Le masque enlevé à la mi-mars ? "Beaucoup trop tôt", répondent les épidémiologistes

par Léa COUPAU
Publié le 16 février 2022 à 16h44

Source : JT 20h Semaine

Le ministre de la Santé a envisagé, mercredi, la fin du port du masque en intérieur pour les adultes et les enfants d'ici un mois.
De leur côté, les épidémiologistes désapprouvent l'idée et demandent "un message de tolérance" pour ceux qui continueraient à le mettre après cette date.

Allons-nous bientôt pouvoir ôter le masque ? "Probablement qu'à la mi-mars, si les conditions sont réunies, on pourrait commencer à se poser la question du port du masque en intérieur", a déclaré, ce mercredi 16 février, sur FranceInfo, le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, soulevant aussi "la question du pass vaccinal" dans certains endroits. 

Mais les études le disent : le masque reste l'une des meilleures barrières contre les contaminations. L'enlever ferait-il alors craindre de raviver l'épidémie ?

"On n'en est pas là", répond à TF1info Mircea Sofonea, épidémiologiste à Montpellier, qui déplore toutefois une décision "prématurée". "C'est beaucoup trop tôt. Même si on est en pleine décrue, la situation sanitaire n'est pas encore sous contrôle", alerte-t-il, déplorant une "mesure politique". Lors des premières vagues, le gouvernement "prenait ses mesures en fonction de chiffres, de données objectives ou d'arguments scientifiques. Là, quand Olivier Véran vous dit que la cinquième vague est la dernière, ce sont des vœux de bonnes années", tance le scientifique.

Pourtant, le nombre de cas de contaminations est en très large baisse ces dernières semaines. D'ailleurs, pour Yves Buisson, président de la cellule Covid-19 de l’Académie de médecine, ce relâchement progressif semble être la marche à suivre. "Le SRAS-Cov-2 ne s'arrêtera pas de circuler, mais il circulera moins et ressemblera à ce que l'on connaît des rhumes saisonniers", expliquait-il hier à TF1info.

"Ce n'est pas parce qu'il y a moins d'accidents de voiture que vous décidez d'enlever la ceinture de sécurité"
Mircea Sofonea, épidémiologiste à Montpellier

"Ce n'est pas parce qu'il y a moins d'accidents de voiture que vous décidez d'enlever la ceinture de sécurité", répond Mircea Sofonea, soulignant qu'en mars, lorsque le masque en intérieur pourrait disparaître, "personne ne sait où on en sera."

Pour l'épidémiologiste Dominique Costagliola, cette restriction est "la dernière à enlever", estime-t-elle sur BFMTV. Comme le chef du service des maladies infectieuses de Tenon à Paris, Gilles Pialoux, elle rappelle l'utilité de cette protection sanitaire contre le virus, notamment dans les lieux bondés ou les files d'attente. "On devrait laisser une forte recommandation dans des situations où il y a beaucoup de monde, là où il y a de la musique, où les gens font du sport, ajoute son confrère Mircea Sofonea. Le retirer provoquerait forcément un regain des infections."

Le Montpelliérain craint par ailleurs que le masque ne devienne une "source de stigmatisation des personnes immunodéprimées ou vulnérables qui continueraient à le porter" et demande à ce qu'un "message de tolérance" soit passé.

De son côté, Olivier Véran a anticipé les critiques. "On sera toujours attaqués" sur le calendrier, a-t-il commenté sur FranceInfo, assurant que "la stratégie d'allègements progressifs proportionnée à la charge virale était la bonne". Le Covid-19 "n'est pas derrière nous, mais ça s'améliore nettement partout (...), donc c'est une nouvelle rassurante", s'est félicité le ministre.


Léa COUPAU

Sur le
même thème

Tout
TF1 Info