FUTUR - Des chercheurs néerlandais viennent d'obtenir une subvention de l’Union européenne pour développer un utérus artificiel. Il pourrait permettre la poursuite du développement des grands prématurés dans les meilleures conditions possibles.
Le concept semble tout droit sorti de la dernière saison de Grey's Anatomy. Alors que dans la série, Vincenzo DeLuca, médecin hospitalier, tentait par tous les moyens de mettre au point un sac gestationnel permettant aux fœtus nés prématurément de poursuivre leur développement, voilà que le projet s'apprête à voir le jour... pour de vrai. Mardi, le programme Horizon 2020 de l'Union européenne a en effet attribué la somme de 2,9 millions d'euros à une équipe de chercheurs de l'université d’Eindhoven, aux Pays-Bas, pour créer un utérus artificiel. Celui-ci ne sera pas destiné aux femmes rencontrant des problèmes de fécondité, mais aux bébés nés avec une extrême prématurité, soit avant la vingt-huitième semaine d'aménorrhée. Il devrait permettre d'augmenter leurs chances de survie.
Déjà en cours de développement, le dispositif permettrait de remplacer l'incubateur et le système de respiration artificielle, "le bébé étant entouré de liquides et recevant oxygène et nutriments via un placenta artificiel qui se connectera à son cordon ombilical", explique le Guardian.
Les risques de mortalité diminués de 15%
Dans le monde, environ un million de nouveau-nés meurent chaque année de prématurité. À 24 semaines, la mortalité s'élève à 50%, tandis que ceux qui survivent risquent d'être lourdement handicapés. Dommages au cerveau, problèmes respiratoires, ou encore affections rétiniennes qui peuvent possiblement entraîner la cécité forment ainsi le lot de troubles chroniques permanents auxquels peuvent être confrontés ces enfants. "Si nous sommes capables de prolonger le développement fœtal de ces enfants dans l'utérus artificiel jusqu'à 28 semaines, nous réduirons les risques les plus sérieux de mortalité due à la prématurité de 15%", affirme dans un communiqué Guid Oei, gynécologue et professeur à l'université d'Eindhoven.
Cet utérus artificiel, qui évite de nombreux branchements sur le corps du bébé, peut d'autre part éviter des dommages induits par l'intrusion de corps étrangers dans son organisme, pas encore tout à fait développé. Connecté à un ordinateur, le dispositif permettrait aussi de suivre en temps réel les besoins et l'état du bébé.
Une mise en fonction attendue d'ici 5 ans
Les scientifiques espèrent rendre leur prototype fonctionnel d'ici cinq ans. En 2017, des chercheurs de l'hôpital pour enfants de Philadelphie, aux États-Unis, avaient déjà mis au point un dispositif similaire qui avait permis de garder en vie des agneaux nés à un terme correspondant à la vingt-troisième semaine de grossesse chez l'humain. Durant les semaines qu'ils ont passées dans ces "biobags", les animaux ont poursuivi leur développement et vu leur laine pousser. Après avoir été extraits de ces sacs, les agneaux ont grandi normalement.
"Ces expériences sont très importantes car elles montrent qu'il est possible de garder un animal en vie pendant quatre semaines dans une sorte d'environnement à base de liquide", indique Guid Oei au Guardian. "Mais nous travaillons maintenant sur le prototype qui remplacera réellement l'utérus pour les bébés humains." Contrairement à ces "biobags", composés de plastique transparent, l'utérus artificiel que comptent mettre au point les chercheurs néerlandais recréerait l'ambiance sensorielle d'un vrai utérus. Le son du rythme cardiaque de la mère y serait par exemple diffusé.
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