L’an dernier, 366 pharmaciens ont subi une agression, soit un par jour.La profession fait également face à une recrudescence de fausses ordonnances.Derrière le phénomène, des trafiquants de médicaments très organisés.
"Aujourd’hui on a encore reçu un lot d’ordonnances falsifiées, donc je pense qu’il faut que vous soyez extrêmement vigilants". Stéphane Pichon prévient son équipe, dans sa pharmacie de Marseille : les fausses ordonnances sont en pleine recrudescence, et il faut savoir les détecter.
Le pharmacien traque chaque indice, chaque faute d’orthographe ou tournure de phrase, quitte à vérifier en appelant les praticiens supposés avoir signé les ordonnances. Ceux-ci confirment très souvent : ils n’en sont pas les auteurs. Un médicament revient régulièrement, qui met Stéphane Pichon sur ses gardes : "Un anti-cancéreux qui vaut 4.000 euros la boîte", explique-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article.
Des médicaments faciles à obtenir en France, mais très chers à l'étranger
C’est un des traitements les plus prisés par les trafiquants. Remboursés intégralement en France, ces médicaments peuvent valoir de l’or dans certains pays où les patients les paient au prix fort. Les acheteurs auxquels le pharmacien marseillais fait face sont souvent inconscients de l’ampleur du trafic auquel ils coopèrent, en essayant de se procurer ces médicaments.
Recrutés sur les réseaux sociaux contre la promesse d’une rétribution, ils n’ont qu’à fournir leur nom et leurs numéros d’assurés. Notre journaliste s’est introduite sur des forums spécialisés, et s’est vu proposer très facilement de gagner 200 euros par boîte de médicaments récupérée. Une ordonnance est établie à son nom, elle n’a plus qu’à aller la présenter en pharmacie.
"On a régulièrement des collecteurs qui se font arrêter, et qui ne se rendent pas compte qu’ils mettent le pied dans une entreprise criminelle d’ampleur", nous explique le membre d’une unité de gendarmerie spécialisée dans la lutte contre le trafic de médicaments. Son unité a patiemment remonté des filières, et a opéré des saisies de plusieurs centaines de milliers d’euros. "En haut, on a des gens qui savent très bien ce qu’ils font", rappelle le gendarme en nous montrant l'organigramme d'un réseau démantelé, "et qui vivent très bien de ce trafic".
Les filières sont bien organisées, et leurs membres proviennent souvent du trafic de stupéfiants. Celui des médicaments est moins dangereux, et parfois tout aussi rémunérateur, estime Sylvain Noyau, chef de l’Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). Le préjudice global est estimé à plusieurs millions d’euros pour la sécurité sociale, tandis que les malfaiteurs encourent jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende.
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