RECHERCHE - Si Alexis Corbière estime que l'avancée des recherches sur un vaccin contre le coronavirus est une "bonne nouvelle", l'élu de gauche s'est trompé ce mardi en arguant que celles de Pfizer et BioNTech se sont faites grâce à des financements publics.
"J'aurais été fier que ce soit des laboratoires français qui trouvent les premiers le vaccin." C'est avec cette petite phrase qu'Alexis Corbière a commenté ce mardi 10 novembre l'annonce de l'Américain Pfizer et de l'Allemand BioNTech d'un vaccin contre le coronavirus qui serait "efficace à 90%". Invité sur France 2, le député La France insoumise a vu dans cette avancée prometteuse le signe de "l'importance qu'il y ait des financements publics et pas des recherches uniquement liées par une volonté de profit". Avant d'estimer que cela n'aurait pas été si facile en France à cause d'un "affaiblissement des financements publics". Si cet argument permet au porte-parole de Jean-Luc Mélenchon de mettre un tacle au gouvernement qui a "affaibli l'hôpital public et la recherche", il est partiellement faux.
Washington n'a pas financé la recherche
D'autres ont tenté, au contraire, de se féliciter de leur investissement dans cette réussite. A l'image du gouvernement sortant aux Etats-Unis. Mike Pence s'est notamment fendu d'un Tweet se vantant que "grâce au partenariat public-privé noué par le président Donald Trump, Pfizer a annoncé que son essai de vaccin contre le coronavirus est efficace". S'il s'approprie cette "énorme nouvelle", c'est que l'ancien vice-président fait référence à "Warp Speed". Pour rappel, cette opération a été mise en place par le président battu, qui espérait pouvoir annoncer un vaccin prometteur avant les élections de la semaine dernière, en finançant largement les recherches. Elles étaient alors devenues le seul objectif de l'administration Trump pendant plusieurs mois. Sauf que celles réalisées par les laboratoires Pfizer et BioNTech n'en n'en faisaient pas partie. "Pfizer, contrairement à ses concurrents, n'a pas rejoint l'opération Warp Speed", a ainsi rappelé ce lundi le Washington Post.
C'est d'ailleurs très clair sur le site du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis. Entre autres exemples, on y trouve la trace des financements accordés à Johnson & Johnson en mars. Puis à Moderna en avril ou encore les 1,2 milliard de dollars accordés à AstraZeneca. Mais aucune trace de Pfizer. Jusqu'au 22 juillet. Date à laquelle cette entreprise a bel et bien noué un accord avec les Etats-Unis. Non pas pour la recherche et le développement du vaccin mais uniquement pour sa distribution. "Le gouvernement américain a passé une commande initiale de 100 millions de doses pour 1,95 milliard de dollars et pourrait acquérir jusqu'à 500 millions de doses additionnelles", précisaient alors les deux entreprises dans un communiqué. Un financement qui ne permet que de verrouiller des doses. Et sur ce point exact, la France n'a pas à rougir. Ou plutôt l'Union européenne. C'est à cette échelle que se sont négociées les réservations. La Commission européenne a en effet annoncé le 9 septembre dernier avoir trouvé un accord préliminaire pour obtenir 200 millions de doses d'un potentiel vaccin contre le coronavirus avec l'option d'en acquérir 100 millions supplémentaires.
Un chèque en blanc de Pfizer pour l'Allemand BioNTech
Pour résumer, il est bon de reprendre les termes de la vice-présidente de la société pharmaceutique américaine. Interrogée par le New York Times, Kathrin Jansen a été très claire : "Nous n'avons jamais pris d'argent du gouvernement américain, ni de personne d'autre, d'ailleurs." En fait, c'est tout le contraire. C'est cette entreprise qui a parié sur le laboratoire allemand BioNtech. Et qui l'a financé. "En gros, je leur ai ouvert mon carnet de chèque pour qu'ils ne puissent se soucier que des défis scientifiques, et de rien d'autre" avait ainsi expliqué le PDG de l'entreprise, Albert Bourla. Interrogé en septembre dernier par CBS, il précisait qu'il voulait par cette méthode "libérer" ses chercheurs "de toute bureaucratie". Tout en gardant sa société "hors de la politique".

Pfizer a injecté lui-même des sommes astronomiques dans le projet porté par BioNTech. Le laboratoire "recevra un paiement initial de 185 millions de dollars, dont environ 113 millions de dollars en prise de participation, et pourra par la suite recevoir des paiements d’étape, jusqu'à 563 millions de dollars, soit un montant total potentiel de 748 millions de dollars", faisait savoir l'entreprise dans un communiqué. Car c'est ce laboratoire allemand qui possède la technologie novatrice de l'ARN messager (ARNm). Celle qui présente notamment l'avantage de pouvoir être développée rapidement, sans croissance cellulaire, et qui est au cœur du fonctionnement de ce candidat vaccin contre le Covid-19. On est bien dans un partenariat porté par des intérêts privés. Qui ont d'ailleurs permis au couple à la tête de cette PME d'environ 1.500 employés de faire leur entrée dans le classement des 100 Allemands les plus riches.
La recherche de ce nouveau vaccin prometteur a donc essentiellement été payée par son partenaire américain, qui collabore avec BioNTech sur les vaccins contre la grippe depuis 20108. L'Allemagne a toutefois elle aussi mis la main au porte-monnaie. Mais assez tardivement. Berlin a débloqué une aide totale de 375 millions d'euros pour ce groupe le 15 septembre dernier, après que celui-ci avait sollicité le gouvernement en juillet afin d'accélérer les capacités de fabrication et le développement du vaccin sur le marché national.
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