Santé mentale en berne : les formations de secouristes de plus en plus prisées

Publié le 14 septembre 2022 à 17h07

Source : Sujet TF1 Info

Que faire si une personne est victime de crise d'angoisse ? Comment déceler une dépression ?
En période post-Covid où l'éco-anxiété gagne une partie de la population, les formations de secours en santé mentale sont de plus en plus demandées.

"On pense toujours aux secours physiques, aider quelqu'un qui est tombé, mais on ne pense pas forcément aux gens qui ne vont pas bien dans leur tête". Laurence Roux-Fouillet, sophrologue, en est certaine : davantage de sensibilisation à la santé mentale permettra de faire des troubles mentaux "quelque chose de complétement banal", alors qu'ils souffrent encore de stigmatisation. Pourtant, en France, une personne sur quatre est touchée, au moins une fois dans sa vie, par une crise d'angoisse, une dépression ou encore une attaque de panique.

Situation "alarmante" chez les jeunes

Aux côtés de 16 stagiaires, cette sophrologue assiste à sa deuxième et dernière journée de formation intensive de secouriste en santé mentale. Ces cours dispensés par l'association Premiers secours en santé mentale (PSSM) existent en France depuis 2019, dix ans après l'Australie, pionnière en la matière. Les profils sont divers, mais majoritairement féminins ; on y trouve des étudiants, des responsables de ressources humaines, mais aussi des gardiens d'immeuble. 

"Donner un verre d'eau, un mouchoir, tout cela est rassurant" pour une personne en proie à une crise psychique, explique Agnès Ducré-Sie, l'une des formatrices. Certains stagiaires expriment toutefois leur crainte d'être trop intrusifs, mais la formation leur permet, selon elle, de déterminer la meilleure façon d'intervenir, sans ingérence. La parole se libère cependant, comme l'observe Agnès Ducré-Sie : "On s'est rendu compte avec la crise du Covid qu'il y avait des problèmes de santé mentale en France, ça a eu un effet accélérateur".

30.000 secouristes déjà formés

Malgré cela, la situation reste "alarmante" chez les jeunes, et pas seulement. "Toute la population est impactée, on a vécu un été d'enfer avec un stress écologique et environnemental", auquel s'ajoute la guerre en Ukraine. Il y a une "urgence" à former et à répondre à ces problématiques, insiste la formatrice. Entre explications théoriques, tests et mises en situation, les stagiaires sont sensibilisés aux différents troubles mentaux et aux manières d'y répondre : angoisse, troubles psychotiques ou encore prévention du suicide. Lorsque le sujet des traumatismes de masse - comme les attentats - est abordé en formation, les questions fusent : "Les incendies, orages, en font-ils partie ?", comme un écho de l'éco-anxiété au sein de la population.

Près de 30.000 secouristes ont déjà été formés, avec des sessions proposées dans toute la France, mais l'association veut accélérer le mouvement avec, pour objectif, de l'étendre à 750.000 personnes d'ici à 2028. La meilleure connaissance de la santé mentale permet de faire bouger les choses, selon Agnès Ducré-Sie, assurant que la demande de formation ne fait qu'augmenter. "Au début, nous avions un public de convaincus, puis en 2021 des professionnels (...) de l'action sociale ou sanitaire, des étudiants, et maintenant, ça irrigue de plus en plus".

Un frein peut néanmoins subsister : celui du financement. La formation, ouverte à tout volontaire, coûte 250 euros. À l'issue de ces deux jours, les secouristes reçoivent un diplôme. Mais "on n'est pas là pour sauver le monde", seulement pour apporter "un peu plus de bien-être", sourit Noémie Rakotobe, éducatrice spécialisée.


Virginie FAUROUX

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