L'Île-de-France connaît une baisse de son taux d'incidence depuis plusieurs semaines.Dans cette région, comme ailleurs, le variant Omicron est dorénavant majoritaire.La nouvelle souche BA.2 pourrait changer la donne.
Serait-ce un début d’éclaircie dans cette épidémie ? Alors que le nombre de contaminations continue de grimper dans l'Hexagone, on observe un changement de braquet en Ile-de-France depuis quelques semaines. Là-bas, le taux d’incidence sur une semaine atteint 3392 cas pour 100.000 habitants du 14 au 21 janvier, contre 4100 vingt jours plus tôt selon Santé publique France. Les admissions en soins critiques sont également en baisse : elles étaient 656 du 3 au 9 janvier, contre 553 du 10 au 16 janvier ; et le nombre d’hospitalisations stagne. Pourtant, il suffit de traverser la région voisine pour observer une situation totalement opposée.
De la Bretagne, direction Bourgogne-Franche-Comté, en passant par le Centre-Val de Loire, les chiffres de l’épidémie n’ont toujours pas entamé leur décrue. Bien au contraire. En Centre-Val de Loire, par exemple, le taux d’incidence a bondi de 1960, du 1er au 7 janvier, à plus de 3100 la semaine passée. Même constat en Auvergne Rhône-Alpes : de 2843 début janvier, il est passé à plus de 4000 du 14 au 21 janvier. À ce jeu-là, la hausse du marqueur de l'épidémie est quasi la même dans chacune des régions, outre l’Île-de-France.
"Une immunité collective temporaire"
Comment l'expliquer ? Pour l’épidémiologiste rennais Jonathan Roux, cette disparité territoriale n’est pas si étonnante. Si la région de Valérie Pécresse connaît aujourd’hui sa décrue, “c’est qu’elle a été l’une des premières à être touchées par le variant Omicron”, hautement contagieux, explique-t-il à TF1info. L’ARS Île-de-France a, en effet, alerté dès le 2 décembre d’un premier cas à Paris. Il faudra attendre, au contraire, le 13 décembre pour que le variant atteigne l’Occitanie. La Bretagne comptera, elle, ses cinq premiers cas Omicron, le 16 décembre.
“En Ile-de-France, Omicron a donc eu le temps de s’imposer”, appuie le scientifique qui pointe les “nombreux brassages de population” dans cette partie de la France. Résultat, aujourd’hui, “il a pris la place de Delta et il a beaucoup plus de mal à contaminer les Franciliens (...) puisqu’il l’a déjà fait. D’une certaine façon, cette région a atteint une immunité collective temporaire”, continue Jonathan Roux, soulignant que le phénomène "arrivera dans les autres territoires" très bientôt. "Il est encore impossible de donner une date", prévient-il.
D’autres raisons pourraient expliquer cette différence régionale : la capacité de dépistage, le respect des gestes barrières et dans une moindre mesure, la vaccination. “On sait pertinemment que le vaccin protège contre les formes graves, mais moins contre la contamination, rappelle Jonathan Roux. Cependant, si vous êtes vacciné avec la dose de rappel, vous accentuez vos chances de ne pas contracter le virus.”
Le 19 décembre, le Conseil scientifique signalait dans son avis les risques, notamment de tension hospitalière, pour ces territoires où les taux d'incidence demeuraient les plus forts. "Dans le Sud de la France (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, et Provence-Alpes-Côte d'Azur), les niveaux d'occupation des lits sont déjà similaires à ceux rencontrés au pic des vagues précédentes", prévenaient les scientifiques.
Mais là encore, comme l’avait déjà fait Omicron auparavant, un nouveau variant pourrait changer la donne. Aujourd’hui, la communauté scientifique scrute d'ailleurs avec attention le “petit frère” d’Omicron, nommé BA.2. D’après les dernières données - encore peu nombreuses - du Danemark et de l’Inde, où ce sous-variant est déjà présent, “on observe qu’il pourrait être plus contagieux encore”, alerte Jonathan Roux, mais "pas forcément plus dangereux".