La prise de fonctions du nouveau ministre de la Santé, François Braun, a été marquée par des attaques virulentes venant d'élus ou de médecins.Il lui est notamment reproché de plaider pour la fermeture des urgences la nuit.Si les conclusions de la "mission flash" dont il avait la charge sont mises en avant, il n'est pourtant pas proposé de telles fermetures nocturnes.
Alors que la hausse des cas de Covid se confirme et que le système de santé français apparaît très fragilisé, de multiples chantiers se présentent pour le nouveau ministre de la Santé et médecin urgentiste de formation, François Braun. Sera-t-il l'homme de la situation ?
À peine le ministre nommé, des voix se sont élevées pour en douter : "Cette nomination est une véritable provocation", a par exemple lancé sur Franceinfo Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). "Comment pouvons-nous avoir confiance dans ce monsieur ? [...] Il explique qu'on peut fermer les urgences la nuit", a-t-il pesté.
Un discours semblable à celui d'un porte-parole du Parti socialiste : "Le nouveau ministre de la Santé François Braun est donc celui qui a préconisé la semaine dernière de fermer des urgences la nuit et le triage des patients par le 15. Ça promet...", tweetait en début de semaine Pierre Jouvet. Si ces critiques font directement référence à un récent rapport présenté par le nouveau ministre, c'est la présentation qui, en fait, se révèle partiellement trompeuse.
Que dit vraiment la "mission flash" ?
Fin mai, Emmanuel Macron demandait qu'une "mission flash" soit diligentée afin de mettre en lumière les dysfonctionnements du système de santé et cherchant à identifier les difficultés rencontrées par les services d'urgences. Cette mission, qui a rendu son travail le 30 juin, a été conduite par François Braun, désormais aux manettes du ministère de la Santé et précédemment chef des urgences du CHR Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France. Lors de sa nomination, c'est sur les conclusions de ce travail que le nouvel entrant au gouvernement a été attaqué. Et plus particulièrement à l'une de ses recommandations pour le fonctionnement des urgences la nuit.
François Braun préconise-t-il leur fermeture nocturne, comme l'ont déploré certains ? À la lecture du rapport, des précisions s'imposent. La recommandation n°24, par exemple, propose d'autoriser "la suspension d’activité partielle d’un service d'urgence dans une logique territoriale", sans pour autant que cela s'applique uniquement à la nuit. Il s'agit ici de regrouper les moyens humains disponibles "au sein de la structure d’urgence qui assure la permanence des soins" à l'échelle d'un territoire. Le tout "dans la perspective d’une équipe médicale et paramédicale de territoire", peut-on lire. La mesure 23, quant à elle, recommande "un triage avant ou à l’entrée du service d'urgence", afin de limiter leur "sollicitation inappropriée". Notons qu'il est écrit très clairement que "l’accueil de tout patient en urgence reste un principe inébranlable de la mission de service public", et ce, à toute heure du jour ou de la nuit.
François Braun, auditionné mardi par la commission des lois de l’Assemblée nationale, a tenu à préciser sa position. "Il est impensable que nos concitoyens arrivent devant une porte de service d’urgence et qu’elle reste close. Il est évident qu’ils auront une réponse, mais qui ne sera pas toujours de rester dans le service d’urgence, qui pourra d’être réorienté vers de la médecine générale", a-t-il lancé. Il a incité à cette occasion ses contradicteurs à "revenir sur le document officiel de ces recommandations", pour constater "qu’il est clairement précisé que l’on n’incite pas à la fermeture des services d’urgences".
Le rapport de la "mission flash", quand on le consulte, montre que des services d'urgences sont en proie à des problèmes majeurs, a fortiori la nuit. Un constat inquiétant, étayé par une récente enquête ayant permis d'observer qu'au cours du premier semestre 2022, "19 établissements ont eu recours à des fermetures de services d'urgences en journée, 24 la nuit et 13 ont dû fermer leur unité d'hospitalisation de courte durée". Ces fermetures, apprend-on, "étaient liées, à parts égales, à la pénurie d'infirmiers et infirmières en soins généraux ou de médecins urgentistes".
"Ce n'est pas que l'hôpital public qui ne va pas bien, mais l'ensemble du système de santé", relève @FrcsBraun . > Il n'y a jamais eu la fermeture des services d'urgences parmi les recommandations de la mission flash, affirme-t-il, évoquant un "délire". #DirectAN #COVID19 pic.twitter.com/Ai4urlwgYy — LCP (@LCP) July 5, 2022
Parmi les recommandations formulées par François Braun et ses confrères, on retrouve un point spécifique sur le travail de nuit. Est ainsi proposée une "majoration, pour l’été, de l’indemnité de sujétion de nuit et des heures de nuit pour les personnels médicaux et non médicaux, en attendant l’ouverture d’une négociation sur la reconnaissance globale de la pénibilité à l’issue de la conférence santé".
L'objectif annoncé est très clair : "éviter la poursuite de la fuite des personnels de santé en reconnaissant financièrement la pénibilité du travail de nuit". Et ainsi, par voie de conséquence, éviter la fermeture ponctuelle de certains services par manque de personnel.
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