Covid-19 : Omicron, froid... la fiabilité des tests mise à mal ?

A. LG
Publié le 31 janvier 2022 à 16h06, mis à jour le 1 février 2022 à 10h36

Source : TF1 Info

La hausse sans précédent du nombre de tests effectués en pleine vague Omicron s'accompagne de témoignages évoquant des discordances de diagnostic. Mais quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ces faux résultats ?

Autotest positif suivi d'un test antigénique négatif, autotest négatif suivi d’un test PCR positif, mêmes symptômes typiques chez plusieurs membres d’un même foyer mais résultats de test différents… si le nombre de tests de dépistage du Covid-19 a atteint des records pendant cette cinquième vague, avec encore près de onze millions de résultats délivrés la semaine dernière en France, il a aussi mis au jour des incohérences de diagnostic. 

Des particularités du variant Omicron aux températures qui accompagnent cette vague épidémique en passant par le recours accru à certains types de tests, plusieurs facteurs permettent d'expliquer les faux résultats dont certains se font l'écho ces jours-ci. On fait le point.

Plus d'autotests et de tests antigéniques

Ces discordances observées émanent d’abord de la hausse continue, ces dernières semaines, d'autotests et de tests antigéniques effectués. Si ces derniers ont l'avantage de délivrer un résultat en quelques minutes seulement, ils s'avèrent moins sensibles que les tests PCR, considérés comme tests de référence en matière de détection du Covid-19, avec une fiabilité estimée à 90%, selon les dernières études. Pour rappel, tandis que les premiers détectent les antigènes présents à la surface du virus, les seconds recherchent le matériel génétique du virus. 

Les autotests, à savoir des tests antigéniques à effectuer chez soi par prélèvement nasal, donnent notamment lieu à près d'un sur deux faux négatifs chez les asymptomatiques d'après une étude de chercheurs suisses. 

Particularités d'Omicron

À ce premier facteur, s'ajoute une mise en garde venue fin décembre des autorités sanitaires américaines et inhérente aux nombreuses mutations du variant Omicron. "Des données préliminaires suggèrent que les tests antigéniques détectent bien le variant Omicron, mais avec une sensibilité réduite", a ainsi déclaré le mois dernier l'Agence américaine des médicaments (FDA), précisant continuer à autoriser leur usage, en suivant les indications précises d'utilisation.

"Si une personne est testée négative avec un test antigénique, mais est suspectée d'avoir le Covid-19, par exemple en ayant des symptômes ou une haute probabilité d'infection à cause d'une exposition, un suivi avec un test moléculaire (ou PCR, ndlr) est important", a souligné l'agence.

L'impact du froid

Ces derniers jours, plusieurs experts ont alerté sur un autre facteur pouvant nuire à la fiabilité des tests antigéniques : les températures trop basses.  "Il ne faut pas stocker les tests au froid", a de son côté insisté Gilles Bonnefond, porte-parole de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, dans les colonnes du Parisien. "La notice indique une plage de température entre 2 et 30 °C. Si les tests ont été gelés, cela dégrade complètement la matrice", et fait courir un risque de résultat positif, même chez un patient non contaminé par le virus. 

"Afin de garantir les performances des tests, il est indispensable que les conditions de stockage, de conservation et d'utilisation soient respectées conformément à leur notice d'utilisation", insiste de son côté la Direction générale de la santé soulignant que la température de conservation requise dépend des fabricants. Et de préciser : "Une utilisation non conforme aux préconisations de la notice constitue un 'mésusage' et ne permet pas de garantir les performances du dispositif et un résultat fiable."

D'autres facteurs ?

"Plusieurs éléments peuvent interférer" sur le résultat du test, explique auprès de TF1info Lionel Barrand, président des Biologistes médicaux. "Si vous versez une boisson à bulle ou acide sur un test antigénique ou un autotest, le résultat peut être positif", illustre-t-il, en écho à une pratique qui se répand chez les adolescents leur permettant de sécher les cours. Pour fausser le test, ils utilisent du coca, du citron, de la bière, du kiwi ou encore du ketchup.

"C'est pareil pour le froid", insiste Lionel Barrand, insistant ainsi sur le fait que la température a autant son importance au moment du stockage, qu'au moment de l'analyse du test, au risque d'"entraîner un résultat faussé." Et de détailler : "Selon les fabricants, les tests sont prévus pour être utilisés à température ambiante. Si vous le réalisez à 2 °C, il y a plus de risque d'interférence, donc de faux positif (...) Cela a déjà été décrit, notamment lors de la première vague. En biologie, 70% des erreurs sont liées à la partie qui précède l'analyse. L'hiver, dans les barnums (des pharmacies), c'est donc inquiétant, il faut faire attention." 


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