Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a confirmé des cas de maltraitances dans des crèches.Depuis, de nombreux témoignages de salariés émergent.Au cours de son enquête, le 20h de TF1 en a recueilli plusieurs.
Quand nous avons commencé cette enquête, il a suffi d’un simple appel à témoin pour recevoir rapidement des dizaines de mails. Principalement envoyés par des professionnels de la petite enfance, écœurés par ce qu’ils vivent au quotidien. "Les couches sont rationnées", dénonce par exemple un message. "Je me suis souvent retrouvée seule avec 17 enfants", affirme un autre.
Parmi les récits recueillis par notre équipe, il y a celui de Marie. Ancienne directrice d’une crèche privée, elle a accepté de témoigner anonymement, dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Elle nous raconte que les dirigeants du groupe lui demandaient, par mesure d’économie, de ne plus changer les couches, s’il ne s’agissait que d’urine. "On voit la crèche comme une petite entreprise, il y a une question de rentabilité", nous explique-t-elle notamment. "Comme si le financier prenait une grande part dans le travail quotidien, on ne recherche pas l'intérêt de l'enfant avant tout. C'est ce qui provoque la souffrance de nombreuses professionnelles", estime-t-elle.
"Maltraitance institutionnelle"
L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a recueilli par questionnaire les témoignages de 45.000 personnes sur les conditions d’accueil en crèche, à la suite de plusieurs alertes et du décès d'une fillette dans une micro-crèche lyonnaise en juin 2022. Elle confirme pour la première fois l'existence d'une "maltraitance institutionnelle", selon les termes de son rapport publié il y a deux semaines.
2000 cas de dysfonctionnement rapportés
Pointées du doigt, les crèches privées se défendent. "Ces faits dramatiques, inadmissibles, qui doivent être sanctionnés, ne doivent pas jeter l'opprobre sur tout un secteur", plaide Elsa Hervy, déléguée générale de la fédération française des entreprises de crèches (FFEC), dans notre reportage. "Ce n'est pas parce qu'il y a eu 2.000 cas de dysfonctionnements remontés que ça correspond à 492.800 places de crèches", estime-t-elle.
Les crèches privées ne sont d'ailleurs pas les seules concernées. Le secteur public aussi est visé. Violette, éducatrice depuis 20 ans dans une crèche municipale a, elle aussi, accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. L'établissement où elle travaille manque souvent de personnel. Alors que la loi oblige à la présence d'un adulte pour cinq bébés, elle en garde parfois dix. Une surcharge qui peut conduire au point de rupture. "A un moment donné, prise dans l'énervement et la fatigue, je lui ai dit 'pars ou je t'en mets une'", nous confie-t-elle à propos d'un enfant, "quand je suis rentrée chez moi, je n'en ai pas dormi de la nuit".
Pour améliorer la situation, le gouvernement planche sur un "service public de la petite enfance". L'ambition affichée est de créer 200.00 places d'accueil supplémentaires, en réduisant les temps de formation de certains personnels d'accueil à trois mois. Une solution dont les syndicats redoutent les effets pervers. Autre piste évoquée : une revalorisation salariale des personnels de crèche, qui touchent en moyenne à peine plus que le Smic. Les détails du plan "petite enfance" devraient être dévoilés à la mi-mai.
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