CRISE SANITAIRE - Avec la progression de la vaccination dans le monde, certains pensent déjà à l'élargir aux animaux de compagnie. Ces derniers sont-ils des vecteurs de la maladie ? On fait le point.
Alors que les doses de vaccins arrivent aux compte-gouttes, des chercheurs planchent déjà sur un sérum spécifique destiné à nos animaux de compagnie. Ce mercredi, la Russie a annoncé l'homologation du premier vaccin au monde contre le Covid-19 à destination de nos amies les bêtes. La trouvaille s'appelle Carnivac-Cov et serait doté d'un taux d'efficacité de 100% selon l'agence vétérinaire et phytosanitaire Rosselkhoznadzor.
Comme son nom l'indique, le vaccin est uniquement à destination des animaux carnivores. Moscou prévoit une production de masse dès avril. Mais est-ce vraiment nécessaire de vacciner nos animaux de compagnie ?
Tout d'abord, les données à ce sujet restent limitées. On recense très peu de chiens ou de chats ayant contracté le virus dans le monde. Le premier cas d'un chat testé positif en France a été confirmé en mai dernier. Dans les colonnes de la BBC, la vétérinaire en chef du Royaume-Uni, Christine Middlemiss estime qu'il s'agit d'un "événement très rare" et que les animaux malades présentent des "signes cliniques légers" et se "rétablissait en quelques jours".
Mais certains cas plus inquiétants ont été identifiés dans les parcs animaliers. Début janvier, plusieurs gorilles du zoo de San Diego (dans le sud de la Californie) avaient été testés positifs et placés en quarantaine après avoir manifesté des symptômes. Il s'agissait du premier cas connu de transmission naturelle du virus à des grands singes. L'explication est la suivante : l'être humain et les autres primates possèdent un génome très proche, les gorilles ayant environ 98% de leur ADN en commun. L'épidémie d'Ebola avait décimé les chimpanzés et les gorilles en Afrique.
Grands singes, visons...Ces animaux plus exposés
Une espèce en particulier a payé un lourd tribut à la suite à l'épidémie : les visons. Ces mammifères élevés pour leurs fourrures sont, dans certains cas, tombés gravement malades ou décédés du Covid-19. Au Danemark, 17 millions de visons (l'ensemble de son cheptel) ont été tués et enterrés en novembre dernier. Pour le premier exportateur mondial de peaux de visons, ces abattages massifs ont représenté un drame national doublé d'une crise politique.
Concrètement, les espèces ne sont pas confrontées aux mêmes risques face à l'épidémie. Tandis que les chiens et les chats ne jouent pas un rôle important dans la transmission du virus, la menace varie chez les animaux non-domestiques. Si l'on prend l'exemple des grands singes, ces derniers sont connus pour être susceptibles d'attraper des maladies respiratoires provenant de l'homme. Notamment les gorilles, dont les populations sont répertoriées comme étant en danger critique d'extinction. Dans le pire des cas, la transmission du virus chez ces espèces pourrait les pousser à disparaître.
Si le virus se propage largement chez les animaux, de nouvelles mutations de la maladie sont susceptibles d'émerger. Le risque étant que ces variants soient plus résistants aux vaccins en cours de déploiement à travers le monde. C'est la crainte formulée par Kevin Tyler, rédacteur en chef de Virulence qui déclare à la BBC que les mutations chez les animaux pourraient "revenir dans la population humaine sous un aspect tout à fait différent".
Selon les experts de cette revue médicale, l'immunisation des espèces domestiquées pourrait être nécessaire afin d'endiguer l'épidémie. En attendant la généralisation de cette pratique, des responsables militaires de la région de Saint-Pétersbourg ont annoncé que les animaux qui participeraient à la parade militaire des commémorations de la Seconde Guerre mondiale ou qui seraient déployés dans l'aéroport de la ville auraient l'obligation d'être vaccinés.
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