Covid-19 : les médecins ne peuvent-ils prescrire "que du Doliprane" aux malades ?

Felicia Sideris & service politique TF1/LCI
Publié le 4 janvier 2022 à 18h45
Covid-19 : les médecins ne peuvent-ils prescrire "que du Doliprane" aux malades ?
Source : MYCHELE DANIAU / AFP

SANTÉ - Marine Le Pen a accusé le gouvernement de bloquer la prescription de médicaments aux patients atteints du Covid-19. La candidate à la présidentielle a affirmé que les médecins "n'ont plus le droit de prescrire autre chose que du Doliprane". C'est faux.

Marine Le Pen a entamé sa rentrée en fustigeant la stratégie gouvernementale face au Covid-19. Devant les caméras qui l'attendaient dans la salle des Quatre colonnes, la candidate à l'élection présidentielle a improvisé un point presse ce lundi 3 janvier pour accuser les autorités de faire le choix du "tout vaccinal", au détriment de "mesures de prévention". Parmi elles, le "médicament". 

La députée du Pas-de-Calais a ainsi déclaré avoir "déposé un amendement" dans lequel elle réclamait "qu'on restitue aux médecins la liberté de prescription". Elle regrette que ces derniers "n'ont plus le droit de prescrire autre chose que du Doliprane" aux malades du Covid-19. Qu'en est-il réellement ? 

VIDÉO - Les médecins ne peuvent prescrire "que du Doliprane", selon Marine Le PenSource : TF1 Info

Un amendement jugé "irrecevable"

Cet amendement ne figure pas dans les textes discutés sur le site de l'Assemblée nationale. Et pour cause, la cheffe du Rassemblement national indique qu'il a été "rejeté comme étant un cavalier législatif". Pour rappel, on appelle "cavalier législatif" un amendement dépourvu de lien avec le texte de loi examiné. Il apparait en effet sur le site de la chambre basse qu'un amendement déposé par Marine Le Pen a bel et bien été déclaré "irrecevable (…) en application de l'article 89 du règlement de l'Assemblée nationale". S'il est impossible de savoir ce qu'il contenait avec exactitude, l'entourage de Marine Le Pen assure au service politique de TF1/LCI qu'il réclamait "qu'on restitue aux médecins la liberté de prescription". 

Voilà pour la forme, mais quid du fond ? Cette idée selon laquelle "les médecins ne peuvent plus prescrire", Jacques Battistoni l'a trop souvent entendue. Après de LCI.fr, le président du syndicat MG France confie qu'elle n'est "pas anodine". "On l'entend chez tous ceux qui voudraient prescrire de l'hydroxychloroquine ou de l'ivermectine", regrette-t-il. Deux traitements qui sont, de fait, non prescrits à un patient atteint du Covid-19 en France tout simplement parce que ni l'un, ni l'autre, n'ont fait leur preuve pour lutter contre cette maladie.

Cela signifie-t-il pour autant que les médecins ne prescrivent "que du Doliprane" comme l'a suggéré Marine Le Pen ? Cette affirmation fait bondir le patron du premier syndicat de médecins généralistes de France. Effectivement, pour le moment, il n'existe pas de traitement spécifique au Covid-19. Ceci dit, "au même titre que pour d'autres virus comme le Sida ou la grippe (...) on traite les symptômes". Comprendre par là que, comme nous l'ont expliqué tous nos interlocuteurs, les médecins à travers le pays disposent d'une batterie de solutions proposée aux malades du Covid-19 qui arrivent dans leur cabinet. 

Des solutions en fonction de l'état de santé

Ainsi, Jacques Battistoni, qui rappelle qu'une consultation "c'est d'abord évaluer l'état de santé médical" d'un patient, souligne que l'ordonnance dépend de l'état de santé. Une règle d'or confirmée par Claude Bronner, cheffe du syndicat Union généraliste FMF, ainsi que Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins. Ils nous expliquent tous les trois que, pour les formes les plus graves, la personne est redirigée vers un hôpital où les anticorps monoclonaux peuvent être injectés. 

Pour les formes intermédiaires, les médecins généralistes peuvent prescrire de l'oxygène à domicile, en relation avec l'hôpital. Enfin, ils peuvent traiter les complications liées à la maladie, "avec des traitements antibiotiques, voir des corticoïdes pour éviter ou raccourcir une hospitalisation", expliquent nos trois interlocuteurs. 

Prescrire du Doliprane, c'est une prise en charge
Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins

Quant aux formes légères, les médecins y répondent effectivement avec du paracétamol - antalgique que contient le Doliprane - ou des anti-inflammatoires. "Ce qui est déjà pas mal quand on a de la fièvre et des douleurs", nous rappelle Claude Bronner. 

Des médicaments qui sont donc prescrits "autour du virus et non pas en réponse spécifique au Covid-19", résume Serge Smadja. Et qui constituent l'une des réponses apportées aux malades du Covid-19. Auprès de LCI.fr, le secrétaire général de ce vaste service d'urgence à domicile rappelle ainsi qu'une consultation consiste "aussi à vérifier s'il y a une forme grave" ou encore répondre aux questions et inquiétudes des patients. En somme : "La qualité de la réponse médicale ne se juge pas par la longueur de l'ordonnance".

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