Covid-19 : malgré la vaccination des pensionnaires, Omicron fait-il vaciller les Ehpad ?

Publié le 4 janvier 2022 à 19h47, mis à jour le 5 janvier 2022 à 10h59

Source : JT 13h Semaine

CONDITIONS - Si les Ehpad voient la circulation du virus reprendre, ils restent encore attachés à leur politique d'ouverture, faisant confiance notamment à une couverture vaccinale jugée suffisante. Une inquiétude se fait cependant ressentir concernant un possible manque de soignants en janvier.

Continuer à ouvrir les Ehpad tout en protégeant les seniors, c'est le difficile équilibre que tentent d'atteindre les différents établissements accueillant des personnes âgées. Or, si depuis avril 2021, et l'arrivée du vaccin, le taux de mortalité n'est jamais revenu au point des premières vagues en France, le variant Omicron pourrait malgré tout fragiliser leur organisation.

Aujourd'hui, selon le cabinet de la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, près de 9% des Ehpad sont touchés par un cluster. Sur la semaine du 20 au 26 décembre, le nombre de décès liés au Covid-19 chez les résidents était lui de 44, soit bien inférieur aux chiffres recueillis lors des deux premières vagues, au printemps et à l'automne 2020. Au plus fort de la 2e vague, une moyenne de 1000 décès était ainsi constatée.

Une situation sous contrôle, pour le moment

Le cabinet de la ministre assure donc que si la circulation du virus dans les établissements s'est légèrement accrue ces dernières semaines, elle resterait pour l'heure très largement contenue, et ce, grâce à une couverture vaccinale importante. L'ensemble des personnes éligibles à la vaccination l'ont réalisés et la campagne de rappel vaccinal progresse par ailleurs constamment depuis ces dernières semaines pour couvrir actuellement plus de 85% des résidents d’Ehpad. 

Un constat partagé par les porte-parole de la profession. "Aujourd'hui, on peut considérer que la situation reste sous contrôle", affirme Marc Bourquin, conseiller stratégique au sein de la Fédération hospitalière de France, mettant en avant la "triple protection" permise par la mise en place du pass sanitaire, de la vaccination des soignants et de celle des résidents. 

Au point que cette "sérénité" vis-à-vis de la situation permet d'appeler à maintenir les Ehpad ouverts, pour la bonne santé mentale des résidents. Or, aujourd'hui, si trois cas sont constatés dans un établissement, l'ensemble des pensionnaires est testé et des mesures plus restrictives concernant l'accès aux visiteurs sont décidées. "Trois cas sur une centaine de résidents, alors que tout le monde est vacciné, c'est totalement disproportionné", assure Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale au sein du Synerpa, le syndicat majoritaire au sein de la profession.

Une masse salariale impactée par le variant Omicron

Pour autant, la vague Omicron pourrait malgré tout désorganiser le secteur. Les établissements constatent déjà que les cas contacts et cas positifs se multiplient, obligeant l'isolement de certains salariés. Une circulation du virus accrue par un variant réputé plus contagieux, mais aussi par un taux de vaccination un peu moins important parmi le personnel. 

En effet, l'obligation vaccinale pour celui-ci ne rentrera en vigueur que le 30 janvier. Aujourd'hui encore plus d'un tiers des personnes travaillant en Ehpad doit encore se faire vacciner. Pour autant, les représentants de la profession sont confiants. "La troisième dose est mieux acceptée", observe Florence Arnaiz-Maumé.

Face à ce problème, le gouvernement a proposé dans une note transmise aux Ehpad dimanche soir que le personnel positif, mais asymptomatique puisse continuer à venir travailler dans les établissements, sans que ces personnes soient pour autant en contact avec les résidents. Les représentants ont également obtenu que les enfants du personnel travaillant au sein de ces établissements puissent continuer à être accueillis dans les écoles. 

Des solutions qui restent de court terme pour Eric Fragona, directeur adjoint de l'Association des directeurs au service des personnes âgées. "La situation du manque de professionnels est structurelle dans notre secteur", dénonce-t-il ainsi. Un constat partagé par Florence Arnaiz-Maumé qui souligne que la mesure n'évitera pas les isolements. "En cas de cas positif, les Ehpad demandent un isolement d'au moins 48 heures, le temps qu'on sache s'il y a des symptômes ou pas. Ça va forcément déséquilibrer les services", résume-t-elle.


Aurélie LOEK

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