CRISE SANITAIRE - Contagiosité, efficacité des vaccins, virulence du virus... L'incertitude plane autour du variant Omicron, déjà repéré aux quatre coins de la planète. Peut-il vraiment être moins dangereux que les souches précédentes ?
C'est un nouvel élément qui pourrait bouleverser la pandémie. Depuis près d'une semaine, le variant Omicron, initialement détecté en Afrique du Sud et désormais repéré dans de nombreux pays, inquiète le monde. Est-il plus contagieux ? Les vaccins sont-ils toujours efficaces face à cette nouvelle souche ? Les scientifiques, qui étudient actuellement les mutations, n'ont pas encore livré leurs réponses.
Une autre question demeure incertaine : ce nouveau variant est-il plus virulent pour les personnes infectées ? Pour l'heure, seuls quelques cas ont été recensés sur la planète. En dépit d'un échantillon très réduit, la présidente de l'Association médicale d'Afrique du Sud, berceau de cette mutation, s'est voulue rassurante, évoquant des symptômes "plus légers que ceux traités auparavant". Mais attention, qui dit nouveau variant ne signifie pas maladie atténuée.
"Les nouveaux variants ne sont pas forcément moins virulents", répond à LCI Morgane Bomsel, chercheuse du CNRS à l'Institut Cochin. "Il suffit de regarder ceux qui ont déjà émergé", confirme Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, spécialiste en modélisation des maladies infectieuses.
"En l'absence de vaccination, le variant Alpha (responsable de la troisième vague en France, NDLR) était plus virulent que les souches ancestrales, avec un risque de décès augmenté de 50%", indique-t-il à LCI. "Pour le variant Delta (actuellement responsable de la quasi-totalité des infections, NDLR) par rapport au variant Alpha, il a également été montré qu'il était plus virulent, même si les données sont moins solides."
Un lien entre contagiosité et virulence ?
Selon les scientifiques, le variant Omicron comporterait une trentaine de mutations. Parmi elles, des évolutions sur la contagiosité sont à craindre. "Certains mutants permettent au virus de mieux s'accrocher à nos cellules pour les infecter, c'est notamment le cas pour le Delta", affirme Morgane Bomsel.
D'autres pourraient provoquer une baisse de la protection vaccinale ou naturelle, "un échappement immunitaire", expliquait le virologue Vincent Maréchal ces derniers jours. Mais la virulence du virus, elle, semble plus complexe à observer. "Il n'y a pas qu'un mécanisme de virulence, celle-ci dépend aussi des individus", poursuit la chercheuse.
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Si Omicron s'avère effectivement plus contagieux - les ministres de la Santé du G7 parlent déjà d'un variant "hautement transmissible" - alors sa virulence pourrait être plus importante. "En biologie, l'une des hypothèses est que, pour se transmettre, un virus a besoin de produire de nouvelles particules virales. Plus une infection en génère, plus la personne est contagieuse", indique Samuel Alizon.
"Or, plus il y a de particules virales produites, plus le virus a un impact sur la santé de son hôte", précise-t-il. "Il pourrait donc y avoir une corrélation entre la contagiosité et la virulence : les souches plus contagieuses pourraient aussi être plus redoutables. Cela a déjà été démontré sur d'autres virus, comme le VIH"
"S'il échappe à l'immunité vaccinale, même une virulence plus faible deviendra problématique"
À l'inverse, un variant moins contagieux pourrait aussi être moins dangereux... sauf s'il échappe à la protection conférée par la vaccination. Dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué qu'il faudrait attendre une dizaine de jours avant d'en savoir plus sur "la sensibilité d'Omicron aux vaccins". "Un variant moins contagieux, mais capable d'échapper à l'immunité naturelle ou vaccinale, pourrait tout de même mieux se transmettre", prévient Samuel Alizon. Dans cette hypothèse, "nous pourrions imaginer que le variant circule plus, mais avec une virulence moindre que celle du Delta", estime-t-il.
Bonne nouvelle ? Pas vraiment. "Il faut distinguer la virulence du virus et la sévérité de l'infection", poursuit-il. "Dans une population entièrement vaccinée, l'augmentation de la virulence intrinsèque du virus ne serait pas un souci. Mais s'il échappe à l'immunité vaccinale, alors sa virulence, même si elle est plus faible, deviendra problématique."