14% des moins de 10 ans ont déjà consulté pour des acouphènes

par Maëlane LOAËC
Publié le 3 mars 2023 à 7h00

Source : JT 20h Semaine

Selon une enquête Ifop pour l'association "Journée Nationale de l'Audition", les plus petits sont exposés à des risques de surdités précoces.
Près de 660.000 enfants de moins de dix ans ont déjà été diagnostiqués d'une perte auditive.
L'utilisation de casque et d'écouteurs dès le plus jeune âge inquiète particulièrement les spécialistes.

Sifflements, diagnostics de perte auditive, recours dangereux au casque et aux écouteurs... "Les oreilles de nos enfants sont en danger", alerte dans un communiqué l'association "Journée Nationale de l'Audition" (JNA), chiffres à l'appui. D'après une enquête menée auprès de 1000 parents en collaboration avec l'Ifop, un baromètre "inédit" sur la question, les plus jeunes seraient menacés de surdités précoces. "Le résultat est terrifiant", s'inquiète dans un communiqué son président Jean-Luc Puel, directeur de recherche à l’Inserm.

Parmi les "signes alarmants" qu'elle relève dans ce document, 14% des moins de dix ans ont déjà consulté un médecin ORL pour des acouphènes, soit 1,3 million d'enfants. Ces sifflements ou bourdonnements dans les oreilles, qui ne sont pas liés à un bruit extérieur, peuvent être dus à des maladies comme des otites, mais souvent, ils sont le signe de traumatismes acoustiques, provoqués par exemple par l'écoute de son à volume très élevé. 

Or l'oreille est "en pleine maturation" jusqu'à dix ans, souligne dans un dossier explicatif cette association de spécialistes de l'audition. Chaque traumatisme est irréversible, puisque "le capital auditif est une dotation unique à la naissance, les 15.000 cellules ciliées (cellules auditives sensorielles) ne se renouvellent pas". Toujours selon cette enquête, "pour près de 660 000 enfants, une perte auditive moyenne à sévère a été diagnostiquée", un chiffre probablement sous-estimé parce qu'il ne recoupe que les diagnostics posés par un médecin ORL. 

"Bombe à retardement"

L'association met en garde en particulier contre les casques et les écouteurs, qui entraînent une "forte pression acoustique sur les tympans et les osselets". D'après le sondage, ce sont 40% des parents qui reconnaissant que leurs enfants les utilisent chaque jour, jusqu'à quatre heures au total dans certains cas. Les enfants concernés se plaignent davantage lors de bruits ou de nuisances sonores, et sont davantage diagnostiqués pour perte auditive (14% d'entre eux sont touchés, soit 12% de plus que les autres enfants). Chez 28% des enfants qui ont consulté pour des acouphènes, ces appareils sont utilisés au quotidien. Par ailleurs, un parent sur cinq reconnaît ne jamais contrôler le volume sonore du casque ou des écouteurs de son enfant.

"À cet âge, ce n’est pas raisonnable !", s'alarme auprès du Parisien Jean-Luc Puel. "Les oreilles des enfants sont bien plus fragiles que celles des adultes. À terme, cela peut entraîner une presbyacousie, un vieillissement de l’audition à 40 ans au lieu de 60 ans !" Une "exposition répétée" entraîne "de petites lésions cellulaires au niveau du capteur de l’oreille", qui ne sont pas repérées dans l'immédiat, abonde Cécile Parietti-Winkler, présidente du collège français d’ORL, qui s'inquiète d'une "bombe à retardement".

Les experts appellent aussi les parents à être vigilants lors de concerts ou de festivals, en tenant les enfants à distance des enceintes, en leur faisant porter des casques anti-bruits et en limitant le temps passé sur place. Heureusement, seuls 6% des parents affirment ne pas protéger leurs enfants lors de ce type d'évènements, quand 62% des sondés assurent ne jamais emmener leurs enfants sur ces lieux. 

De manière générale, JNA exhorte les parents à la plus grande attention sur la santé auditive de leurs enfants. Si les sondés sont davantage conscients des effets des nuisances sonores et du bruit sur la fatigue, la nervosité ou la capacité d'apprentissage des plus petits, 67% d'entre ne se disent pas inquiets quant au risque de surdité ou d'acouphène. Des fléaux sur lesquels seuls la moitié des parents se disent bien informés, souligne l'association, qui appelle les pouvoirs publics à s'emparer bien plus du sujet. 


Maëlane LOAËC

Tout
TF1 Info