Du glyphosate, le principal composant du Roundup, détecté jusque dans vos céréales

Publié le 14 septembre 2017 à 8h50, mis à jour le 14 septembre 2017 à 12h31
Du glyphosate, le principal composant du Roundup, détecté jusque dans vos céréales
Source : AFP

TESTING - L’association Générations Futures a fait analyser 30 produits de consommation courante pour voir s’ils contenaient du glyphosate, substance classée comme "cancérigène probable" par l'OMS. Bilan : plus de la moitié des produits testés présentent des traces de l'herbicide.

C’est la molécule active du Roundup, le désherbant phare de Monsanto : le glyphosate a été classé comme cancérigène probable il y a deux ans par l’Organisation mondiale de la santé. Et pourtant, on en trouverait dans des produits de consommation courante. C’est ce que révèle une étude menée par l’ONG Générations futures, qui dévoile ses résultats ce jeudi 14 septembre.

L’association anti-pesticides est partie du constat que le glyphosate était très rarement recherché dans nos aliments par les services de la répression des fraudes. Principale raison : les analyses coûtent cher. Elle a donc mené les tests elle-même.

Une trentaine de produits testés

Les résultats sont confondants : sur 30 échantillons analysés, 16 contiennent du glyphosate. Les analyses ont porté sur 18 échantillons à base de céréales : 8 marques de céréales pour petit-déjeuner, 7 types de pâtes alimentaires, 3 autres (petits pains secs, biscottes). 12 échantillons de légumineuses sèches ont aussi été analysés : 7 de lentilles, 2 de pois chiches, deux de haricots secs, un de pois cassés. Ces produits ont tous été achetés en supermarché.

Selon les analyses réalisées, "7 céréales de petit-déjeuner sur 8" contenaient du glyphosate. "7 légumineuses sur 12 analysées" en contenaient aussi. La proportion est nettement plus faible pour les pâtes : "2 pâtes alimentaires sur 7 en contiennent".

En revanche, "aucun des 3 autres produits à base de céréales (petits pains secs, biscottes)" ne contenait de glyphosate. Trois échantillons (deux sortes de lentilles et des pois chiches) contenaient aussi de l'AMPA, un produit de dégradation du glyphosate.

Présence dans les céréales

D’après France Info, la substance est principalement présente dans les céréales (Muesli Alpen Swiss, Weetabix Original, Muesli Jordan Country crisp, Country store Kellogs, Granola flocons d'avoines grillés aux pommes Jordans, All Bran Fruit'n Fibre Kellogs) mais aussi dans les lentilles (Lentilles vertes Vivien Paille et Lentilles blondes Leader Price) et les pois chiches (pois  chiches St Eloi et pois chiches Leader Price).

Les taux constatés, parfois jusqu’à 2 microgrammes par kg d’aliment, ne sont pas suffisants pour déclencher une intoxication aiguë mais, d’après France Info, "l'association estime que cela contamine petit à petit le tube digestif, et donc notre organisme". "Il n'y a, pour les aliments bruts (légumineuses), pas de dépassement de limite maximale en résidus (LMR, un seuil réglementaire de concentration de résidus de produits pesticides, ndlr)", précise l'association, pour qui toutefois cette limite est "très élevée" pour les lentilles séchées."

De précédentes études de l’ONG avaient montré que 100% des personnes testées avaient du glyphosate dans leurs urines. 

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Le sujet en débat au niveau européen

Pour François Veillerette, porte-parole et directeur de Générations Futures, ces résultats montrent qu'il y a "urgence pour l'Union européenne à renoncer à l'usage de cette molécule [...] et à faire évoluer en profondeur son modèle agricole devenu trop dépendant des pesticides de synthèse".

C’est plutôt l’inverse qui est en cours : en juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Le vote sur l'autorisation de cet herbicide controversé pourrait avoir lieu le 5 ou 6 octobre lors d'un comité d'experts.

La France a annoncé fin août qu'elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position-clé car une majorité qualifiée (55% des États membres représentant 65% de la population de l'Union) est requise dans ce dossier.

En avril, une précédente études de l’ONG avait montré que 100% des personnes testées avaient du glyphosate dans leurs urines. 

"Nous sommes toutes et tous contaminés par le glyphosate", estimait François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. "Il est vraiment temps que les autorités européennes prennent conscience de l’urgence à agir et interdisent enfin cette molécule classée cancérogène pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer ."


La rédaction de TF1info

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