RECHERCHE - Selon deux études parues ce jeudi dans la revue Science Immunology, 25% des cas du Covid-19 ayant conduit à des soins en réanimation s'expliquerait par une défaillance génétique ou immunologique.
Voilà qui vient conforter les précédents travaux d'une équipe française qui, à l'automne dernier, avaient déjà mis en évidence qu'une partie des patients admis en réanimation pour Covid-19 présentent une faible réponse immunitaire. L'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué ce jeudi soir, que de nouvelles données permettent désormais d'attribuer un quart des formes sévères de la maladie à une défaillance génétique ou immunologique.
C'est ce à quoi concluent deux études issues d'une collaboration internationale et tout juste publiées dans la revue Science Immunology après des mois de travaux approfondis et des tests affinés sur la question.
La protéine IFN1 ciblée
Plus en détail, les chercheurs à l'origine de ces nouveaux résultats expliquent avoir détecté chez plusieurs patients des anomalies du gène TLR7 qui produit de la protéine IFN1 elle-même essentielle pour empêcher que le virus ne se propage dans l'organisme. Cette défaillance serait ainsi responsable d'environ 1,3% des formes graves, cette proportion grimpant même à 1,8% chez les moins de 60 ans.
Les scientifiques ont par ailleurs observé que les malades concernés possédaient des auto-anticorps conduisant à bloquer l'effet protecteur de la protéine IFN1. Cet autre cas de figure serait, lui, responsable de 15 à 20% des formes graves. Or, ce que soulignent en outre les scientifiques c'est qu'avec l'âge la quantité de ces auto-anticorps augmente, à raison de 0,2 à 0,5% avant 65 ans, d'environ 4% entre 70 et 79 ans et d'environ 7% entre 80 et 85 ans. De quoi expliquer, pourquoi l'âge se révèle être depuis l'appariation du Covid-19 un facteur aggravant de la maladie.
De futurs tests pour identifier les personnes à risque ?
À la lumière de ces conclusions, des tests de prédispositions pourraient être envisagés à l'avenir afin de déterminer si une personne est donc à risque de forme grave du Covid-19. Le spécialiste Cerba HealthCare y travaille déjà.
"Il est vrai que la sensibilité individuelle est certainement un paramètre important", a commenté ce vendredi sur LCI l’épidémiologiste suisse Didier Pittet, avant de nuancer. "Il n'en reste pas moins que ce virus est extrêmement contagieux, qu'il se propage extrêmement facilement et que cette tendance à générer de nouveaux variants a une raison pour ce virus : sa survie", a-t-il insisté. Or, estime-t-il, "plus nous prendrons de temps à limiter la propagation plus nous courrons les chances de nouveaux variants qui seront encore plus résistants ou échapperont encore mieux à notre immunité". Et de conclure : "Ces données génétiques sont donc importantes mais elles ne nous permettent pas d'instaurer des degrés différents de prévention par rapport au risque d'acquérir la maladie".
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