Isolement de 17 jours, même pour les vaccinés : pourquoi des spécialistes redoutent une "paralysie" du pays

Publié le 23 décembre 2021 à 13h24, mis à jour le 23 décembre 2021 à 23h21

Source : JT 20h Semaine

QUARANTAINE - Pour faire face au variant Omicron du Covid-19, les autorités sanitaires ont décrété un isolement de 10 à 17 jours pour les cas contact, même s'ils sont vaccinés. Une décision critiquée par de nombreux spécialistes, dont le Conseil scientifique.

Face à Omicron, les conditions sont durcies. À outrance ? C'est en tout cas ce que semblent penser certains spécialistes. Pour contrer la rapidité de la propagation de ce nouveau variant du Covid-19 détecté en Afrique du Sud, les autorités sanitaires ont décidé d'augmenter la durée d'isolement pour les cas contact. Depuis le 13 décembre, elle est passée à 17 jours pour ceux qui se trouvent dans le même foyer qu'une personne positive au variant Omicron et sept pour les cas contact qui vivent seuls. Et ce, même si l'intéressé est vacciné. Une disposition qui ne fait pas l'unanimité. 

"En 7 jours, tout le pays sera en quarantaine"

Longtemps restée inaperçue, cette nouvelle mesure a été mise en lumière par plusieurs médias, LCI.fr en tête. Comme on peut le lire sur le site de l'Assurance maladie, cette consigne se justifie "compte-tenu de la particularité" du nouveau variant. Mais pas de quoi satisfaire certains spécialistes, qui ont tenu à réagir. À commencer par les membres du Conseil scientifique. Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue ce jeudi, le président de cette instance chargée d'éclaire les décisions du gouvernement dans la lutte contre l'épidémie à dit craindre une "possible désorganisation de la société" en janvier en raison de la propagation "fulgurante" du variant, qui pourrait provoquer  "des centaines de milliers de cas par jour" d'ici au début de l'année 2022.

Une position semblable à celle prise, la veille, par le professeur Antoine Flahault. L'épidémiologiste et professeur de médecine à l'Université de Genève a tenu à alerter sur une directive qui pourrait rapidement mettre "les services essentiels du pays à l'arrêt". Avec un nouveau variant qui contamine "en moyenne dix personnes", ce sont des millions de personnes qui seront impactées en l'espace de quelques jours.

De fait, avec plus de 56.000 cas quotidiens enregistrés quotidiennement, ce sont 560.000 "cas contact" potentiels par jour ! Et autant d'arrêts maladies générés. Cela revient donc à contraindre à l'isolement forcé près de quatre millions de Français chaque semaine. Résultat : le pays risque d'être quasiment "en quarantaine", comme le résume l'épidémiologiste, évoquant même une disposition qui "risque de mettre le pays à genoux".

Un "plan de continuité de l'État" à l'étude

Un constat auquel adhère Jérôme Marty. Président de l'Union Française pour une Médecine Libre (UMFL), il souligne auprès de LCI.fr la "double difficulté" à laquelle doit faire face l'exécutif. D'un côté, un variant "extrêmement contagieux", qui va toucher de près ou de loin des millions de Français, et contre lequel il lui paraît impossible "sur un plan organisationnel" d'isoler tout le monde. Et de l'autre "une mesure qui doit être réfléchie pour ne pas favoriser la circulation du virus". 

Le médecin généraliste appelle dès lors à une disposition plus nuancée, surtout vis-à-vis du secteur sanitaire, où les soignants sont majoritairement immunisés avec une dose de rappel. Et où les gestes barrières sont plus que connus. "On manque cruellement de personnel et de soignants. Si on met en arrêt les cas contact, je ne sais pas qui va soigner les gens", alerte-t-il. Un signal semblable à celui envoyé par l'un de ses confrères, médecin au CHU de Nice. Ce jeudi, Olivier Guérin, autre membre du Conseil scientifique, a souligné les risques de cette consigne pour "les secteurs stratégiques de fonctionnement de notre société", citant également "la distribution alimentaire, la sécurité, l'énergie, les transports et les communications". 

Si cette mesure risque donc d'avoir un effet sur le moral des Français, et notamment pour les quelque 500.000 personnes qui seront isolées pour les fêtes de fin d'année, elle pourrait aussi impacter le bon fonctionnement du pays. Voir le "paralyser", si l'on en croit les spécialistes qui se sont prononcés sur la question. 

Une éventualité qu'anticipe l'exécutif. Selon nos informations, le gouvernement disposerait d'ores et déjà d'un "plan de continuité de l'action de l'État". Ainsi, si de nouveaux éléments venaient à confirmer que ce nouveau variant est plus contagieux, mais moins dangereux, les durées d'isolement pourraient se voir réduire. En attendant de savoir si la vague Omicron déferlera dans les hôpitaux, les autorités préfèrent toutefois miser sur la prudence.


Felicia SIDERIS

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