"Le retour du virus reste probable", prévient Arnaud Fontanet, du Conseil scientifique

Publié le 23 juin 2020 à 12h05

Source : TF1 Info

SANTE - Invité d'Elizabeth Martichoux mardi 23 juin 2020, Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique fait le point sur l'épidémie du covid-19 et revient sur la possible menace d'une deuxième vague dans l'Hexagone.

Faut-il s'attendre à un retour en force du virus sur le territoire français, à court ou moyen terme ? Le Conseil scientifique, dans un avis remis au gouvernement ce dimanche, appelle à la plus grande vigilance. Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre dudit Conseil, soutient ce mardi 23 juin que si l'on peut éviter la deuxième vague, un retour du virus n'en reste pas moins probable : "Le virus va passer notre été là où c'est l'hiver : dans l'hémisphère Sud. Quand l'automne reviendra, il ira retrouver le froid : dans l'hémisphère Nord. Comme le font les virus respiratoires". 

Il a également répété la conclusion du Conseil scientifique assurant que "la faible immunité collective en France, estimée aujourd’hui à 5% de la population" ne saurait "empêcher la survenue d’une deuxième vague épidémique".

Pour autant, et c'est la part lumineuse de cette crainte, il est tout autant probable que l'on ne revive pas le même scénario : "Avec tout ce qu’on a appris, on devrait être capable de contrôler la circulation du virus tout en maintenant une vie sociale et économique", assure l'épidémiologiste. "Si on joue le jeu du respect des gestes barrières et du port du masque, la France ne revivra pas ce qu'elle a vécu en mars". Pour la simple et bonne raison que nous sommes expérimentés : "Des pays d’Asie - Hong Kong, la Corée du sud, Taiwan… - ont réussi à maîtriser la circulation du virus tout en continuant à avoir une vie sociale et économique." Arnaud Fontanet souligne par ailleurs que l'on sera plus en "capacité à tester" et à "tracer des contacts" (d’où l’utilité, selon lui, de l'application si controversée StopCovid). 

"On a chaque jour 5 à 10 petits clusters qu’on arrive à contrôler"

Ainsi, à la question "fallait-il déconfiner aussi vite ?", la réponse d'Arnaud Fontanet est affirmative : "On devait déconfiner. Il y a un véritable besoin de revenir à une vie économique et sociale". Le membre du Conseil scientifique note d'ailleurs que "pour l’instant, tout se passe bien" : "Le nombre d’admissions à l’hôpital pour covid continue de diminuer. Maintenant il faut savoir que dans d’autres pays ayant déconfiné à la même vitesse, on a vu localement des clusters importants réapparaître et le potentiel existe en France. On a chaque jour 5 à 10 petits clusters qu’on arrive à contrôler, le virus reste présent." 

D'où la nécessité impérieuse de tester : "On a une capacité de tester allant jusqu’à 100.000 tests par jour" rappelle l'épidémiologiste. Or, "cette capacité à tester n’est pas suffisamment utilisée" : "On est seulement à 30.000 tests par jour (...) Ce qu'il faudrait, c'est que, plus spontanément, les Français - quand ils ont des symptômes - continuent d'aller se faire tester. On serait rassurés si on avait plus de 50.000 tests par jour."

Selon l'épidémiologiste, "ce qui joue en notre faveur en ce moment, c’est que nous sommes en période estivale" : "Le virus ne supporte pas la chaleur", confirme-t-il. "Comparé à des atmosphères froides, le virus est moins à l’aise quand il fait chaud. Pendant l’été, on est dehors, l’air circule. L’essentiel des clusters se font en milieu confiné. Les milieux confinés permettent - parce que le virus reste en suspension dans l'air - un nombre d'infections beaucoup plus important.

Reste que, lors des manifestations massives, les Français doivent redoubler de vigilance : "Ce qui nous inquiète plus, c'est un rassemblement massif où seraient présents ces super-contaminateurs. Une personne infectieuse dans un rassemblement comme la Fête de la musique peut infecter dix, vingt personnes." 


La rédaction de TF1info

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