ETAT DES LIEUX - En proie à une circulation accrue de l'épidémie de Covid-19, les départements franciliens pourraient faire l'objet de mesures de confinements locaux à partir du week-end du 6 mars. La mairie de Paris réclame, elle, des mesures plus drastiques. Mais que disent précisément les chiffres ?
Doit-on s'attendre à un confinement imminent de toute l'Ile-de-France ? Si le gouvernement se donne jusqu'au 6 mars pour envisager "des mesures de freinage proches de celles mises en place à Nice et Dunkerque", la Mairie de Paris mise de son côté sur un confinement de trois semaines dans la capitale. Un bras de fer - teinté de polémique politique - s'est ouvert entre l'Etat et la maire de Paris. Le premier demandant à la seconde de "ne pas jouer avec les nerfs des Français" sur un confinement éventuel... Mais que disent vraiment les indicateurs à ce jour ? La capitale et la région Île-de-France sont-elles par exemple dans une situation critique similaire au premier confinement de mars 2020 ?
En premier lieu, au 25 février, le "R effectif", le fameux R0, reflet de la vitesse de propagation du Sars-Cov-2, se situait à 1,09 en Ile-de-France selon le site CovidTracker. Pour rappel, si ce chiffre est inférieur à 1, "l'épidémie régresse", a contrario, quand le R est supérieur à 1, cela veut dire que la tendance est à la hausse du nombre de cas. Ce qui semble donc être le cas.
Que dit le taux d'incidence ?
A l'instar des autres territoires placés sous "surveillance renforcée" ce jeudi, le taux d'incidence en Ile-de-France est supérieur à 250, le seuil d'alerte maximum fixé par les autorités. Dans la région, cet indicateur progresse chaque jour et a encore bondi de 280 à 301 cas pour 100.000 habitants sur sept jours entre dimanche et lundi, selon les derniers chiffres diffusés jeudi par l'Agence régionale de santé. Samedi, déjà, un rebond sur sept jours à 277 cas pour 100.000 habitants avait été enregistré, contre 269 la veille, selon les chiffres de l'Agence régionale de santé (ARS).
Et si la capitale est encore loin des records de Nice (plus de 700 cas en une semaine pour 100.000 habitants) et de Dunkerque, (plus de 900 cas), avec un taux d'incidence de 304, la tendance reste à la hausse. Comme Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val de Marne ont dépassé les 300 cas pour 100.000 habitants, avec des taux respectifs de 318 et 301. Les autres départements franciliens s'en rapprochent également, avec des taux allant de 244 dans les Yvelines, à 279 dans le Val-d'Oise.
Quelle influence des variants ?
Parmi les "indicateurs défavorables" scrutés par le gouvernement figure aussi une part de variant "supérieur à 50%", une pression hospitalière "proche du seuil critique". Or, dans la région francilienne aussi, le taux de pénétration des variants est non seulement "majoritaire" mais aussi en augmentation (56,29%), d'après les données provenant de la plateforme Si-Dep et exploitées par Santé publique France.
Dans le détail, les Hauts-de-Seine (62,66%), la Seine-et-Marne (58,08%) et la Seine-Saint-Denis (56,1%) apparaissent comme les trois départements les plus touchés tandis que Paris enregistre un taux de variant anglais un peu supérieur à la moyenne nationale : 52,46%. A titre de comparaison, dans la capitale, la part des variants était estimée de 30 à 50 % par Santé publique France au 18 février tandis que dans les Hauts-de-Seine elle était estimée à plus de 50 % de variants. A l'échelle de la région, au début du mois, ce taux se situait autour de "15 à 20 %", estimait à l'époque Rémi Salomon, président de la Commission médicale de l’AP-HP.
Plus de 5000 hospitalisations
D'après les données fournies par Sante Publique France, on dénombre ce jeudi 25 février 2021 dans la région Ile-de-France, 798 (+69 en 24h) cas graves en réanimation et 5049 personnes hospitalisées (+301 en 24h). Plus du quart de ces hospitalisations concernent les hôpitaux parisiens, avec 929 patients recensés au 25 février. "La situation est tendue depuis plusieurs semaines. Il y a une augmentation régulière et lente du nombre d’entrées en réanimation", a détaillé ce lundi Martin Hirsch sur France Inter, soulignant qu'"en janvier, nous avions 25 entrées par jours. Aujourd’hui, nous en avons 50 tous les jours." Dans la capitale, 222 personnes figurent ainsi en réanimation (plus de 300 en novembre), et 929 à l'hôpital (près de 1500 il y a trois mois) mais le taux d’occupation en réanimation est de 57 %, proche du seuil d’alerte de 60 % déjà franchi en Île-de-France, où 70 % des lits de réanimation sont occupés par des malades du Covid-19 selon CovidTracker .
Sur sept jours, la moyenne des hospitalisations quotidiennes montre une augmentation assez progressive à Paris, mais plus marquée pour les départements qui l'entourent, notamment en Seine-Saint-Denis où 101 patients étaient admis en réanimation le 25 février, un chiffre similaire à celui atteint début novembre. Dans le Val-d'Oise, au 25 février, 46 personnes étaient admises en réanimation, soit 78% des lits ouverts avant la crise. En Seine-et-Marne, il y avait plus de patients dans les hôpitaux que de lits disponibles avant le début de la crise, avec un taux d'occupation de 105%, toujours selon CovidTracker. Dans les Hauts-de-Seine, les services de réanimations se remplissent également peu à peu depuis le début de l'année, avec un taux d'occupation des lits de réanimations présents avant la crise de 79%. Dans l'Essonne, le nombre de personnes hospitalisées (614) est toutefois à la baisse, après avoir atteint un pic en février plus élevé qu'à l’automne, au cours du deuxième confinement.
La situation est-elle plus dégradée qu'à la veille du premier confinement du printemps dernier ? Le 16 mars 2020, alors que les hôpitaux franciliens faisaient face à l’afflux de malades à la veille du premier confinement, 1240 cas confirmés de Covid-19 étaient pris en charge dans la région tandis que 200 patients étaient hospitalisés en réanimation, selon le bilan de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. Soit beaucoup moins qu'aujourd'hui. S'agissant des indicateurs relatifs au taux d'incidence et au taux de pénétration des variants, impossible toutefois de tenter un rapprochement avec les semaines qui ont précédé le premier confinement car, à cette époque, les tests n'étaient pas réalisés aussi massivement qu'aujourd'hui.
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