie de manière asymptomatique ?", demande-t-il.


Idèr NABILI

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