Cette photo montre des "prélèvements sanguins de personnes vaccinées" : doit-elle nous inquiéter ?

Des flacons de sang divisés en deux, voire en trois parties distinctes. Une apparence surprenante, qui tranche avec l'image habituelle du sang couleur rouge, telle que nous nous la représentons. Sur les réseaux sociaux, une photo montrant plusieurs prélèvements sanguins ("de personnes vaccinées", nous précise-t-on) suscite de multiples réactions. "Vous trouvez ça normal ?", lance le compte qui relaie le cliché, précisant que ces flacons ont été observés "quatre heures après le prélèvement". 

Faut-il s'inquiéter d'une image comme celle-ci ? Le sang des personnes vaccinées est-il affecté par des troubles significatifs ? Pour le savoir, TF1info a sollicité le Dr Pascale Richard, directrice médicale de l’Établissement français du sang (EFS). D'emblée, elle souligne qu'il s'agit "d'un phénomène tout à fait normal". Lorsque le sang est prélevé, "deux phénomènes s’activent : une coagulation si aucun anti-coagulant n'est ajouté, ainsi qu'une décantation". Le "liquide un peu jaune, que l’on voit sur la partie haute de l'image", correspond ainsi au plasma. Au fond du tube, se trouvent les cellules. "Les plus visibles sont les globules rouges", précise la spécialiste, dont l'apparence est "plus ou moins foncée en fonction des personnes".

Si l'on observe plus en détails l'image, on constate la présence d'une strate supplémentaire. "Une partie avec des sortes de filaments", note Pascale Richard, "il s'agit de la couche leuco-plaquettaire, c'est-à-dire des globules blancs et des plaquettes sanguines plus ou moins coagulées". Constater une séparation assez nette de ces trois couches n'a rien de surprenant, au contraire. Il s'agit d'un processus habituel. Une fois le sang prélevé, cette décantation attendue permet (avec ou sans le recours complémentaire à une centrifugation) de récupérer les différents produits sanguins nécessaires pour traiter les patients.

"On ne voit aucune différence entre le sang d’une personne vaccinée ou non", tranche la directrice médicale de l'EFS, qui incite également à ne pas s'étonner de potentielles différences de couleurs entre les échantillons de sang récoltés. "Nous observons depuis toujours une variabilité de la couleur de sang, cela dépend de la quantité d’oxygène et d’hémoglobine qui va faire varier la coloration rouge du sang".

La décantation du sang intervient sur les prélèvements de certaines personnes en à peine une heure, et conduit les professionnels de santé de récupérer trois produits sanguins bien distincts. Les globules rouges tout d'abord, "en majorité et dont nous avons le plus besoin, qui sont utilisés pour transporter l’oxygène, mais aussi les plaquettes sanguines". Celles-ci sont "utilisées pour la coagulation, chez les personnes qui en manquent, notamment du fait de leur maladie (leucémies, certaines chimiothérapies, mais aussi pour éviter des complications hémorragiques)". Enfin, le plasma est récupéré, servant entre autres "fabriquer des médicaments qui aident à développer des immunoglobulines". Il s'agit là de soigner des patients souffrant d'un déficit immunitaire ou de traiter des maladies inflammatoires. Cette diversité de produits sanguins récupérés fait dire à la représentante de l'EFS, qu'avec "un don de sang, on sauve trois vies". 

Pascale Richard rappelle en passant qu'il n'existe "aucune contre-indication au don du sang après une vaccination". D'ailleurs, ajoute-t-elle, "on ne demande pas le statut vaccinal aux donneurs". L’hémovigilance, "qui cherche à vérifier si des effets secondaires sont liés au don de sang", n'a pas mis en évidence "le moindre problème en lien avec la vaccination, et ce, partout dans le monde". 

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