Non, le taux d'incidence réel du coronavirus n'est pas inférieur aux chiffres officiels

Publié le 18 février 2021 à 17h43
Non, le taux d'incidence réel du coronavirus n'est pas inférieur aux chiffres officiels
Source : LOIC VENANCE / AFP

PROPAGATION - Une publication assure que le taux d'incidence du coronavirus serait de 21 cas pour 100.000 habitants et non pas "500 comme l'affirme le gouvernement". D'où provient ce chiffre et qu'en est-il réellement ? Nous avons passé cette affirmation au crible.

Au printemps dernier, le gouvernement était accusé de "cacher" l'ampleur des cas de coronavirus. Désormais, on lui reproche le contraire. Chiffres du "taux d'incidence" à l'appui, plusieurs internautes assurent qu'il n'y aurait tout simplement "pas d'épidémie" actuellement en France. Pour porter cette thèse, ils se basent sur des chiffres issus du réseau Sentinelles et repris dans un article publié le jeudi 11 février. Si les données avancées sont bien réelles, elles sont sorties de leur contexte.

Le prisme d'une seule source

"Voici les derniers résultats du réseau Sentinelles : le taux d'incidence du Sars-CoV-2 de la 5ème semaine de 2021 est de 21 cas/100.000, en légère augmentation, et non de 500 comme l'affirme le gouvernement pour terroriser tout le monde !" Voilà ce qu'écrit le blog "Le libre penseur". L'article, publié sur la page Facebook - aux 105.000 abonnés - et relayé des centaines de fois, affirme que les conclusions de ce réseau de recherche et de veille sanitaire vont à l'encontre du discours de l'exécutif. Une différence de taille entre les indicateurs, qui montrerait que "l'État – avec la complicité des médias – ment, falsifie et trompe le public" en diffusant des chiffres erronés de l'épidémie. 

En réalité, l'auteur fait simplement une très mauvaise interprétation des chiffres de l'épidémie. Ceux qu'il diffuse ne sont pas fondamentalement faux : ils proviennent du point épidémiologique du réseau Sentinelles sur la situation observée en semaine 5, soit du 1er au 7 février. Simplement, ils ne représentent qu'une infime partie des cas de Covid-19 dans le pays. En France, les autorités sanitaires réalisent le suivi de l'épidémie "à partir de plusieurs sources",  comme l'explique Santé publique France. C'est elle qui coordonne ce système aux nombreux relais. Les multiplier permet en effet de suivre l'évolution du virus sur plusieurs terrains, notamment via les données de médecine de ville mais aussi celles des établissements de santé ou celles des laboratoires. 

Parmi ces "sources", on compte effectivement le réseau Sentinelles. C'est à lui qu'incombe la mission de surveiller et de faire remonter le "nombre d'infections respiratoires aiguës (IRA) observées en médecine générale et en pédiatrie". Ce champ d'observation ne suffit cependant pas à donner une image précise de la contamination sur le territoire. Raison pour laquelle à ces informations sont ajoutées celles venant d'autres relais, comme de SOS Médecins ou de SI-DEP, le système d'information de dépistage où sont enregistrés les résultats des laboratoires. Une sorte de maillage du territoire mis en place dès le premier confinement, et précisé dans chaque bulletin épidémiologique du pays. 

Schéma de la surveillance du coronavirus en France  coordonnée par Santé publique France
Schéma de la surveillance du coronavirus en France coordonnée par Santé publique France - Santé publique France

Pour illustrer ce dispositif, l'agence sanitaire française propose un schéma pyramidal disponible dans chacun de ses bulletins épidémiologiques, et relayé ci-dessus. On voit alors très clairement que le réseau Sentinelles n'est qu'une partie de ce "schéma de la surveillance" du Covid-19. Dans le rapport de la semaine 5, on lit d'ailleurs bien qu'il s'agit uniquement du "taux d'incidence des cas d'infection respiratoire aiguë vus en consultation (ou en téléconsultation) de médecine générale". De nombreux cas, comme ceux constatés par SOS-Médecins ou dans les hôpitaux, sont exclus de ce décompte. 

Quant au taux d'incidence de "500 cas pour 100.000 habitants" soi-disant cité par le gouvernement, nous n'avons pas retrouvé l'origine de cette information. Seul dans le département des Alpes-Maritimes on observe un indicateur qui frôle dangereusement ce seuil symbolique. À l'échelle nationale en semaine 5, selon l'agence sanitaire, ce taux était de 207 cas/100.000 habitants, "en légère diminution par rapport au taux consolidé de la semaine précédente". 

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Felicia SIDERIS

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