TIGNASSE – Des chercheurs français viennent de percer le mystère du "syndrome des cheveux incoiffables". Car oui, une chevelure qui ne se laisse dompter par une brosse ou un peigne est bien symptomatique d’une maladie (rare). Explications.
Des "tifs" crépus, secs et souvent blonds. Voilà les principaux symptômes du "syndrome des cheveux incoiffables". Un nom qui ne renvoie pas à l'argumentaire de vente d'un après-shampoing super démêlant, mais bien à une maladie si rare que seule une centaine de personnes seraient concernées à travers le monde. Cette estimation provient du réseau Orphanet, un site dédié aux maladies rares.
Si le mystère planait sur l’origine de la maladie, celle-ci est déjà connue depuis bien longtemps. Un dermatologue toulousain a ainsi identifié pour la première fois le syndrome pili trianguli et canaliculi, de son nom savant, en 1973. Quarante plus tard, les chercheurs de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, du CNRS et de l’INSERM ont résolu l’énigme. L’origine serait d’ordre génétique. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la prestigieuse revue The American Journal of Human Genetics.
Un syndrome non invalidant qui s’estompe avec l’âge
Pour parvenir à ses fins, l’équipe du Pr Michel Simon, directeur de l’Inserm, a réussi à débusquer onze personnes touchées par le syndrome. Une tâche ardue puisque les patients eux-mêmes ne savent pas qu’ils sont concernés. De plus, "les personnes qui souffrent de ce syndrome ne vont généralement pas chercher l’aide d’un professionnel de santé", observe le Pr Regina Betz, qui a participé à l’étude.
Mais la maladie est éphémère. L’Inserm précise qu’elle débute généralement dans l’enfance, entre 3 mois et 12 ans et qu’elle s’améliore spontanément. Lorsque l’enfant grandit, ses cheveux tirent vers "les blonds argentés ou couleur paille", "se dressent sur le cuir chevelu et poussent dans tous les sens". Ainsi, tenter de les aplatir avec un instrument capillaire est un combat perdu d’avance. Mais les désagréments s’arrêteraient là car la maladie n’est pas considérée comme invalidante.
Trois gènes en cause
Après avoir passé au crible la chevelure des patients, les scientifiques ont constaté la mutation de trois gènes : PAD3, TGase3 et TCHH. Ce trio participe à la formation et à la structure du cheveu. Pour confirmer ces résultats, les spécialistes de la génétique ont ensuite étudié des souris. Ici, ils ont démontré que "l’inactivation du gène PAD3 altère la forme du pelage et des moustaches des animaux", précise l’INSERM.
L’intérêt d’une telle découverte ? "Ces résultats, en plus de décrire l’origine moléculaire de la maladie et de permettre un meilleur diagnostic, apportent de nouvelles connaissances sur le cheveu et les mécanismes de sa formation", conclut Michel Simon. Mystère résolu, donc. Les scientifiques ne s’arracheront plus les cheveux sur cette question. Pour les parents des bambins concernés, c’est une autre histoire.