Covid-19 - Vaccination des 5-11 ans : faut-il s'inquiéter, comme certains parents, de risques hormonaux ?

Recueilli par A. LE GUELLEC
Publié le 15 décembre 2021 à 12h20, mis à jour le 15 décembre 2021 à 12h27
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

ÉCLAIRAGE - La vaccination des moins de douze ans commence ce mercredi, avec une priorité aux enfants dits "à risque" . Hésitants, certains parents redoutent que d'éventuels troubles d'ordre hormonal s'ensuivent. À raison ?

La vaccination des enfants "à risque", susceptibles de développer des formes graves du Covid-19, s'ouvre mercredi, avant sans doute d'être généralisée sur la base du volontariat à tous les autres dans les jours ou semaines à venir.  Avec le feu vert des autorités sanitaires, le gouvernement a ouvert les injections à partir de ce mercredi aux 360.000 enfants présentant un risque de faire une forme grave de la maladie et à ceux vivant dans l'entourage de personnes immunodéprimées.  

Outre l'utilité de ce vaccin pour les plus jeunes qui taraude certaines familles hésitantes, la principale inquiétude exprimée porte en effet sur de supposés effets à long terme, notamment d'ordre hormonal.

Puberté, menstruations, fécondité... Y a-t-il vraiment lieu de s'inquiéter d'un possible effet retardé du vaccin anti-Covid pour les enfants ? Nous avons posé la question à Dominique Deplanque, professeur de pharmacologie médicale et directeur du Centre d'investigation clinique du CHU de Lille. 

LCI : Les inquiétudes exprimées par certains parents concernant d’éventuels effets de la vaccination à long terme sont-elles fondées ? 

Pr Deplanque : Concernant les risques à long terme de la vaccination, l'inquiétude n'est, a priori, pas fondée dans la mesure notamment où la plupart des vaccins, pas seulement les vaccins récents contre la Covid, n'ont pas d'effets indésirables à long terme. Sur le plan de la pharmacovigilance, il est d'ailleurs d'autant plus difficile de rattacher un effet indésirable à la prise d'un médicament que le délai entre la prise de celui-ci et l'effet supposé est important. 

Pour ce qui est des effets indésirables des médicaments à long terme chez l'enfant, la question se pose principalement lorsque le médicament est pris de manière répétée pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois et que, du fait de son mécanisme d'action, il est susceptible d'interagir avec un des processus physiologiques mis en œuvre dans le développement de l'enfant. Les vaccins, notamment à ARNm, ne sont que ponctuellement administrés (deux injections dans un premier temps) et leur présence dans l'organisme est très, voire trop, fugace pour permettre d'induire des effets à long terme.

"L'ARNm est détruit"

LCI : Comment rassurer les parents qui s'inquiètent plus particulièrement de potentiels futurs problèmes hormonaux, tels que des troubles menstruels ou de fécondité ?

Pr Deplanque : Comme évoqué précédemment, il n'y a pas d'élément avéré sur l'impact des vaccins ARNm sur un processus physiologique tels les aspects hormonaux ou encore la fertilité. L'ARNm est comme une "fiche de recette" pour nos cellules, leur indiquant comment fabriquer la protéine Spike du virus afin ensuite que notre système immunitaire fabrique des anticorps dirigés contre cette protéine étrangère. Non seulement cette "fiche" n'interagit pas et n'est pas assimilée dans notre génome, mais en plus, une fois la "fiche" utilisée, l'ARNm est détruit. La prouesse technologique récente consiste d'ailleurs principalement à avoir réussi à stabiliser suffisamment longtemps l'ARNm pour permettre la fabrication de la protéine nécessaire à stimuler l'immunité. 

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Concernant la question des effets sur les menstruations déjà étudiés ces derniers mois, le lien n'est ni clairement ni définitivement établi. De nombreux éléments de contexte sont susceptibles de perturber le cycle menstruel. Et quoi qu'il en soit, si le lien était avéré, toutes les données disponibles indiquent que cet éventuel effet indésirable n'est que transitoire. Peu de risque donc que le vaccin induise un effet hormonal à long terme. Enfin, des vaccins utilisant l'ensemble de l'ARN d'un virus sont administrés à tous les enfants depuis des années (rougeole) et aucun effet indésirable à long terme n'a été rapporté.

"Aucun signal particulier rapporté à ce jour"

LCI : Que nous apprennent les premières données disponibles ?

Pr Deplanque : Les études disponibles chez les plus jeunes enfants (5-11 ans) rapportent principalement les effets indésirables survenant au décours immédiat de la vaccination et qui correspondent à ce qui est habituellement observé en termes de "réactogénicité" post-vaccinale, à savoir une douleur au point d'injection principalement. En Israël et aux USA, la vaccination des 5-11 ans a débuté mi-novembre et aucun signal particulier n'est rapporté à ce jour. 

La pharmacovigilance restera attentive à la survenue de certains effets indésirables notamment les rares myocardites dont actuellement l'ensemble des cas rapportés sont d'évolution totalement favorable. Par ailleurs, depuis plusieurs mois, les femmes enceintes sont vaccinées et aucun problème particulier n'a été rapporté chez les bébés nés dans ces conditions.

"Des arguments pour proposer, sans imposer, la vaccination aux plus jeunes"

LCI : Faut-il en conclure que la balance bénéfices-risques pèse, dans le contexte actuel, en faveur de la vaccination des enfants ?

Pr Deplanque : Le virus circule de manière importante chez les enfants de moins de 12 ans, ce qui contribue sans aucun doute à faciliter la transmission et les infections dans le reste de la population alors que par ailleurs un nombre croissant d'enfants, y compris très jeunes, se trouvent atteint du Covid avec parfois la nécessité d'être hospitalisés. De nombreux enfants sont aussi atteints de pathologies chroniques qui les exposent à des complications en cas de contact avec le virus alors que d'autres enfants peuvent avoir dans leur entourage une personne fragile chez qui le vaccin peut être insuffisamment efficace. Toutes ces raisons sont ainsi des arguments pour proposer, sans imposer, la vaccination aux plus jeunes. 

S'agissant du fait que la vaccination des enfants ne se justifierait pas pour protéger autrui, il y a pourtant au moins une situation où, de longue date, la question ne se pose plus, à savoir la vaccination contre la rubéole. Les enfants sont vaccinés contre la rubéole non pas pour les protéger d'une maladie bénigne pour eux, mais pour protéger les femmes enceintes et leur futur bébé d'une infection potentiellement redoutable.


Recueilli par A. LE GUELLEC

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