Covid-19 : non, William Shakespeare n’est pas mort à cause du vaccin

Publié le 27 mai 2021 à 15h54
L'octogénaire avait déjà été touché par un premier AVC l'an passé, avant d'être vacciné.
L'octogénaire avait déjà été touché par un premier AVC l'an passé, avant d'être vacciné. - Source : JACOB KING / POOL / AFP

LES VÉRIFICATEURS - Parmi les premiers vaccinés au monde, le britannique William Shakespeare est décédé cette semaine. Un décès lié à un AVC, sans lien avec les doses reçues il y a quelques mois.

Être vivant ou ne pas l'être, tel est la question. Les médias britanniques ont indiqué cette semaine que le premier homme vacciné contre le Covid-19, un certain William Shakespeare, était décédé. Âgé de 81 ans, il avait reçu dès le 8 décembre dernier une première dose du vaccin Pfizer. Son patronyme, identique à celui du célèbre dramaturge, lui avait valu d'être particulièrement mis en lumière, à une époque où le Royaume-Uni s'apprêtait à protéger les personnes les plus vulnérables sur son sol.

La nouvelle de son décès a rapidement traversé la Manche et fait l'objet de divers commentaires en ligne. "Il a tenu six mois", peut-on notamment lire, au milieu d'autres messages laissant entendre que la disparition de l'octogénaire serait due à sa vaccination. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à souligner que son décès a été causé par un AVC, faisant le rapprochement avec le signal d'alerte trompeur envoyé ces derniers jours par un pompier lyonnais. 

Si la mort de ce William Shakespeare est avérée, aucun lien avec le vaccin n'est toutefois mis en avant. Il faut d'ailleurs noter que la santé de cet homme était fragile, ce dont témoignait la presse au moment de l'injection de sa première dose.

Déjà victime d'un AVC par le passé

La BBC, qui a été l'un des premiers médias à communiquer sur le décès du retraité, a tenu à préciser dès le titre de son article que cette disparition était liée à "une cause sans lien" avec la vaccination. Une manière sans doute de se prémunir des raccourcis trop hâtifs. 

La famille du défunt, qui a accepté de témoigner, n'a d'ailleurs pas mis en cause un seul instant le vaccin. Sa veuve a confié qu'il était reconnaissant d'avoir eu l'opportunité d'être l'un des tous premiers au monde à pouvoir en bénéficier. "C'était quelque chose dont il était immensément fier", a-t-elle assuré. "Il en parlait souvent aux gens et encourageait toujours tout le monde à se faire vacciner chaque fois qu'il le pouvait." 

Sur les réseaux sociaux, des messages font le lien entre l'AVC de William Shakespeare et la vidéo d'un pompier il y a quelques jours, qui assurait que les accidents vasculaires cérébraux étaient nombreux chez les personnes vaccinées. Le décès de l'octogénaire britannique a ainsi été présenté comme une illustration directe de ces propos. Il s'agit toutefois de conclusions hâtives et qui ne sont fondées sur aucun élément fiable. 

Outre le fait que les relevés de pharmacovigilance ne mettent en avant aucun risque d'AVC significatif lié à la vaccination, il est essentiel de noter que Mr Shakespeare avait déjà été victime d'un AVC par le passé.

Le New York Times rapporte que le vieil homme s'est éteint dans le même hôpital que celui où il avait été admis en 2020 pour la même raison, laissant entendre que sa santé s'avérait fragile. Il n'est, quoi qu'il en soit, pas spécialement surprenant d'observer la disparition d'un homme de son âge, a fortiori à cause d'un AVC. Comme le soulignait cette semaine LCI, il s'agit d'une pathologie tristement courante. On estime qu'une personne sur six sera touchée dans sa vie et on en déplore près de 140.000 chaque année dans l'Hexagone. Soit un toutes les quatre minutes...

Si le premier homme vacciné au monde s'en est allé, notons que la première femme, pour sa part, est bien vivante. Margaret Keenan, 91 ans, avait elle aussi reçu sa première dose début décembre, sans qu'aucune complication n'ait été signalée la concernant. Des rumeurs ont circulé rapidement en ligne, faisant état de son décès, mais rapidement démentie. Il en a été de même pour la première française vaccinée, une grand-mère prénommée Mauricette. En janvier, une multitude de messages avaient été postés, assurant qu'elle était disparue.  Là encore, tout était faux.

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Thomas DESZPOT

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