Etudiante défigurée après une coloration : quelles alternatives aux teintures chimiques ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 28 novembre 2018 à 10h40, mis à jour le 28 novembre 2018 à 14h55
Etudiante défigurée après une coloration : quelles alternatives aux teintures chimiques ?

Source : YouTube / Le Parisien

RÉACTION - Sa teinture a failli lui coûter la vie. Une étudiante de 19 ans, Estelle, a fait une grave allergie à la paraphénylènediamine après s'être appliqué une coloration capillaire. Cette substance, présente dans 90% de ces produits, avait justement été pointée du doigt par l'UFC-Que Choisir en septembre dernier. Pour éviter de vous empoisonner dans un but purement esthétique, LCI vous propose quelques alternatives.

Elle a décidé de s’exhiber pour alerter. Il y a quelques jours, Estelle, 19 ans, a fait une grave allergie à une coloration pour cheveux achetée en supermarché. En quelques heures, son visage a enflé, à tel point qu’elle a dû se rendre à l’hôpital. "J’avais une tête d’ampoule", témoigne-t-elle auprès du Parisien. Elle a fait une allergie à la PPD, abréviation de paraphénylènediamine, un produit présent dans neuf colorations sur dix. Pour sensibiliser sur les dangers de ces substances, l’étudiante résidant à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, a publié les photos de son visage sur Facebook. "J’ai failli mourir, je ne veux pas que ça arrive à d’autres", assure-t-elle.

La jeune fille avait en fait déjà fait une légère réaction lors d’une précédente coloration. Elle avait donc décidé, cette fois, de faire un test sur sa peau. Mais Estelle n’a attendu que 30 minutes avant de s’appliquer le produit sur la tête, au lieu des 48 heures préconisées par la notice, rapporte Le Parisien. Son cuir chevelu commence alors à gratter et le haut de son crâne à enfler. Le lendemain matin, et malgré une prise d’antihistaminiques, son visage est métamorphosé, boursouflé. Elle fonce aux urgences où les soignants reconnaissent immédiatement l’allergie à la PPD. Son tour de tête fait 63 cm contre 56, en moyenne. Elle restera toute la nuit en observation, après avoir failli s’étouffer avec sa langue, gonflée. Aujourd’hui tirée d’affaire, elle a décidé d’arrêter les teintures.

Les colorations chimiques et végétales testées déconseillées

En septembre dernier et dix ans après son premier test sur les colorations capillaires, l’UFC-Que Choisir avait voulu savoir si ces produits s'étaient améliorés en qualité, notamment concernant la composition. Force était de constater que les résultats n’étaient pas franchement encourageants. "Dix ans après, notre rédaction dresse un peu le même constat. C'est-à-dire que nous avons relevé beaucoup trop de substances indésirables dans les colorations chimiques et peu ou pas dans les colorations végétales", expliquait à LCI Gaëlle Landry, rédactrice technique à l'UFC et co-auteure de ce test.

Dans les huit colorations chimiques testées (des marques Phyto Phytocolor, Schwartzkopf, Garnier, L'Oréal, Eugène Color et Garnier), les sensibilisants ou allergènes étaient particulièrement pointés du doigt. "Ils sont vraiment trop nombreux. En moyenne, il y en a quatre ou cinq dans chacune des colorations." Parmi eux, la fameuse paraphénylènediamine. Désignée en 2012 par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) comme "un allergène de contact important et fréquent chez les consommateurs" qui engendre "des réactions allergiques potentiellement graves", elle est pourtant toujours présente dans la majorité des produits colorants, regrette le magazine.

Le résorcinol, également intégré à la quasi-totalité des colorations chimiques conventionnelles, inquiétait aussi particulièrement Gaëlle Landry et sa collègue et journaliste Fabienne Maleysson. "Il est suspecté d'être un perturbateur endocrinien et il est dans une liste européenne des substances qu'il conviendrait d'éliminer et de substituer", souligne Gaëlle Landry. Enfin, l'ammoniaque, un ingrédient fortement irritant souvent présent, était lui aussi sujet à crispations.

Du côté des deux colorations végétales également testées (Logona et Khadi), la composition pourrait être irréprochable, selon l’UFC, si l'indigo n'y était pas présent. "L'indigo est classé sensibilisant extrême, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans", précise la rédactrice.

Lire aussi

Quelles alternatives ?

Face à ce bilan, la rédaction de l'UFC-Que Choisir a exceptionnellement choisi de ne pas noter et classer les produits testés. "Ce qui nous gênait un petit peu, c'était d'avoir une note qui pouvait être supérieure à 10/20 pour des produits qu'on a finalement pas envie de conseiller parce qu'il y a trop de substances indésirables", indique Gaëlle Landry. Si aucun de ces produits n'est conseillé, vers quoi faut-il se tourner lorsque l'on n'assume pas ses cheveux blancs ?

Il y a peu de temps, Garnier a sorti une coloration 100% végétale. "Elle ne renferme pas d'indigo. Donc elle n'a pas de sensibilisant extrême", assure Gaëlle Landry. Les Linalool, geraniol et limonene qu'elle contient, par ailleurs naturellement présents dans de nombreuses huiles essentielles, sont cependant considérés comme des allergènes.

VIDÉO - L'instant pratique : le remède miracle antichute de cheveuxSource : Sujet JT LCI

Bien que moins pratique à utiliser et moins tenace qu'une coloration chimique, le henné peut également représenter une alternative saine. "Le henné est non classifié. Il est pour l'instant considéré comme sûr", indique la rédactrice technique d'UFC-Que Choisir. En provenance d’Égypte, du Yémen ou encore du Radjastan, il se décline en différentes teintes de rouge qui peuvent être associées à d'autres ingrédients pour obtenir des couleurs plus douces. Ainsi, un henné neutre associé à des extraits de camomille, de curcuma et de matricaire peut apporter éclat et reflets aux cheveux clairs et colorer de blond miellé les cheveux blancs. Aroma-Zone, spécialisée en aromathérapie, a sorti récemment toute une gamme de colorations capillaires végétales bio. L'indigo fait en revanche partie de certaines de leurs recettes.

D'autres substances végétales, comme le brou de noix, le rhapontic, ou encore la poudre de garance peuvent être utilisées pour donner de beaux reflets bruns, blonds ou rouge aux cheveux. Elles ne permettent pas en revanche une bonne couverture des cheveux blancs.


Charlotte ANGLADE

Tout
TF1 Info