INTERVIEW - L'abaissement du délai pour la dose de rappel, des 6 mois habituellement recommandés à 5 mois après la dernière injection, est envisagé par le gouvernement. Est-ce souhaitable ? L'immunologue Stéphane Paul n'y voit "aucun problème".
Plus de 30.000 nouvelles contaminations mardi 23 novembre, une hausse de 80% des cas quotidiens en une semaine... Face à la reprise épidémique qualifiée de "fulgurante" par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal ce mercredi, les autorités françaises vont annoncer jeudi l'accélération de la campagne de vaccination. Parmi les mesures qui devraient être confirmées par Olivier Véran jeudi : l'élargissement du public cible pour la dose de rappel et le raccourcissement de son délai de 6 à 5 mois après la double vaccination. Un avis de la Haute autorité de santé (HAS) est attendu avant l'officialisation de cette dernière mesure.
Jusqu'ici, le gouvernement, qui se conforme à chaque fois aux avis de la HAS, "recommandait" de respecter le délai de "6 mois entre la primovaccination complète et l’administration d’une dose de rappel". À l'étranger, dans certains pays comme l'Italie ou à Singapour, l'échéance est déjà raccourcie d'un mois. Y a-t-il un danger sanitaire si la France suit ce chemin ?
"Pas un problème" sanitaire
"Ce délai est purement arbitraire, basé sur des études immunologiques dont les résultats diffèrent parfois", indique à LCI Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Etienne. La HAS parle d'une variation entre "30 à 70%" des taux de protection du rappel face au virus selon les rapports.
"Les scientifiques se basent sur les données de personnes, 3 mois et 6 mois après leur double-vaccination", continue le scientifique. "On sait maintenant qu'après 6 mois, plus de 80% des plus de 50 ans vaccinés perdent une grande majorité de leurs anticorps contre le Covid-19. Mais cela ne veut pas dire que la situation ne s'avère pas la même à 5 mois."
Pour l'immunologue, "ce n'est pas un problème" si un Français reçoit sa dose de rappel à 5 mois plutôt qu'6. "Dans une réponse immunitaire, il y a toujours un moment optimal pour recevoir son vaccin : c'est quand vous ne produisez plus d'anticorps", dit-il. "L'injection vient là réactiver vos cellules mémoires pour en produire à nouveau."
Peut-on envisager de recevoir sa dose de rappel encore plus tôt ? Pas forcément utile, juge toutefois l'immunologue. "Le risque, c'est que vous êtes déjà pleinement protégé par le vaccin et qu'aussi tôt, vous ne bénéficiez pas de tous les bienfaits de l'injection."
Un élargissement prévu à tous les plus de 18 ans
Avant son officialisation par Olivier Véran, l'abaissement du délai à cinq mois doit également faire l'objet d'une consultation des parlementaires et des élus locaux, comme les autres mesures prévues par l'exécutif.
Jusqu'ici en France, la dose de rappel était autorisée aux 65 ans et plus et devait être ouverte aux 50 ans et plus dès le 1er décembre. L'exécutif devrait ouvrir la voie à une généralisation du rappel pour les plus de 18 ans ce jeudi.
Selon une étude de The Lancet, en octobre, faite sur plus presque 1,5 million de personnes vaccinées, l'injection supplémentaire serait efficace à 93% contre l'hospitalisation due au Covid-19, à 92% contre les formes graves et à 81% contre le risque de mort après la maladie.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info