Covid-19 : le bilan mondial des décès pourrait être 4 fois plus élevé qu'estimé

Publié le 7 septembre 2021 à 14h48
Covid-19 : le bilan mondial des décès pourrait être 4 fois plus élevé qu'estimé
Source : JOEL SAGET / AFP

CUMUL - Le chiffrage des victimes du Covid-19 diffère d'un pays à l'autre, créant de nombreux biais dans le décompte mondial. Le journal britannique "The Economist" a estimé que le bilan pourrait être 4 fois plus lourd qu'annoncé par les statistiques officielles.

La pandémie de Covid-19 serait-elle plus meurtrière qu'on le présume actuellement ? Selon l'hebdomadaire britannique The Economist, le bilan serait près de quatre fois plus élevé qu'annoncé. Après avoir rassemblé les chiffres de surmortalité continent par continent, pays par pays, depuis janvier 2020, le journal estime que la planète a jusqu'ici connu 15,2 millions de décès liés au Covid-19. Le bilan tiré des sources officielles, lui, table sur 4,6 millions de morts.

Pour établir son propre bilan de la pandémie, The Economist n'a pas retenu les morts attribuées au coronavirus à proprement parler. Car "de nombreuses personnes qui décèdent alors qu'elles sont infectées par le SRAS-CoV-2 ne sont jamais testées pour cela et n'entrent pas dans les totaux officiels. À l'inverse, certaines personnes dont la mort a été attribuée au Covid-19 avaient d'autres maladies qui auraient pu de toute façon mettre fin à leur vie dans un laps de temps similaire", soulèvent les auteurs de ce travail. "Et qu'en est-il des personnes décédées de causes évitables pendant la pandémie, car les hôpitaux remplis de patients Covid-19 ne pouvaient pas les traiter ?", questionnent-ils d'autre part.

Le journal a donc choisi de prendre en compte chacun des décès et d'établir le bilan de la pandémie grâce au calcul de la surmortalité globale, soit l'écart entre le nombre de personnes décédées dans une région donnée au cours d'une période donnée, quelle qu'en soit la cause, et le nombre de décès qui auraient été attendus normalement. Pour palier au manque de données dans certains pays, The Economist a d'autre part construit un modèle basé à la fois sur les données officielles de surmortalité et sur plus de 100 autres indicateurs statistiques. Ses modèles et ses données sont disponibles ici en libre accès.

En Russie, le grand écart entre les chiffres officiels et ceux de la surmortalité

"Ces données montrent clairement que le Covid-19 a entraîné la mort de bien plus de personnes que ne le suggèrent les statistiques officielles", note le journal. Alors que, selon ses calculs, les pays plus durement affectés au monde se trouvent en Amérique latine, la Russie serait également bien plus touchés que ce que ne suggèrent les données officielles. Le pays a enregistré environ 580.000 décès de plus que prévu entre avril 2020 et juin 2021, contre un bilan officiel Covid-19 de seulement 130.000. Cela fait de lui le pays présentant, sur cette période, le plus grand écart en termes de surmortalité.

De même, The Economist estime que le nombre de morts en Inde se chiffre plutôt en millions qu'en centaines de milliers, comme l'avancent les chiffres officiels. Environ 2,3 millions de personnes seraient ainsi décédées du Covid-19 jusqu'à début mai 2021, contre les 200.000 annoncées.

Une surmortalité négative dans certains pays

À l'inverse, certains pays ont enregistré une surmortalité négative. C'est notamment le cas de la Malaisie : de mars 2020 à mars 2021, le pays a rapporté, en moyenne, une surmortalité mensuelle de -235. Ce qui signifie que 235 personnes qui auraient normalement dû mourir, selon les modèles établis par The Econosmist, ne sont pas mortes. À l'île Maurice, cette surmortalité est, sur la même période, de -10. En Mongolie, elle est de -39.

Le journal explique ce phénomène notamment par le faible nombre de victimes du Covid-19 sur ces territoires, tandis que les changements de mode de vie (plus grande hygiène, mesures barrières, télétravail, etc.) ont réduit le bilan d'autres causes de mortalité telles que la grippe.

Dans un rapport publié le 21 mai, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait estimé que la surmortalité réelle liée au Covid-19 serait deux à trois fois supérieure aux chiffres fournis par les États. Alors que le bilan officiel de la pandémie s’élevait à ce moment-là à un peu plus de trois millions de morts dans le monde, Samira Asma, sous-directrice générale chargée des données à l’OMS, évaluait à "environ six millions à huit millions" le nombre de personnes ayant déjà succombé au Covid-19 ou à ses effets collatéraux. Au même moment, The Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’université de Washington avait estimé à environ 7,1 millions de morts le bilan réel de la pandémie.


La rédaction de TF1info

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