La France fait-elle les bons choix face au virus ?

En Ile-de-France, les transferts de patients en réanimation peinent à s’organiser

Publié le 17 mars 2021 à 12h27
JT Perso

Source : TF1 Info

HÔPITAUX - Depuis le lancement de l’opération "chardons" ce week-end, seuls dix malades en réanimation ont été évacués de l’Ile-de-France vers d’autres régions. Le dispositif ne prend pas, faute de patients éligibles et de l’accord des familles.

Vues comme le dernier recours face à des services de réanimation saturés en région parisienne, les évacuations sanitaires peinent pourtant à s’organiser. Tandis qu’une centaine de malades devaient quitter l’Ile-de-France d’ici la fin de semaine, seuls dix d’entre eux ont été transférés "en trois jours", a indiqué mardi 16 mars Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), au micro de RTL

Résultat, les deux trains qui devaient transférer 80 patients cette semaine restent pour le moment à quai. Parmi eux, le TGV devant relier la gare d’Austerlitz à celle de Limoges jeudi 18 mars a tout simplement été annulé. Comme l'a indiqué la Direction générale de la Santé (DGS) à LCI, les évacuations sanitaires vont se limiter cette semaine à des évacuations dites "perlées" par voie aérienne. Les transferts d’un plus grand nombre de patients en train sanitaire ne sont pas prévus avant la semaine prochaine, et seulement "si la situation des tensions dans les services de réanimation le nécessite". 

Un critère essentiel de stabilité du malade

Pourtant, ces transferts massifs n’ont pas été ralentis ou reportés lors de la première vague épidémique. Au total, 658 patients ont été évacués d’un hôpital à un autre entre la mi-mars et la mi-avril 2020. Depuis le mois d’octobre dernier, 357 malades en réanimation ont été déplacés. Alors, qu’est ce qui coince cette fois ? Selon Martin Hirsch, "à peine plus de 10%" des 1177 patients actuellement admis en réanimation pour une contamination au Covid sont en fait "suffisamment stables" pour être éligibles à tout déplacement vers l’ouest de la France, dans les Pays-de-la-Loire, en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie.

En effet, le choix de déplacer des malades graves en hélicoptère ou en TGV médicalisé repose sur plusieurs critères passés en revue par les équipes soignantes et les chefs des services d’origine, et notamment sur l’état du patient. Comme le rappelle la DGS, "le choix des vecteurs des évacuations sanitaires dépend non seulement de la volumétrie de patients à transférer, mais également de la distance à parcourir, ainsi que des critères médicaux des patients et des capacités d’accueil des régions les moins en tension". Ainsi, ces évacuations sanitaires sont des "opérations humainement et logistiquement lourdes, décidées en fonction des besoins de chaque région". 

Des familles plus réticentes qu'au printemps

Le patient doit donc être stabilisé pour supporter un long voyage mais la famille doit aussi présenter son accord à son transfert d’une région à une autre. Ce qui présente des difficultés aujourd’hui, d’après le directeur de l’AP-HP, selon qui "il y a un taux de refus de famille qui est un peu plus élevé qu'au printemps" parmi ces 10% de patients éligibles au voyage. "Le gros problème, c’est qu’on a probablement sous-estimé le refus des familles", a abondé dans ce sens Frédéric Adnet, chef des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis) à France Bleu Paris. Ce refus s’explique en partie par le fait que les visites de proches hospitalisés pour un cas de Covid sont aujourd’hui possibles, ce que le confinement strict imposé pendant la première vague interdisait. 

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Dans ce contexte, laisser s’éloigner son parent malade peut être une décision plus difficile à prendre. "On peut comprendre qu'une famille soit très réticente à laisser partir un de ses proches en danger vital à l'autre bout de la France. Si on a des évacuations sanitaires, elles seront ponctuelles. L’option évacuation massive n’est plus d’actualité", a conclu Frédéric Adnet. Avec un taux d’occupation des lits de 102,6%, les services de réanimation franciliens sont saturées et le nombre de patients est équivalent à celui du pic de la deuxième vague.


Caroline QUEVRAIN

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