Objectif 2200 lits de réanimation en Ile-de-France : le défi des transferts de soignants

Publié le 24 mars 2021 à 16h02

Source : JT 20h Semaine

DEFI - L'ARS a demandé aux hôpitaux franciliens "d'anticiper une montée en charge du nombre de lits" de soins critiques pour faire face à l'afflux annoncé de malades du Covid-19. Ce qui implique de mobiliser plus de personnels formés.

À défaut de transferts massifs de patients depuis l'Ile-de-France, assistera-t-on ces prochaines semaines à un transfert de personnels soignants au sein même de la région et vers la région ? C'est en tout cas une des pistes évoquées pour faire face à la déferlante annoncée de patients Covid-19, l'Agence régionale de santé (ARS) ayant demandé aux hôpitaux franciliens "d'anticiper une montée en charge du nombre de lits" de soins critiques avec un objectif de 2.200 lits disponibles.

"Ce ne sont pas les lits ou les respirateurs qui manquent, mais les ressources humaines", a ainsi pointé Aurélien Rousseau le directeur de l'ARS. Dès lors, il a été demandé à tous les établissements de la région de recenser leurs moyens en personnel afin de savoir dans quelle mesure ces derniers peuvent contribuer à ce nouvel accroissement des capacités des services de réanimation dans la région capitale. Deux options sont sur la table.

Les transferts de soignants des blocs vers la réa

"La solution, c'est de réquisitionner les infirmières et anesthésistes qui sont au bloc et donc de fermer les blocs, déprogrammer des patients de chirurgie, de médecine", explique la docteur Clarisse Blayau, réanimatrice à l'hôpital Ténon (AP-HP), à Franceinfo. D'où la déprogrammation de près de 80% des activités médicales et chirurgicales attendue ces prochaines semaines, comme relayé ce mardi par Les Echos et confirmée à LCI.

Une opération qui n'est pas sans conséquences. "On peut compenser comme on l’a fait lors de la première vague en fermant des services classiques pour en ouvrir d'autres dédiés au Covid et en récupérant du personnel d’autres services [...] Mais c'est déshabiller Pierre pour habiller Jacques", déplore Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), auprès du Figaro. Outre le risque pour les patients atteints de maladies chroniques d'être renvoyés chez eux faute de lits et de personnels en nombre suffisant, la mobilisation du personnel en réanimation relève actuellement du défi : ce sera "plus compliqué, [...] le personnel soignant n'avait pas un an de fatigue derrière lui", insiste-t-il.

Les transferts de soignants depuis la province

Le transfert de patients vers d’autres régions pourrait par ailleurs s’intensifier. Dès ce mercredi, à la demande le l'ARS, les hôpitaux et cliniques doivent en effet faire savoir si, à défaut d'accueillir eux-mêmes des patients, ils peuvent prêter du personnel, précisent encore Les Echos. Le journal cite notamment l'exemple du groupe Ramsay, qui étudie la possibilité de rapatrier à Paris des personnels qui travaillent dans des cliniques hors de la région. Sollicité ce mercredi par LCI, le groupe de cliniques privées n'a pas souhaité dans l'immédiat préciser les modalités dans lesquelles s'envisagent ces transferts de soignants, "priorité étant donné aux soins".

Mais s'agissant des "prêts" de soignants d'une région à l'autre, le syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) se montre une fois de plus sceptique. "À l’époque (ndlr : de la première vague), nous étions dans une mobilisation générale et il y avait moins de régions touchées. Nous avions donc pu faire appel à des renforts venus de l'ouest de la France, moins impacté", rappelle encore son porte-parole auprès du Figaro. De quoi rendre encore plus délicate la situation des hôpitaux franciliens, alors que les transferts de malades un temps envisagés pour soulager la région s'avèrent finalement plus compliqués que prévu. Très peu de malades en réanimation sont suffisamment stables et les familles sont réticentes à donner leur accord.


Audrey LE GUELLEC

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