PLUSIEURS FRONTS - Si le gouvernement mise énormément sur l'impact de la campagne de vaccination, on lui reproche de délaisser les recherches sur les traitements. Un constat à largement nuancer.
Le 31 mars, le compte Twitter officiel du président de la République partageait un message clair et bref. Trois mots seulement, presque un slogan : "Vacciner, vacciner, vacciner." Une communication qui traduit la position du gouvernement, mobilisé pour accélérer la campagne de vaccination et convaincre un maximum de Français de solliciter une injection. "Près de deux millions de Français supplémentaires ont reçu un vaccin" la semaine passée, déclarait à cet égard ce lundi sur TF1 Olivier Véran, très enthousiaste.
Une stratégie qui ne convainc pas tous les observateurs, certains élus d'opposition en tête. Sénateur de la Côte-d'Or et membre du bureau politique chez Les Républicains, Alain Houpert se montre très critique de la politique gouvernementale. "Une seule solution : la vaccination !" lance-t-il. Et de déplorer qu'"aucune autre voie n’est explorée". L'intéressé, défenseur de longue date de l'hydroxychloroquine, laisse ainsi entendre que de potentiels traitements seraient laissés de côté. Une affirmation pour le moins contestable.
Des pistes qui avancent
Le gouvernement mise-t-il beaucoup sur le vaccin ? Oui, sans aucun doute. Il est d'ailleurs régulièrement présenté comme un outil de santé publique qui permettra de revenir au plus vite à une vie "normale". L'exemple d'Israël, qui a vacciné en masse sa population et a rapidement vu s'effondrer les contaminations, a montré que les vaccins pouvaient produire leurs effets et lutter de manière très probante contre l'épidémie. Rien qu'en France, la diminution majeure du nombre de personnes de plus de 75 ans dans les services de réanimation plaide en faveur d'un recours massif à la vaccination.
Si les vaccins sont en général efficaces à 90% contre le Covid, cela ne signifie pas pour autant que d'autres pistes ne sont pas explorées. Fin février, le ministre de la Santé se réjouissait notamment des autorisations imminentes accordées à des anticorps monoclonaux, ces traitements préventifs qui visent à protéger des patients particulièrement vulnérables. Après la délivrance dans un premier temps d'une autorisation pour le bamlanivimab (controversé, comme nous vous l'expliquions), ce fut au tour de deux "cocktails" de ces fameux anticorps de recevoir une validation de l'ANSM. Coûteux, difficiles à développer, ces anticorps monoclonaux demeurent toutefois une piste intéressante.
Dans sa prise de parole du 25 février, Olivier Véran a aussi mentionné "un traitement par interférons", des protéines produites par le système immunitaire et qui permettent à l'organisme de "réagir face à des infections". Le ministre souhaite ainsi protéger les personnes qui seraient "carencées en interférons" pour parvenir à "limiter le risque de formes graves". Détail non négligeable, on peut compter dans ce domaine sur l'expertise d'une "équipe française", en pointe sur le sujet.
Le traitement miracle n'existe pas
À l'instar de sa consœur, la députée (ex-LaREM) Martine Wonner, Alain Houpert s'est fait un nom en ligne en se démarquant de la majorité des parlementaires. Très critique du gouvernement, il défend la vision d'une "vérité plurielle" à propos de l'épidémie de Covid-19. Défenseur de Didier Raoult, il a longtemps milité en faveur de l'hydroxychloroquine, se désolant de son interdiction pour traiter le virus de manière préventive. Interrogé dans le "documentaire" Hold-up, il a relayé ces derniers mois différentes thèses conspirationnistes, comme celle accusant les autorités sanitaires d'avoir entraîné la mort de personnes âgées en leur administrant du Rivotril.
Ses positions évoquent celles des nombreux internautes qui sous-entendent que les autorités sanitaires cherchent à empêcher le recours à des médicaments utiles pour lutter contre le virus. Outre l'hydroxychloroquine, on peut citer l'ivermectine, sans oublier d'autres traitements à base notamment de zinc. À l'heure actuelle, il convient de rappeler que pas une étude scientifique n'a permis de montrer leur efficacité, pas plus d'ailleurs que pour l'artémisia, vantée par les autorités malgaches.
Il y a quelques semaines, LCI évoquait le travail des équipes de REACTing (un consortium multidisciplinaire mis en place notamment par l'Inserm). Ces dernières ont mis à jour une vaste base de données faisant état des connaissances scientifiques en matière de traitements thérapeutiques contre le Covid-19. Cette revue de la littérature scientifique existante indiquait que "la dexaméthasone est le premier médicament à avoir démontré son efficacité à sauver des vies chez les patients infectés par le Covid-19", mais qu'aucun effet thérapeutique bénéfique n'a été rapporté pour les autres molécules étudiées.
En résumé, il est donc faux d'affirmer que la vaccination éclipse totalement la recherche d'autres traitements. De multiples pistes sont explorées, à commencer par celle des anticorps monoclonaux. Toutefois, il faut noter que dans le contexte actuel et face au besoin pressant de faire baisser les contaminations, le vaccin fait office d'outil idéal, justifiant son recours massif. Son efficacité et son coût contenu permettent aujourd'hui de lutter activement contre la propagation de l'épidémie. Ce qui n'empêche pas les chercheurs de multiplier les travaux, pour développer des traitements préventifs notamment.
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