INQUIÉTUDES - Près de 200 personnes ont été hospitalisées aux États-Unis depuis le mois de juin en raison d'une maladie pulmonaire inexpliquée. Une personne en est récemment décédée. Alors que les autorités et le corps médical recherchent activement la cause de cette affection, les regards se portent sur la cigarette électronique, récemment utilisée par tous les patients. Zoom sur ce que l'on sait déjà de la maladie.
La cigarette électronique est "incontestablement nocive", affirmait il y a quelques semaines dans un rapport l'Organisation mondiale de la santé. Si elle n'avançait pas d'arguments pour se justifier, les nombreuses études faites sur le sujet et une mystérieuse maladie pulmonaire qui sévit aux États-Unis pourraient bien le faire à sa place.
Depuis fin juin, 193 cas potentiels de maladie pulmonaire sévère ont été recensés dans le pays. Alors que de nombreuses inconnues restent encore à élucider, tous les cas ont été associés au vapotage. Vendredi dernier, les services médicaux de l'État de l'Illinois ont annoncé un premier décès des suites de cette maladie. "Hier, nous avons été informés de la mort d'un adulte qui avait été hospitalisé pour une grave maladie respiratoire inexpliquée, après avoir vapoté", a déclaré la directrice médicale de cet Etat américain lors d'une conférence de presse.
Des symptômes récurrents
Parmi les patients hospitalisés, nombreux sont ceux qui ont fait part de difficultés respiratoires, de douleurs à la poitrine, de vomissements, de diarrhées et de fatigue. Les malades les plus gravement atteints ont subi des lésions pulmonaires étendues nécessitant un traitement à l'oxygène et plusieurs jours sous assistance respiratoire. Certains devraient avoir des dommages permanents aux poumons.
Bien que le lien avec le vapotage n'ait pas encore été prouvé, tous les patients avaient récemment utilisé une cigarette électronique. Selon les déclarations d'organismes de santé fédéraux et de l'État, nombreux sont ceux qui ont admis avoir consommé, par le biais de leur appareil, du tétrahydrocannabinol, ou THC, la substance active de la marijuana.
Certains composants des e-liquides sur le banc des accusés
À l'heure actuelle, les autorités affirment cependant ne pas savoir à quoi la maladie est due. Selon l'une des théories avancées, les substances soupçonnées ou connues pour être toxiques dans les produits de vapotage pourraient être responsables. Dans les colonnes du New York Times, Brian King, membre du bureau du tabagisme et de la santé aux Centres de contrôle et de prévention des maladies, affirme ainsi que "les particules ultrafines, certains métaux lourds, tels que le plomb" et "certains arômes" présents dans les e-liquides font partie des irritants potentiels préoccupants. Mais, ajoute-t-il, "nous n'avons associé aucun de ces ingrédients à des cas spécifiques".
Également interviewé par le journal américain, le docteur Michael Lynch, directeur médical du centre anti-poison de Pittsburgh (Pennsylvanie) assure néanmoins que les lésions pulmonaires observées par les médecins coïncident avec des lésions d'origine chimique par inhalation.
L'hypothèse des préparations "maison"
L'autre possibilité soulevée par les autorités est la préparation, par les utilisateurs eux-mêmes ou par des tiers, de liquides "maison". Les patients, généralement assez jeunes, pourraient avoir concocté une combinaison de THC, d'huile et d'autres produits chimiques. "Nous pensons qu'ils prennent des cartouches vides quelque part et les remplissent avec leurs propres produits", pour l'heure inconnus, déclare au New York Times Nancy Gerking, directrice adjointe de la santé publique du comté de Kings, en Californie. Aux États-Unis, les liquides et les huiles de cannabis sont de plus en plus disponibles en ligne et dans de nombreux magasins.
Le marché du vapotage étant d'autre part, dans le pays, touché par la contrefaçon, certains liquides peuvent être préparés avec toutes sortes de produits, dont des dérivés de marijuana et des arômes mélangés de façon hasardeuse.
Un flou sur les ingrédients utilisés par les marques de e-liquides
Si de gros moyens sont actuellement mis en oeuvre pour déterminer au plus vite la cause des ces maladies, la recherche se heurte, aux États-Unis, à un problème d'importance : la FDA, soit les services de santé locaux, n'a aucun contrôle sur les ingrédients utilisés dans les produits de vapotage. "Le problème est que nous ne savons pas ce qui est inhalé au travers de ces appareils, qui se déclinent dans cinq ou six cents versions différentes", s'insurge auprès du journal américain un pneumologue de San Antonio, au Texas. Les enquêtes ouvertes dans les différents États s'avèrent de plus généralement incomplètes.
Des e-liquides à la composition mieux encadrée en France
En France, la composition et les conditions de fabrication des liquides de cigarette électronique est encadrée par la loi. Ainsi conformément à l'article L3513-10 du Code de la santé publique, un professionnel souhaitant commercialiser un liquide doit faire approuver sa composition ou encore son processus de fabrication par l'Agence de santé (Anses) avant sa mise sur le marché. Une fois approuvée, la composition du produit doit être imprimée en français et de façon lisible sur le flacon.
La consommation de THC, qui pourrait être en cause aux États-Unis, est d'autre part interdite puisque le composant du cannabis est considéré comme un stupéfiant. L’article R. 5132-86 du code de la santé publique indique ainsi que "sont interdits la production, la fabrication, le transport […] de cannabis, de sa plante et de sa résine, des produits qui en contiennent ou de ceux qui sont obtenus à partir du cannabis, de sa plante ou de sa résine". Le cannabidiol (CBD), une molécule supposément relaxante, dispose en revanche d’exceptions en raison de l'utilisation du chanvre dans l'industrie textile. Il est ainsi autorisé de cultiver certaines variétés de la plante, à condition que son taux de THC ne dépasse pas 0,2%. Sous forme de drogue, le cannabis en contient environ 15%.
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