PRUDENCE - Si le pic de la quatrième vague semble bel et bien derrière nous, le risque d'une reprise épidémique d'ici l'automne n'est pas à exclure. Plusieurs facteurs pèsent dans la balance.
Bout du tunnel ou simple répit ? Selon les données de Santé publique France, le chiffre des contaminations au Covid-19 poursuivent leur lente décrue dans l'Hexagone. Au total, 10.969 cas quotidiens ont ainsi été enregistrés jeudi, contre plus 15.000 contaminations la semaine précédente. La pression reste elle aussi contenue sur les structures hospitalières, les données sur sept jours indiquant même une légère décrue, avec 3777 hospitalisations, dont 1009 admissions en soins critiques, contre respectivement 4651 et 1067 jeudi dernier.
"On est en bonne voie", a indiqué jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran sur France 2, confirmant que la quatrième vague de Covid-19 tend bel et bien vers un léger fléchissement. "Ce n'est pas le moment de relâcher nos efforts", a-t-il toutefois prévenu dans la foulée. Entre autres parce qu'il reste du chemin à parcourir avant de retrouver le niveau épidémique du mois de juin où le nombre de cas quotidiens se situait entre 2000 et 3000. D'autre part parce que plane toujours la menace d'une cinquième vague à l'automne, plusieurs facteurs étant susceptibles de changer la donne ces prochaines semaines.
Contrecoup de la rentrée
Dans plusieurs pays et régions du monde, comme en Écosse, en Allemagne ou aux États-Unis, la fin des vacances estivales et la rentrée des classes s'est accompagnée d'une hausse du nombre de cas positifs. Assistera-t-on à un tel contrecoup en France ces prochains jours ? Cela fait en tout cas partie des scénarios redoutés par l'exécutif.
"Il y a de nombreux Français qui étaient en vacances dans les régions du Sud et du Sud-Ouest de la France, là où il y a la plus grande circulation du virus, qui vont retourner chez eux dans des régions qui ont été peu touchées par la 4e vague", a notamment averti fin août Olivier Véran. "Il faut être extrêmement vigilant et je demande aux Français qui nous regardent de faire très gaffe dans les jours et semaines à venir, de respecter les gestes barrière, de porter le masque partout où c’est nécessaire, de se laver les mains", avait poursuivi le ministre de la Santé.
Dès la fin mai d'ailleurs, ce dernier avait mis le doigt sur le risque d'une reprise épidémique post-rentrée s'appuyant sur l'exemple de l'été précédent. "Souvenez-vous l'été dernier : le mois de mai se passe bien, en juin il y a la Mayenne, en juillet il y a la Guyane, mais en métropole les choses se passent bien, le virus circule peu, on est dans l'insouciance. Certains experts vous disent que finalement, c'est terminé... Et à la fin du mois d'août et au mois de septembre émergent des diffusions du virus dans les Bouches-du-Rhône".
Une vaccination stagnante
Sur le front de la vaccination on compte désormais 49.448.505 personnes ayant reçu au moins une injection (soit 73,3% de la population totale) et 46.221.399 personnes ayant un "schéma vaccinal complet" (soit deux doses, soit une seule pour les personnes déjà infectées par le Covid ou ont reçu le vaccin Johnson), ce qui représente 68,6% de la population totale. Mais le ralentissement de la vaccination inquiète.
Pour rappel, près de 700.000 doses ont été injectées chaque jour à la fin du mois de juillet après les annonces d'Emmanuel Macron, avant que ce chiffre ne retombe à 450.000 doses en moyenne mi-août et 330.000 le 6 septembre. Or, on le sait désormais, une couverture vaccinale importante, si elle stagne, est loin de suffire pour atteindre l'immunité collective et empêcher une reprise épidémique. En témoigne le cas d'Israël, montré en exemple il y a quelques mois encore dans la lutte contre le Covid-19, mais qui atteint actuellement des records de contaminations tout en étant l'un des pays les plus vaccinés au monde.
C'est d'ailleurs ce sur quoi mettent en garde les dernières modélisations de l’Institut Pasteur relayées cette semaine. Même avec un niveau de vaccination élevé (70 % des 12-17 ans, 80 % des 18-59 ans et 90 % des 60 ans et plus), l’épidémie pourrait rebondir, avec un pic de 5200 hospitalisations quotidiennes, bien au-delà de la première ou de la seconde vague, si toutes les mesures de contrôle étaient levées.
La menace persistante des variants
Le variant delta, qui a rebattu les cartes selon les scientifiques, est lui aussi au cœur des préoccupations. Très contagieuse, cette souche désormais dominante dans l'Hexagone engendre aussi des formes plus sévères de la maladie. Enfin, elle impacte la protection vaccinale même si les vaccins restent très efficaces pour empêcher les cas graves, a confirmé l'Institut Pasteur ce 6 septembre. La fondation insiste de ce fait sur l'importance de maintenir les gestes barrières, y compris entre personnes vaccinées. "Étant donné les caractéristiques du variant Delta, l'arrêt de toutes mesures de contrôle pourrait conduire à un stress important sur le système de santé", considère ses modélisateurs.
"Si on se relâche complètement, en termes de vaccination, de gestes barrières comme le port du masque, le lavage des mains et le passe sanitaire, en effet, on pourrait être confronté à une cinquième vague", abonde auprès de Ouest-France le virologiste Yannick Simonin, maître de conférences l’université de Montpellier (Hérault). Selon lui, "elle pourrait être potentiellement de la même ampleur, voire plus grande que les vagues précédentes."
Changement de saison
"S'il n'y a pas eu de nouveaux variants dans des contrées lointaines et parce que nous aurons suffisamment vacciné et que nous ne voyons pas émerger de vague épidémique, nous pourrons véritablement considérer que la pandémie est derrière nous", avait souligné dès la fin mai le ministre de la Santé, Olivier Véran interrogé sur LCI par Ruth Elkrief, résumant l'enjeu de cette rentrée.
Reste une inconnue : quelle incidence aura la fin de l'été sur la circulation épidémique ? "On sait que la période automnale est propice à la diffusion du virus et est à risque de déclencher des vagues épidémiques", avait-il aussi prévenu à cette période.
"En été, on est plutôt à l’extérieur, on ouvre les fenêtres, on vit dehors et il n’y a pas de clusters qui peuvent se former aussi facilement que l’hiver", rappelait plus récemment le Dr Gérald Kierzek sur le plateau de TF1.
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