"Féminin sacré", karma et culpabilisation : alerte sur les dérives sectaires autour de l'endométriose

par Sébastie MASTRANDREAS
Publié le 18 novembre 2022 à 19h53

Source : JT 13h Semaine

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires alerte sur une tendance inquiétante autour du "féminin sacré".
Dans son rapport, paru début novembre, l'organisme considère que les femmes atteintes d'endométriose sont particulièrement vulnérables.
Celles-ci sont exposées à un phénomène "lucratif", en "pleine expansion", consistant notamment à les culpabiliser.

Les femmes victimes d'endométriose sont "doublement ciblées par les groupes sectaires". C'est l’alerte donnée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Dans son rapport, paru début novembre, l'organisme considère que les femmes atteintes de cette maladie répandue (elle touche 2 millions de femmes en France) et pourtant méconnue (elle peut mettre des années à être diagnostiquée), sont vulnérables de deux manières. 

D'abord, elles le sont "médicalement" avec des "charlatans qui exploitent leur détresse avec des remèdes 'miraculeux', et surtout très onéreux", résume la Miviludes sur Twitter. Ensuite, ces femmes sont exposées "spirituellement, par le 'féminin sacré' et son dévoiement féminisme à des fins mercantiles" ajoute l'organisme. Ce dernier appelle à une "vigilance particulière" face à un phénomène très "lucratif", et "en pleine expansion", qui "trouve un véritable succès sous couvert de l'émancipation des femmes".

Culpabilisation des femmes

Stages, rituel, jeûne, thérapies... L'offre ne manque pas autour de la question du "féminin sacré", note la Miviludes, qui a reçu de nombreuses saisines sur cette thématique. Un travail de "reconnexion du corps et de l’esprit" est ainsi souvent "enseigné lors de stages accordant une grande place au rituel et à l’ésotérisme" explique la Mission interministérielle. Les femmes y sont par exemple incitées à "faire appel au karma et autre énergie quantique". Des stages qui atteignent "bien souvent des prix exorbitants" : jusqu'à 1206 euros pour "un voyage au bout des sens", de 5 jours, illustre le rapport. 

De même, une pratique portée à l’attention de la Mission interministérielle consiste à affirmer que si une femme a des règles douloureuses, comme c’est le cas avec l’endométriose, c’est que celle-ci n’est pas en accord avec "sa nature profonde de femme". Ce qui revient à "mettre en culpabilisation des femmes, sous couvert d’un apprentissage pour explorer son féminin sacré" alerte le rapport. 

D’autres techniques inquiètent encore, souligne le rapport. Comme celle de la "bénédiction de l’utérus", décrite comme une "technique énergétique qui cherche harmoniser et synchroniser les énergies des femmes". Des méthodes popularisées par Miranda Gray, "thérapeute autoproclamée", qui conseille notamment aux femmes de synchroniser leur quotidien avec le cycle de la Lune et de leurs menstruations. "Ces conseils et rituels, qui ne font en l’objet d’aucun consensus scientifique, sont présentés comme des règles impératives de bien-être féminin" alerte encore la Miviludes. 


Sébastie MASTRANDREAS

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