PRUDENCE - Des publications en ligne assurent qu'en Suède, il est interdit de porte le masque. Des affirmations fausses, basées sur la mauvaise interprétation d'un article.
Pour les opposants au port du masque, la Suède est souvent présentée comme un petit paradis. Les mesures sanitaires y sont en effet moins strictes, et aucun confinement n'y a été décrété depuis le début de l'épidémie. Malgré une mortalité assez élevée, les Scandinaves sont montrées en exemple, d'autant qu'ils auraient décidé d'interdire le masque pour la population.
Sur Twitter, une internaute très suivie qui compte plus de 16.000 abonnés l'assure : "La Suède a interdit les masques faciaux. Non seulement ils sont inefficaces contre le virus mais le propagent également", écrit-elle. Un message d'autant plus relayé qu'elle se présente comme "oncologue", "pédiatre", ainsi qu'ancienne "cheffe de service" au sein de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Méfiance toutefois, aucune mesure de ce genre n'a été décidée à Stockholm ou dans le reste du pays.
Un article de presse détourné
En tout premier lieu, il est intéressant de se pencher sur le profil Nicole Delépine, la médecin qui relaie à ses nombreux abonnés cette "information" en provenance de Suède. Sans juger de ses compétences, une rapide recherche permet de mettre en lumière les méthodes controversées qui lui étaient reprochées voilà déjà quelques années par certains confrères. Dans un article du Monde paru en 2014, un représentant des médecins à l'AP-HP expliquait qu'avec cette spécialiste du cancer, "on frise le charlatanisme". Et de pointer du doigt des "méthodes dogmatiques et passéistes".
Pour évaluer la véracité des éléments qu'elle relaie sur Twitter, il faut se pencher sur le tweet original qu'elle partage à celles et ceux qui la suivent. En anglais, celui-ci s'appuie sur un article publié par la chaîne de télévision publique suédoise, Sveriges Television (SVT). Si l'on se penche sur cette publication, on observe qu'en réalité, il n'est absolument pas fait mention d'une interdiction totale du masque, loin de là.
Que nous apprend l'article en question ? Qu'à Kungsbacka, à 30 kilomètres au sud de Göteborg, la direction d'une bibliothèque n'a pas souhaité généraliser le port du masque pour ses agents, quand bien même une partie d'entre eux s'inquiétaient des risques encourus au contact du public. "D'après les analyses de risques que nous avons effectuées dans notre entreprise, il n'y a aucune raison de porter des équipements de protection", a expliqué Ulrika Granfors, responsable de la culture et des loisirs pour la municipalité de Kungsbacka. L'administration considère par ailleurs que les mesures déjà mises en place sont suffisantes, notamment l'installation de plexiglas à l'accueil.
Si la municipalité se refuse à rendre obligatoire et n'envisage pas d'en fournir à ses employés, elle ne va toutefois pas jusqu'à l'interdire dans l'enceinte de la bibliothèque. SVT relate qu'elle a d'ailleurs rédigé un communiqué de presse pour préciser "que les bibliothécaires n'ont pas l'interdiction de porter leurs propres masques".
Un gouvernement très réservé sur le masque
À Kungsbacka ou dans d'autres localités suédoises, on justifie cette position par les recommandations du gouvernement. Depuis le début de l'épidémie, la Suède a en effet adopté une approche très singulière, refusant le confinement et en appelant à la responsabilité individuelle plutôt qu'aux mesures strictes. Le port du masque a longtemps été facultatif, bien que le site du ministère de la Santé précise que "L'Agence suédoise de la santé publique a recommandé le port de masques dans les transports publics à partir du 7 janvier 2021, en particulier lors des fortes affluences. Une recommandation sera appliquée tout au long du printemps."
Fin décembre, le média The Local notait qu'il s'agissait d'un changement important dans la politique suédoise. Et rappelait que l'Agence de santé publique avait reconnu que les masques pouvaient "agir pour prévenir l'infection, par exemple dans le cas d'une épidémie locale", mais que les données et preuves scientifiques concluantes manquaient pour prouver "qu'ils puissent endiguer une épidémie à plus grande échelle". Un autre argument était avancé : le fait que le masque pourrait potentiellement inciter les gens à moins se conformer à d'autres directives, en particulier la distanciation sociale.

Dès avril 2020, la Suède s'était singularisée. Son épidémiologiste en chef, Anders Tegnell, avait en effet écrit un courriel au Centre européen de contrôle des maladies, l'enjoignant à ne pas recommander l'utilisation de masques. De telles préconisations reviennent en effet à suggérer que "la propagation se fait par voie aérienne", ce qui à ses yeux était susceptible de nuire "gravement à la communication et à la confiance".
Quelques mois plus tard, en juin, la ministre de la Santé, Lena Hallengren expliquait que le gouvernement suédois ne se prononçait pas d'ordinaire sur les vêtements de protection tels que les masques, et que les autorités politiques du pays n'outrepasseraient pas les recommandations effectuées par l'Agence nationale de santé publique. Les médias rapportent enfin qu'il est courant d'observer des responsables politiques s'afficher sans masques, y compris dans les transports, ce qui n'incite pas la population à adopter cette protection contre le virus.
En résumé, si les autorités suédoises ont longtemps estimé que le masque n'était pas un accessoire utile, elles ne l'ont jamais interdit. Aujourd'hui, si son port n'est pas imposé à la population, il est hautement recommandé dans les transports aux heures de pointe. Le refus du port du masque pour des salariés de certaines bibliothèques a été avancé début février dans les médias, mais les autorités locales concernées ont rapidement apporté des précisions, indiquant qu'elles ne s'y opposaient pas. Chacun est ainsi libre d'en porter, pour peu qu'il s'équipe lui-même.
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