INTERVIEW - Parmi les mesures annoncées ce mercredi 31 mars pour tenter d'enrayer la progression du virus : l'augmentation des lits de soins intensifs pour atteindre les 10.000. Une solution qui n'est toutefois pas sans conséquences, selon le Pr Mégarbane, chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisière.
Étendre les capacités en réanimation… oui, mais à quel prix ? Depuis plusieurs semaines, la situation sanitaire se dégrade en France, les lits de réanimations étant notamment de plus en plus saturés. Face à ce constat d'une particulière gravité, Le chef de l'Etat a annoncé un nouveau tour de vis dans l'Hexagone.
De nouvelles restrictions accompagnés par "des renforts supplémentaires" pour faire face à l'afflux de malades graves mais également par une augmentation d'un peu plus de 10.000 lits "en particulier aussi avec l'ouverture de nouvelles capacités d'accueil dans certains hôpitaux parisiens". Une mesure réclamée par certains soignants qui se révèle casse-tête comme nous explique le professeur Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation de l'hôpital Lariboisière à Paris.
Peut-on encore augmenter les capacités françaises en réanimation ?
Oui, en créant de nouveaux lits éphémères de réanimation. Ce sont des lits qui ne sont pas habituels, dans des secteurs qui ne sont initialement pas dédiés à la réanimation, à savoir les salles de réveil, les blocs opératoires, ou les autres secteurs de médecines transformés en soins intensifs. Il existe donc une possibilité d'augmenter la réa en France, mais il faut davantage de personnels. Pour cela, il est nécessaire de déprogrammer des interventions chirurgicales pour orienter des médecins et infirmiers anesthésistes des blocs opératoires vers ces nouveaux lits. Autre solution, le recours à des étudiants infirmiers ayant reçu une formation accélérée en soins critiques. Évidemment, il faut aussi un peu de matériel, notamment d'oxygénation à haut débit. Il sera important de réserver les lits de réanimation pérennes, avec les médecins réanimateurs professionnels et infirmiers de réanimation habituels, aux patients les plus lourds. Les autres unités qui s'ouvriraient, principalement pour des soins intensifs sans intubation, pourraient être surveillées par des médecins non-réanimateurs.
Le principal problème se situe au niveau de la déprogrammation des opérations habituelles
Pr Bruno Mégarbane, médecin-réanimateur
Une mesure qui n'est pas, on l'imagine, sans inconvénients...
En Île-de-France, au cours de la première vague, on est monté jusqu'à 3000 lits de réanimation. On a ensuite été bloqué par le manque de personnel, même si, à l'époque, des renforts sont arrivés d'autres régions. L'importance de l'extension des capacités de réa dépend de celle des déprogrammations et de l'intensité à laquelle les hôpitaux centrent leurs activités autour du Covid. Le principal problème se situe donc au niveau de la déprogrammation des opérations habituelles, des programmes médicaux (pour les maladies chroniques, ndlr) et des diagnostics. Des patients considérés comme moins urgents voient alors leur intervention décalée.
Dans quelle région faudrait-il privilégier ces déprogrammations ?
Logiquement, l'augmentation des lits de réanimation doit être privilégiée dans les régions les plus touchées. Il faut une conjonction de deux éléments : le taux de saturation des réanimations et la vitesse d'augmentation de l'épidémie. À ce titre, je pense que l'Île-de-France apparaît comme la priorité, car c'est le territoire où la densité de population est la plus importante et le brassage le plus considérable. La situation peut s'y dégrader dans des proportions plus importantes qu'ailleurs. Au contraire, l'épidémie met plus de temps à avancer dans une région peu dense. Quoiqu'il en soit, cela ne sert à rien de déprogrammer à 90% dans les régions relativement épargnées comme celles de l'ouest du pays.
Des hôpitaux de campagne pourraient-ils revoir le jour, comme au printemps dernier ?
Ils peuvent certainement représenter une alternative, mais je ne connais pas le délai de mise en place. Je dirai que dans une région comme l'Île-de-France, avec beaucoup d'hôpitaux et de structures hospitalières, c'est moins utile. Il y a déjà les murs et les lits. En revanche, l'afflux de médecins supplémentaires, notamment via l'armée, peut effectivement se révéler très pertinent.
Quid des transferts de patients ?
Cette solution peut aussi être efficace, mais à grande échelle. Si 100 patients quittaient les services de réanimation des hôpitaux d'Île-de-France chaque semaine, cela aurait très certainement des effets. Néanmoins, la solution consistant à rendre obligatoires ces transferts inter-régionaux est délicate. Il ne s'agit pas d'une ligne infranchissable, mais d'une ligne difficile à franchir. Le cas échéant, une telle décision risquerait de cristalliser un mécontentement très important. D'un point de vue sanitaire, cela peut être décidé dans une optique de sauvegarde nationale, mais il faudra nécessairement un cadre juridique.
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