Si les trois quarts de la population française a été vaccinée, les 5-11 ans sont à peine plus de 4% à avoir reçu une injection.Ailleurs en Europe, d'importantes disparités s'observent, avec des chiffres très élevés notamment en Espagne.De multiples raisons expliquent le départ poussif de la campagne française pour les enfants, initiée le 22 décembre dernier.
"Il faut qu’on aille beaucoup plus vite, beaucoup plus fort". Ces mots sont ceux du ministre de la Santé Olivier Véran, lorsqu'il s'exprime au sujet de la vaccination des 5-11 ans. Fin janvier, seuls 4% de cette classe d'âge avait en effet été vaccinés, un chiffre très faible alors que le lancement de la campagne avait été donné pour les enfants le 22 décembre.
Devant ces chiffres, le gouvernement a préconisé un allègement des procédures. Une initiative qui permettra peut-être de rattraper une partie du retard accumulé, mais qui sera sans doute insuffisant pour égaler des pays tels que l'Espagne, où la campagne affiche un succès nettement plus important.
Madrid montre la voie
Avec 17% en Allemagne, 28% en Italie, presque 55% à l'heure actuelle en Espagne et une moitié de la population éligible également vaccinée au Portugal, l'Europe présente de très fortes disparités pour la vaccination des 5-11 ans. Si un faible nombre d'injections chez les jeunes surprend peu dans des pays où le reste de la population se montre réticent, à l'instar de la Roumanie, il est plus étonnant d'observer des différences marquées entre pays où les campagnes globales ont affiché des succès comparables. Et certaines dynamiques renforcent le contraste entre membres de l'UE : l'Irlande notamment, avait réussi à la mi-janvier à vacciner plus de 10% de ses 480.000 enfants en seulement deux semaines.
Comment expliquer que l'Espagne à peine plus vaccinée que la France pour sa population générale, ait réussi à convaincre autant d'enfants (et leurs parents) ? Des initiatives menées à l'échelon régional peuvent en partie nous aider à le comprendre : une correspondante du Monde à Madrid rapporte que la Galice a vu ses services de santé envoyer à tous les parents une convocation automatique pour conduire leurs enfants à une date donnée vers un vaccinodrome. Un volontarisme qui paie, puisque que 81,5 % des enfants de 5 à 11 ans sont vaccinés dans cette région du nord-ouest du pays.
Au sein des autres régions les plus avancées, d'autres modes de fonctionnement ont fait leurs preuves. Avec un accord écrit des parents, il est ainsi possible de vacciner les plus jeunes directement à l'école. Le quotidien du soir mentionne également la culture vaccinale solide qui s'observe en Espagne, où la défiance se révèle moindre qu'en France.
Un début de campagne très poussif dans l'Hexagone
Il n'est pas très surprenant de constater que les enfants français de 5 à 11 restent peu vaccinés. Si des améliorations sont à signaler, il a longtemps été difficile pour les parents de trouver des créneaux disponibles. Les seuls mis à disposition étant souvent situés dans des localités à plusieurs dizaines de kilomètres. Par ailleurs, des institutions telles que la société française de pédiatrie ont affiché leur scepticisme quant à l'utilité d'une telle campagne, allant à l'encontre des messages partagés par les autorités de santé.
Un autre aspect à prendre en considération est lié à l'ouverture des établissements scolaires. Si le ministère de l'Éducation nationale a fait son maximum pour maintenir un accueil des élèves à l'école en réduisant les fermetures de classes, cela s'est traduit par une augmentation massive des contaminations chez les enfants et des taux d'incidence record. Dès lors, les jeunes qui ont contracté le virus ne devenaient plus éligibles à la vaccination, un délai étant préconisé entre la guérison et l'injection d'une première dose. Quand bien même certains parents ont pu vouloir vacciner leurs enfants, ils n'ont pas été en mesure de le faire.
Le 25 janvier, les autorités de santé ont annoncé que l'accord d'un seul parent redevenait suffisant pour vacciner les 5-11 ans, une décision censée faciliter le démarches et donner un coup d'accélérateur à la campagne. Si cette dernière patine encore dans l'Hexagone, on notera qu'elle n'a jamais commencé en Suède. "Nous n'estimons pas que les bénéfices soient suffisamment grands pour recommander la vaccination" de cette classe d'âge, a expliqué la semaine passée Britta Björklund, représentante de l'Autorité de santé publique suédoise. Une décision à rebours de celles prises par les autres pays européens et qui illustre les approches et stratégies très diverses qui cohabitent à l'échelle du continent.
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