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Indispensable pour voter, contrôle d’identité… 5 affirmations sur le pass vaccinal passées au crible

Publié le 24 janvier 2022 à 17h14, mis à jour le 24 janvier 2022 à 17h22
Le pass vaccinal remplace le pass vaccinal à compter du 24 janvier 2022

Le pass vaccinal remplace le pass vaccinal à compter du 24 janvier 2022

Source : CHRISTOPHE SIMON / AFP

Le pass vaccinal est appliqué depuis ce lundi 24 janvier en France.
Empêcher les contaminations, contrôler l’identité… beaucoup de choses ont été dites sur ce nouveau pass.
Nous avons vérifié les principales affirmations qui ont circulé ces derniers jours.

Pour certains, il est utile face à la vague Omicron tandis que pour d’autres, il n’est rien d’autre que "le pass de la honte". Depuis le vote des députés en faveur du pass vaccinal et l’annonce de son application dès ce lundi 24 janvier, le débat entre ses défenseurs et ses opposants n’a pas cessé d’animer les interventions médiatiques et les réseaux sociaux. Nous avons passé au crible les principales affirmations qui ont émergé.  

"Une pièce d’identité pour une entrecôte"

Le 18 janvier sur le plateau de Touche pas à mon poste, un chroniqueur surnommé Raymond Le Matin a justifié son opposition au pass vaccinal par l’obligation de justifier son identité en cas de contrôle : "Je ne veux pas rentrer dans un système où Bernard, pour une entrecôte au café, va me demander ma pièce d’identité. Vous êtes tous des menteurs. Le pass vaccinal va nous emmener à donner une pièce d’identité pour une entrecôte". Une intervention diffusée ensuite sur le compte Twitter de l’émission.

De fait, le contrôle d’identité et le partage d’informations personnelles est l’un des arguments favoris des anti-pass depuis le début. En réalité, si ce contrôle n’était pas possible avec le pass sanitaire en dehors d’une intervention policière, il est désormais d’actualité avec le pass vaccinal. D’après la loi, publiée au Journal officiel dimanche 23 janvier, "lorsqu'il existe des raisons sérieuses de penser que le document présenté ne se rattache pas à la personne qui le présente, les personnes et services autorisés à en assurer le contrôle peuvent demander à la personne concernée de produire un document officiel comportant sa photographie afin de vérifier la concordance entre les éléments d'identité mentionnés sur ces documents". 

Autrement dit, les personnes pouvant contrôler le pass vaccinal pourront dans le même temps demander à vérifier l’identité du détenteur du pass. Il ne s’agira plus seulement des policiers et gendarmes, comme c’était le cas jusqu’ici. Mais attention, cette situation ne sera pas la plus courante. Elle se présentera uniquement dans les cas où la personne chargée du contrôle du pass -le restaurateur si l’on suit l’exemple du chroniqueur de l’émission- aura de sérieux doutes sur l’identité présentée et inscrite sur le pass. Par exemple, si l’âge de la personne contrôlée ne semble pas correspondre avec la date de naissance figurant sur le pass. La mesure a été intégrée à la loi afin de lutter contre les fraudes aux pass, qui ont fait florès avec les certificats sanitaires. 

"Le pass vaccinal évite les contaminations"

Interrogé ce lundi sur France info, le ministre de l’Economie a vanté les bénéfices du pass vaccinal pour les établissements recevant du public. "Le pass vaccinal protège les restaurateurs car ça évite les contaminations et permet de rester ouvert", a alors avancé Bruno Le Maire. Cela n’est pas tout à fait vrai. Si la vaccination contribue à limiter les risques et donc à ralentir la circulation du virus, elle n’empêche pas de se contaminer. 

"La vaccination a un effet partiel et non nul sur l’infection", a rappelé par exemple le Conseil scientifique, dans un avis du 19 janvier dernier. L’organe chargé d’éclairer le gouvernement sur l’épidémie a partagé les dernières informations glanées dans les différentes études scientifiques sur le sujet : "Les vaccins actuels produisent une protection partielle et limitée contre les formes symptomatiques de l’infection par le variant Omicron (proche de zéro 6 mois après la deuxième dose) mais remontant à 70% 1 mois après la dose de rappel pour redescendre à 50% à 3 mois de la dose de rappel".

La veille sur la même radio, Gabriel Attal a lui aussi pris le parti d’insister sur la protection du pass vaccinal contre le risque d’une forme grave de la maladie, évaluée à 92% un mois après le rappel, d’après le Conseil scientifique. Et non pas sur la transmission du virus, qui n’est plus l’objectif principal de la vaccination.

"Le pass vaccinal produit déjà ses effets"

Toujours sur Twitter, une publication du compte "Journal Officiel de la République Française" prêtant des mots quelque peu surprenants à Olivier Véran a attiré notre attention. Selon celle-ci, Olivier Véran s’est exprimé sur France info (le bandeau jaune et noir est reconnaissable) "sur l’entrée en vigueur tardive du pass vaccinal". "L’épidémie recule (…), signe que le pass vaccinal produit déjà ses effets positifs. Une fois encore, nous avions raison depuis le début, chacun en est témoin", se serait alors vanté le ministre de la Santé le 18 janvier dernier, d’après la date de publication du tweet.

La plupart des commentaires relayés sous ce dernier font état de l’absurdité de cette déclaration : comment se vanter des bénéfices d’une mesure même pas encore appliquée ? Si la question est tout à fait légitime, ces propos n’ont jamais été prononcés par Olivier Véran. Il s’agit ici d’un compte à visée parodique, comme affiché d’ailleurs dans sa biographie : "L’actualité de la République Française revue et corrigée par les Politiques. Compte parodique et satirique, parfois prémonitoire, jamais très loin de la vérité". Par ailleurs, nos recherches menées en parallèle le confirment : dans ses dernières interventions publiques, le ministre de la Santé n’a jamais vanté les effets du pass vaccinal avant même son entrée en vigueur.

"Le pass vaccinal pour voter"

Durant l’examen du texte sur le pass vaccinal, Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône, s’est inquiété du "bon déroulement des élections" et en particulier de l’application du certificat à l’entrée des bureaux de vote. "Notre responsabilité est de garantir à chacun l’accès aux bureaux de vote en tant qu’électeur mais aussi les assesseurs, les délégués, les secrétaires, les présidents ou présidentes de bureaux ou scrutateurs sans aucune contrepartie", a décrété l’élu qui a déposé un amendement en ce sens, rejeté depuis. 

Si Stéphane Ravier craint que la condition du pass vaccinal ne s’applique pour le vote, il n’en est pourtant rien dans la loi. Voici l’ensemble des établissements concernés, détaillé par le gouvernement sur son site : les bars et restaurants (à l'exception de la restauration collective, de la vente à emporter de plats préparés et de la restauration professionnelle routière et ferroviaire) ; les activités de loisirs (cinémas, musées, théâtres, enceintes sportives, salles de sport et de spectacle...) ; les foires, séminaires et salons professionnels ; les grands magasins et centres commerciaux (par décision du préfet) ; les transports interrégionaux (avions, trains, bus).

En fait, le raisonnement est le même que pour le pass sanitaire, comme nous vous l’avions expliqué ici. Conditionner le droit de vote à une vaccination a été rejeté par le gouvernement et serait quand bien même inconstitutionnel. C’est pour cela que les meetings politiques, pourtant équivalents aux foires ou salons professionnels, ne sont pas concernés non plus par le pass vaccinal.

"Le pass vaccinal et le monde parallèle"

Un pass vaccinal qui devient indispensable ici face à l’abandon de toutes les mesures ailleurs… Le parallèle des décisions françaises et anglaises a de quoi surprendre. Cette situation aurait même provoqué l’hilarité du Premier ministre britannique lui-même, à en croire un tweet partagé par plus de 3000 personnes. "Vous savez c’est très bizarre, la France va inaugurer le pass vaccinal le jour même où nous le liquidons ! Vivent-ils dans un monde parallèle ?’ lance Boris Johnson en riant le 18/01/22 à Downing Street", selon la publication. Un article du Sun y est d’ailleurs partagé et renvoie à la décision du chef du gouvernement de mettre fin à toutes les restrictions prises contre le Covid.

Annonçant la nouvelle au Parlement, Boris Johnson s’est-il moqué des choix français d’instaurer un pass vaccinal ? Nous avons retrouvé le discours officiel du Premier ministre, publié en intégralité sur le site du gouvernement. D’après ce texte transcrit tel qu’il a été prononcé, il n’a jamais été question de la politique sanitaire française en général. En clair, Boris Johnson n’a à aucun moment fait mention de ses voisins français, ni du pass vaccinal appliqué désormais dans le pays.

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Caroline QUEVRAIN

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