Le glyphosate "moins cancérogène que la charcuterie" : un rapport parlementaire fait polémique

par Mélanie FAURE
Publié le 13 mai 2019 à 9h39, mis à jour le 13 mai 2019 à 9h59

Source : Sujet JT LCI

HERBICIDE - Chargé d'enquêter sur les risques du glyphosate avec l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, le sénateur Pierre Médevielle présentera jeudi son rapport sur l'herbicide. Aucune preuve scientifique ne démontre que la substance est cancérogène, conclut-il.

Rebondissement dans l'affaire du glyphosate. L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dévoilera ce jeudi les résultats de son enquête sur l'herbicide, dont l'utilisation est controversée en raison de son caractère potentiellement cancérogène. Dans ses conclusions, l'OPECST écarte ce danger : "Si le glyphosate a certainement beaucoup de défauts, aucune étude scientifique ne prouve formellement sa cancérogénicité ni en France, ni en Europe, ni dans le monde", a assuré à La Dépêche du midi Pierre Médevielle, vice-président de l'Office parlementaire avec le député de l'Essonne Cédric Villani. 

Le sénateur UDI de Haute-Garonne explique que l'OPECST, présidé par Gérard Longuet, a été saisie par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale et la commission du Développement durable du Sénat afin de produire un rapport d'information global sur la crise du glyphosate. Pierre Médevielle rappelle qu'"il y a une différence fondamentale entre le danger et le risque".  "Je serai parmi les premiers à réclamer son interdiction dès que les preuves scientifiques de sa nocivité seront apportées, poursuit-il auprès du quotidien. Or, à la question : le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites." De quoi envenimer la polémique qui fait rage.

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Pour parvenir à cette conclusion, Pierre Médevielle et un second sénateur ont "contrôlé pendant quinze mois le système d'évaluation des substances dangereuses et les processus mis en œuvre en France et en Europe". L'OPECST affirme avoir auditionné l'INRA et le CNRS et s'être basé sur des études scientifiques. "Des études menées à l'Agence européenne de sécurité alimentaire de Parme, à Bruxelles, à l'Anses, agence la plus performante en Europe et probablement au monde", détaille-t-il. "Je peux vous dire que des substances utilisées aujourd'hui en viticulture me gênent beaucoup plus que le glyphosate. On a sur elles des études de toxicologie bien précises, et qui sont beaucoup plus dangereuses." 

En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer, rattaché à l’OMS, classait le glyphosate dans la catégorie "cancérogène probable" pour l’homme. Une catégorisation qui sera par la suite rejetée par les évaluations diligentées par l’Europe. 

Le scandale du Roundup

Le glyphosate est une molécule pourvue de propriétés herbicides, utilisée par les industriels telle que la firme américaine Monsanto qui en fait usage pour fabriquer son célèbre désherbant le Roundup. Sa potentielle cancérogénicité a provoqué l'inquiétude de ses utilisateurs. A tel point qu'en septembre 2017, les agriculteurs ont manifesté dans les rues de Paris afin de demander son interdiction. 

Outre-Atlantique, la firme Monsanto a été reconnue responsable du cancer d'un retraité américain, Dewayne Lee Johnson, que ce dernier attribue au Roundup, le désherbant vedette du groupe, racheté par l'allemand Bayer. Cet ancien jardinier, atteint d’un lymphome non hodgkinien après avoir utilisé des années 1980 jusqu’en 2012 le célèbre désherbant Roundup, a remporté la somme de 81 millions de dollars.

Le député européen José Bové s'est insurgé sur Twitter, soupçonnant les parlementaires d'avoir repris le discours de Monsanto. "Il serait intéressant d'aller plus loin pour savoir si les parlementaires ont été approchés", a-t-il déclaré sur RTL. Cécile Duflot a remis en cause la fiabilité du rapport sénatorial. "Je trouve ça hasardeux de déclarer que le glyphosate n'est absolument pas cancérigène", a déclaré Jean-Baptiste Moreau, député LaREM de la Creuse au micro de LCI ce lundi.

 

Le député du Maine-et-Loire (ex-LaREM) Matthieu Orphelin a dénoncé les conclusions de l'enquête menée par l'OPESCT. "On dirait du Monsanto !", a-t-il dénoncé sur Twitter. Eric Andrieu, député européen et membres du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen, a lui déploré que Pierre Médevielle reprenne "MOT pour MOT les arguments de #Monsanto".


Mélanie FAURE

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