L'info passée au crible

Covid-19 : les non-vaccinés sont-ils réellement des gens "plutôt âgés" et "pauvres" ?

Publié le 8 janvier 2022 à 16h23
JT Perso

Source : TF1 Info

PROFILAGE - Le député LFI Alexis Corbière souhaite que les autorités tendent la main aux personnes non-vaccinées sans les stigmatiser. Mais le profil qu'il dresse de cette part de la population se révèle partiellement inexact.

On compte aujourd'hui en France environ 5 millions de personnes éligibles à la vaccination, mais qui n'ont pas fait le choix d'utiliser cette méthode de prévention des formes graves. Des Français aux arguments très divers et plus ou moins hostiles aux vaccins, que le député de la France Insoumise ne souhaite pas contraindre par des mesures sanitaires plus strictes telles que le pass vaccinal. 

Il faudra davantage tendre la main aux personnes non-vaccinées, estime l'élu, qui met en avant plusieurs éléments. Le fait notamment que 40% d'entre elles seraient "éloignées de toute politique publique". Sur le plateau de France 2 ce samedi, Alexis Corbière a aussi indiqué que "ce sont des gens en vérité qui sont plutôt des gens âgés, des gens pauvres", vers lesquels "il faut aller". Une analyse partiellement erronée.

Des fractures multiples

Les données publiques partagées par les autorités de santé ne permettent pas de connaître en détail le profil des Français qui refusent toujours le vaccin. Néanmoins, des travaux et statistiques permettent de nous éclairer, à l'instar d'une récente étude dirigée par le sociologue de l'Inserm Jeremy Ward. Du 2 au 17 décembre, un échantillon de 2022 personnes, représentatif de la population adulte résidant en France métropolitaine a été consulté, afin de chercher à obtenir une série d'informations, parmi lesquelles le statut vaccinal. Les questions ont permis de mieux comprendre le profil des individus interrogés et de mieux identifier certains traits propres aux personnes non-vaccinées.

Au Parisien, le chercheur a glissé qu'environ 40% de ces gens ne se tournent pas vers les vaccins "principalement par difficulté d'accès". Cela regroupe tout autant "des immigrés, des personnes très âgées à la campagne..." Les 60% restants, eux, disent "non" au vaccin par réelle conviction. Les 40% évoqués par le spécialiste font écho au chiffre fourni par Alexis Corbière. Dans un tweet, le député faisait d'ailleurs référence aux travaux de l'Inserm.

Lire aussi

En revanche, il convient de nuancer la suite de son intervention, où il indique que les non-vaccinés seraient plutôt âgés et pauvres. En effet, Jeremy Ward et ses confrères dressent des observations différentes : "les répondants qui refusent encore de se faire vacciner contre le Covid sont plus souvent des femmes, jeunes, se sentant proches de partis de la droite radicale et de la gauche radicale, ou ne se sentant proches d’aucun parti", écrivent-ils. Les informations chiffrées fournies par Santé Publique France (SPF) sont assez claires : quand 91,8% des plus de 60 ans ont reçu au moins une dose, cette proportion chute à 85,4% chez les 12-29 ans, à 84,4% chez les 12-24 ans, et à 80,9% chez les 12-17 ans, pourtant éligibles au vaccin depuis le 15 juin.

Le niveau de revenus joue par ailleurs un rôle, tout comme l'accès global aux soins. "Ceux pour qui il est très facile d’acheter des médicaments s’ils en ont besoin ont plébiscité ce vaccin. Ils sont plus de 95 % à avoir été vaccinés ou à compter le faire. Cette proportion est seulement de 82 % chez ceux pour lesquels il est très difficile d’acheter ces médicaments."  Par ailleurs, "on trouve des écarts similaires entre ceux pour lesquels il est très facile de payer toutes les factures à la fin du mois et ceux pour lesquels c’est très difficile (92 % vs 79 %)".

Il est intéressant de noter que les résultats de cette consultation chapeautée par l'Inserm rejoignent ceux de travaux conduits quelques semaines auparavant par Santé Publique France. L'agence, qui se focalisait sur les personnes ne souhaitant pas se faire vacciner, les décrivait comme "majoritairement des femmes (64 %), vivant en milieu rural (65 %), déclarant une

catégorie socio-professionnelle inférieure (46%), une perception de la gravité de la Covid-19 inférieure à la médiane (72 %)". Tout en notant un "niveau d’adhésion faible à la vaccination en général (79 %)" et une absence de "confiance dans les pouvoirs publics pour contrôler l’épidémie (89 %)". Enfin, "20 % de ces personnes déclaraient qu’elles ne suivraient pas les recommandations en termes d’isolement lors de symptômes et de test positif (versus 6% chez les personnes vaccinées)". 

Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.


Thomas DESZPOT

Tout
TF1 Info