ALERTE - Selon une équipe de chercheurs franco-canadiens, un filtre de protection solaire souvent présent dans les crèmes solaires et anti-âge, l'octocrylène, est soupçonné de devenir cancérogène lorsque le produit vieillit.
Se protéger d'un danger peut aussi en causer un autre. Un filtre de protection solaire, fréquemment utilisé dans les crèmes solaires et anti-âge, se dégrade en un composé "perturbateur" hormonal et soupçonné d'être cancérogène, selon des chercheurs qui appellent à le bannir de ces produits de soins personnels. La molécule mise en cause, l'octocrylène est présente dans de nombreux cosmétiques de grandes marques et se transforme, avec le vieillissement du produit et le dépassement de la date de péromption, en benzophénone, comme le montre l'étude de cette équipe franco-américaine.
Or la benzophénone est classée comme "peut‐être cancérogène pour l'homme (Groupe 2B)", par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC/Iarc) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Selon cette agence sanitaire, il existe à ce jour des preuves suffisantes chez les animaux de laboratoire du risque de cancers dus à cette substance. Elle induit notamment des cancers du foie et des lymphomes, mais aussi des problèmes dermatologiques, soulignent les chercheurs, dont les travaux vont être publiés ce lundi dans la revue scientifique Chemical Research in Toxicology.
Progressivement avec le vieillissement du produit, il y a de plus en plus de benzophénone
Le Pr Philippe Lebaron, biologiste et co-auteur de l'étude
Pour arriver à ce constat, ces scientifiques ont analysé une quinzaine de crèmes solaires et anti-âge achetées en France et aux États-Unis. Les produits achetés ont subi un procédé de vieillissement accéléré validé aux États-Unis et équivalent à un an passé à température ambiante. Puis ils ont été analysés à l'aide d'un spectromètre de masse de haute performance, détaille le Pr Philippe Lebaron, biologiste du laboratoire de biodiversité et biotechnologie microbienne de l'Observatoire de Banyuls-sur-Mer (Sorbonne Université/CNRS, France) et co-auteur de l'étude.
"Au départ, il y a très peu de benzophénone dans les produits. Mais progressivement avec le vieillissement du produit, il y a de plus en plus de benzophénone", explique le Pr Philippe Lebaron. "Des augmentations de benzophénone dépassant les 100% et même atteignant les 200% ont ainsi été observées", ajoute le biologiste. "C'est la première fois que l'on montre cette dégradation de l'octocrylène en benzophénone". Soulignant que cette substance est facilement absorbée par la peau, les chercheurs estiment que les produits à base d'octocrylène peuvent constituer une menace pour la santé et réclament son interdiction.
Pour limiter le risque, les pharmaciens recommandent quant à eux d’utiliser un nouveau produit chaque été.
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Une substance néfaste aussi pour la vie marine
En plus d'être nocif pour la santé, cette substance menace aussi l'environnement. De précédents travaux ont en effet montré que l'octocrylène est néfaste pour la vie marine, notamment pour les coraux. "Certains fabricants l'ont retiré de leurs crèmes solaires pour des raisons environnementales", indique Philippe Lebaron. Plusieurs territoires abritant des récifs coralliens, comme les îles Vierges américaines ou la république des îles Marshall, ont d'ailleurs interdit l'octocrylène dans les produits de protection solaire.
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