INTERVIEW - Une Française de 34 ans, qui ne parvenait pas à être enceinte après un traitement contre le cancer du sein, a donné naissance à un enfant grâce à une technique inédite, une première mondiale dans le contexte du cancer. Le professeur Michaël Grynberg, à l'origine de la prouesse, répond à LCI.
Atteinte d’un cancer du sein il y a quelques années, une Française de 34 ans vient de donner naissance grâce à une nouvelle technique. Soignée par chimiothérapie, elle avait été déclarée guérie de son cancer après cinq ans sans rechute. Mais elle ne parvenait pas à concevoir un bébé depuis son rétablissement. En juillet dernier, grâce à la congélation de ses ovaires, elle a finalement réussi à mettre au monde un petit garçon en bonne santé.
À l’origine de cette prouesse, le professeur Michaël Grynberg, directeur du département de médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), où a eu lieu cette opération qu'il qualifie de "première mondiale". Il nous éclaire sur le procédé.
LCI : En quoi consiste la technique utilisée ?
Michaël Grynberg : Elle consiste à prélever des ovules, non pas après une stimulation ovarienne comme d’habitude, mais directement à partir des ovaires, sans aucune administration d’hormones. Habituellement, le rôle des hormones est de faire mûrir les ovules dans leur environnement naturel (l’ovaire) avant que ces derniers ne soient collectés. Cette fois, nous avons récupéré les ovules dans l'ovaire avant qu'ils ne mûrissent. Puis nous avons effectué tout le processus de maturation final au laboratoire.
En quoi est-ce une "première mondiale" ?
Cette technique existait déjà à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Ce qui est nouveau, c’est la congélation de ces ovocytes maturés au laboratoire. Auparavant, ils n’avaient jamais vraiment fait la démonstration de leur capacité à pouvoir être congelés, puis à donner lieu à une grossesse. C’est en cela que c’est vraiment nouveau. Dans le cadre d'une femme victime par le passé d'un cancer du sein, il est certain que c’est la première grossesse. Cela montre que la technique est intéressante dans les cas où nous ne pouvons pas stimuler les patientes.
Pourquoi les femmes peuvent-elles connaître des difficultés à concevoir après un cancer du sein ?
Le cancer ne rend pas stérile à proprement parler. Ce sont plutôt les traitements, comme la chimiothérapie. Il faut rappeler que la femme effectue sa vie reproductive à partir d’un stock prédéfini d’ovules à la naissance, stock contenu dans les ovaires. Mais la chimiothérapie le détruit. Pour schématiser, les ovaires d’une femme qui subit une chimiothérapie vont brutalement vieillir d’une dizaine d’années, en termes de quantité.
Il existe également une problématique qualitative. Comme les ovules ne se régénèrent pas, ils sont forcément imprégnés par la chimiothérapie. Ils sont donc de moins bonne qualité. Cela cause une baisse des chances de grossesse et une hausse des risques de fausses couches. Enfin, ce qui rend aussi les femmes infertiles dans cette situation, c’est le temps durant lequel elles ne peuvent pas être enceintes (5 ans). Et chez les femmes, malheureusement, le temps est un facteur d’infertilité.

Est-ce possible d’envisager que d’autres femmes puissent profiter de cette technique ?
Oui. D’autres femmes qui en ont profité sont d’ailleurs actuellement enceintes. A priori, nous sommes donc en train de valider le fait que la technique fonctionne. Mais bien entendu, elle ne marchera pas à chaque fois. Malheureusement, cela reste en effet de la médecine de la reproduction avec des taux d’échecs encore trop importants. Mais cela permet de donner de l’espoir aux femmes touchées par un cancer du sein, qui ne pouvaient jusque-là pas recevoir d’hormones et qui veulent préserver leur fertilité.
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