Le directeur de l'AP-HP a relancé le débat sur la possibilité de faire payer les soins liés à une contamination au Covid-19 pour les personnes non-vaccinées.Un sujet sensible.
Une interrogation à haute voix, et non une proposition. Pourtant la séquence a fait réagir. Invité sur le plateau de "C à Vous" sur France 5 mercredi, le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch est revenu sur le bien-fondé des soins gratuits pour les non-vaccinés. Il a dit ne pas vouloir "qu'un jour on se dise que les dépenses de santé explosent parce qu'il y a toute une partie de comportements dits 'irresponsables' qui remettent en cause la solidarité de tous".
Derrière cette réflexion, le haut-fonctionnaire pose la question de savoir si les patients non-vaccinés en réanimation doivent payer leurs soins. "Quand un instrument de prévention gratuit est disponible, qu'il peut être utilisé, qu'il est reconnu par la communauté scientifique comme quelque chose d'utile et qu'on y renonce, est-ce qu'on y renonce sans en porter aucune des conséquences?, s'est-il questionné. Ou est-ce qu'on tend la main pour soigner mais on dit qu'il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas de conséquences alors qu'il y en aura pour les autres patients qu'on aura du mal à soigner et qui, eux, n'y peuvent rien."
"Le débat est délicat"
Interrogé par une journaliste sur une analogie possible avec le comportement des fumeurs, Martin Hirsch a estimé que les deux situations sont "différentes". "Le débat est délicat, a-t-il reconnu, si on reconnait qu'un système de dépistage doit être fait tous les ans, est ce qu'on doit avoir exactement la même protection et le même taux de remboursement si on le néglige, que quelqu'un qui ne le néglige pas? La question n'est pas évidente".
La scène a provoqué de vives désapprobation, notamment sur le réseau social Twitter, arrivant dans le classement des thèmes les plus discutés en France mercredi soir. Parmi les réactions indignées, celle du candidat d'extrême-droite Florian Philippot, connu pour ses prises de position controversées sur la gestion de la crise sanitaire. "On laisse crever les pauvres ? Ce genre de type dans un pays normal serait limogé sur le champ !", a-t-il écrit dans un tweet.
Une moitié de Français en faveur
Ce n'est pas la première fois que le sujet est sur la table. Dans une tribune au Journal du Dimanche, publiée début janvier, le professeur de la Pitié Salpêtrière André Grimaldi s’interrogeait sur l'idée d'un tri en cas de surcharge des services de réanimation entre vaccinés et non-vaccinés, partant qu'un constat mathématique sur la durée de prise en charge de chacun.
Dans un sondage, l'IFOP rapportait mi-janvier que 51% des Français interrogés trouvaient "justifié qu'une personne non-vaccinée hospitalisée pour une forme grave du Covid-19 en soins intensifs ou réanimation soit amenée à régler totalement ou partiellement son séjour à l'hôpital".
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